La joueuse de tennis Naomi Osaka décroche un nouveau titre en devenant la sportive la mieux payée de l’histoire. Avec 37,4 millions de dollars de revenus gagnés en 2019, la japonaise de 22 ans détrône sa rivale Serena Williams, selon le magazine Forbes. Sa trajectoire fascinante n’a pas manqué d’interpeller les annonceurs.
Avec 37,4 millions de dollars (34,3 millions d’euros) de revenus (prix et revenus de sponsoring), la jeune Naomi Osaka s’inscrit comme la sportive la mieux payée en 2019. Dans le classement établi par le magazine Forbes et publié le 23 mai, la Japonaise devance de 1,4 million de dollars Serena Williams qui, depuis quatre ans, trônait au sommet de ce classement. Depuis son instauration en 1990, ce palmarès a toujours sacré une joueuse de tennis comme sportive la mieux payée, du fait des faibles écarts de rémunération entre les sexes dans ce sport. À 22 ans, Naomi Osaka pointe à la 29ème place des 100 athlètes les mieux payés (hommes et femmes confondus).
Du même coup, elle fait également tomber le record du plus gros salaire annuel pour une joueuse de tennis jusqu’alors tenu par la Russe Maria Sharapova : la quintuple vainqueure en Grand Chelem, qui a pris sa retraite en février dernier, avait empoché 29,7 millions de dollars en 2015.
Une trajectoire inspirante
Naomi Osaka a enchaîné les victoires dès 2018, si bien qu’en janvier suivant, elle est devenue numéro 1 mondiale en remportant l’Open d’Australie, quatre mois après sa victoire dans l’US Open. Naomi Osaka s’est ainsi illustrée en tant que la troisième joueuse – hors Serena Williams, à s’imposer dans deux tournois majeurs consécutifs depuis 15 ans, après les Belges Kim Clijsters et Justine Hénin. Mais la jeune joueuse japonaise est inspirante à plus d’un titre.
À commencer par son histoire familiale. Née en 1997 à Osaka (cela ne s’invente pas), d’une mère japonaise, Tamaki Osaka, et d’un père haïtien, Léonard François, venu au Japon pour ses études. Naomi a 3 ans lorsque la petite famille (elle a une grande sœur, Mari) émigre aux États-Unis, direction New York. La raison est malheureusement simple : du côté maternel, on ne goûte guère la relation qu’entretient leur fille avec Léonard. Comme l’explique le New York Times dans un papier consacré à l’athlète, «l’obsession d’une partie du Japon pour la pureté raciale a façonné sa propre histoire familiale». Le père de Tamaki ne supporte pas que sa fille voit un étranger, a fortiori noir, et lui reproche de «déshonorer la famille». Une brouille qui durera plus de dix ans.
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Une ascension fulgurante
Naomi Osaka a 9 ans lorsque la famille déménage en Floride, l’endroit idoine pour que Léonard, inconditionnel de tennis, puisse pousser ses filles dans cette voie. La fascination qu’éprouve Naomi pour Serena Williams date de cette époque. Rapidement, la jeune fille montre des prédispositions étonnantes. En 2016, à tout juste 18 ans, elle se hisse au troisième tour lors de trois tournois du Grand Chelem : l’Open d’Australie, Roland-Garros et l’US Open. Son coach, Sascha Bajin, également ancien partenaire d’entraînement de la championne américaine, est admiratif. Avant même le début de l’US Open, il confiait au New York Times : «J’ai tapé dans la balle avec Serena presque tous les jours pendant huit ans et la puissance de Naomi est équivalente. Je crois beaucoup en elle.»
Et il ne s’est pas trompé. En 2018, sa carrière prend un tournant remarquable. En quelques mois, elle parvient à battre plusieurs joueuses parmi les meilleures du monde, remporte le Master 1000 d’Indian Wells en mars, l’US Open en septembre, face à son idole de toujours, puis l’Open d’Australie le samedi 26 janvier 2019.
Une performance historique
Elle devient ainsi la plus jeune tenniswoman du top 20 et le premier athlète japonais – hommes et femmes confondus – à remporter un tournoi du Grand Chelem – et, a fortiori, deux d’affilée. Mais lors l’US Open, le déroulé du match ne lui avait pourtant pas permis de profiter pleinement de sa performance. Bonne joueuse, elle n’en avait pas tenu rigueur à Serena Williams. «Elle a été très gentille avec moi au filet, sur le podium, avait-elle expliqué. Je ne vois pas pourquoi cela changerait mon admiration pour elle.»
Une admiration qui ne date pas d’hier. Alors qu’elle est en classe de CE2, elle fait une présentation sur la championne américaine, expliquant qu’elle voudrait lui ressembler. D’où le sentiment quelque peu ambivalent qu’elle a ressenti au sortir de cette finale, des années plus tard. « Je sais qu’elle voulait vraiment remporter son 24e Grand Chelem. Tout le monde le sait. Il y a les publicités partout, partout où on va. En revanche, quand je rentre sur le court je me sens différente. Je ne suis plus sa fan, c’est une joueuse de tennis et moi aussi. Mais quand elle m’a enlacée au filet … Je me suis sentie comme une petite fille à nouveau», explique-t-elle, émue.
Un caractère attachant
«Naomi Osaka est très dure avec elle-même, plus qu’elle ne devrait l’être, explique son coach au site Espn. Pour une jeune fille de son âge, réussir à rester aussi humble… Figurez-vous qu’on est allés au cinéma pour célébrer sa victoire à Indian Wells !» Pas question de faire sauter un bouchon de champagne : la jeune femme ne boit pas d’alcool.
En dehors des courts, Naomi Osaka fait montre d’une grande retenue et timidité. Elle fuit les conversations, les réunions de groupe. De son propre aveu, la joueuse se caractérise comme une «geek» aimant jouer aux jeux vidéo jusque tard dans la nuit. Nerveuse avant les grands matchs, elle apparaît pourtant calme et sereine une fois sur le court. Jouer devant des milliers de personnes ne l’effraie pas, elle prend du plaisir à recevoir les acclamations du public et se sent pousser des ailes quand la foule est contre elle. Mais qu’elle gagne ou qu’elle perde, la tenniswoman reste humble et calme. Elle s’excuserait presque d’être là. Même après sa victoire contre Serena Williams : «Je sais que tout le monde était derrière Serena et je suis désolée que cela ait dû se terminer comme cela».
La nouvelle coqueluche des marques
Son profil a tout pour plaire. Jeune métisse, née au Japon et ayant grandi aux États-Unis, elle possède également la nationalité américaine mais représente seulement le Japon en compétition. Son père originaire d’Haïti – lui a transmis une réelle appétence pour la cuisine créole – et l’a poussée à jouer sous la bannière japonaise. Naomi Osaka est, pour certains, un modèle et le symbole d’un monde multiculturel apaisé.
Et les annonceurs ne s’y sont pas trompés. Après le constructeur automobile japonais Nissan qui l’a élue ambassadrice de la marque, elle a choisi Adidas pour sponsor. Ce qui a attisé la convoitise de Nike, qui a mené un bras de fer à coups de centaines de milliers de dollars pour signer un contrat avec la jeune Japonaise. En déboursant plus de 10 millions de dollars, la marque à la virgule s’est associée aux prouesses de Naomi Osaka jusqu’en 2025.
Initialement publié le 26 janvier 2019, ce papier a fait l’objet d’une mise à jour
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