- Tim Burton sera le prochain Prix Lumière du festival Lumière qui s’ouvre ce samedi à Lyon.
- Son univers gothique, ses personnages tristes et déjantés ont toujours su fasciner la jeunesse.
- 20 Minutes s’est amusé à décrypter le phénomène.
Depuis la venue de Quentin Tarantino en 2013, jamais l’annonce d’un Prix Lumière à Lyon n’avait autant affolé la jeunesse vivant entre Rhône et Saône. Le réalisateur Tim Burton sera à l’honneur du festival Lumière qui débute ce samedi. Il doit arriver jeudi prochain pour passer quatre jours dans la capitale des Gaules et venir récupérer le prix qui lui sera décerné le vendredi 21 octobre pour l’ensemble de sa carrière.
Si l’univers déjanté de Tim Burton a bercé les bambins des années 1980, doucement effrayé les petits des années 1990, il séduit tout autant la génération Z, née bien plus tard que la sortie de ses plus grands chefs-d’œuvre. Mais pourquoi fascine-t-il à ce point les jeunes ?
« Il a cette faculté de réveiller le côté macabre et gothique que nous avons tous au fond de nous et d’aborder des thématiques sombres avec suffisamment de douceur pour que cela ne soit pas terrifiant, analyse Caroline Vié, journaliste ciné et spécialiste de Tim Burton. Tout le monde se retrouve dans ses personnages d’adolescents un peu coincés, mal dans leur peau qui se cherchent, qui veulent se démarquer de leurs parents et des contes de fées dans lesquels tout est beau. » Lilly Marit, étudiante de 22 ans en master audiovisuelle à Sup de Pub, en est le parfait exemple. Edward aux mains d’argent, long métrage qu’elle a découvert lorsqu’elle avait 10 ans, est rapidement devenu son film préféré, en tout cas l’un de ceux qui l’ont « le plus marqué ».
« Je me comparais à la chérie de monsieur Jack »
« A l’époque, j’étais une petite gamine qui vivait en banlieue. J’étais considérée comme une fille un peu cheloue. Je me suis identifiée au personnage très facilement », raconte-t-elle. « Moi, je pouvais me représenter dans tous les personnages principaux de chacun de ses films », témoigne Cindy Pley, une saisonnière de 24 ans aussi bien « captivée par l’étrangeté des personnages » que fascinée par les « morts qui dansent ou qui chantent ». « Petite, je me comparais à la chérie de monsieur Jack, poursuit-elle. A cet âge-là, je restais dans mon coin, dans mon monde. J’ai toujours aimé ce qui était un peu sombre. Contrairement aux autres petites filles qui adoraient les Barbie et le rose, moi je n’étais attirée par rien de tout ça. »
Lilly a également développé une tendresse pour le personnage de Victor, héros du film Frankenweenie. Un petit garçon qui perd son chien adoré et fait appel au pouvoir de la science pour lui redonner vie. « Je me suis totalement reconnue dedans, confie-t-elle. Je n’avais jamais vu au cinéma l’amour que je pouvais porter à mon chien, à cette époque. Tim Burton a su retranscrire ce que je ressentais. »
Parfois apeurées par certains films, les deux jeunes femmes concèdent avoir apprécié « la touche d’humour » ayant permis de les « apaiser ». « Cela n’a m’a jamais traumatisé. Je dirais même que cela m’a aidé, explique Cindy citant pour l’occasion les Noces Funèbres. Je n’avais pas spécialement peur de la mort mais ce film m’a un peu plus conforté dans l’idée de dire que l’on y passera tous un jour. Et que ce n’est pas grave. »
La revanche du geek
« Les personnages qu’il invente sont très dépressifs, tristes, avec peu de talents, très pauvres, ou sans objectifs. Mais Tim Burton, il arrive à prendre des personnes moches et glauquissimes pour les rendre attachantes, esthétiques et symboliques », analyse Abel Maringe, 22 ans, étudiant à l’école de cinéma Esra. Lui aussi a baigné très tôt dans l’univers du réalisateur.
« Tim Burton, c’est la revanche du « geek » et c’est un thème qui marche très bien chez les adolescents, résume Caroline Vié. Ses héros sont à l’inverse des « jocks », ces sportifs jeunes, beaux et bronzés. » Ils sont même très directement inspirés de son propre vécu, lui, le petit gamin pâlichon qui préférait se terrer dans sa cave pendant que les autres enfants jouaient au foot sous le soleil. « Il assume comme personne le mal-être et il sait le magnifier. C’est notamment ce qui plaît aux adolescents, ce qui les attire, poursuit la journaliste. Il arrive à créer des personnages complètement hors de la société, comme Ed Wood qui est un cinéaste travesti auteur de nanars narnardissimes, pour en faire des héros. Si vous prenez l’exemple d’Edward aux mains d’argent, il est aussi populaire et séduisant, dans les années 1990, que les personnages joués par Stallone. »
« Tim Burton, c’est la revanche du « geek » et c’est un thème qui marche très bien chez les adolescents, résume Caroline Vié. Ses héros sont à l’inverse des « jocks », ces sportifs jeunes, beaux et bronzés. » Ils sont même très directement inspirés de son propre vécu, lui, le petit gamin pâlichon qui préférait se terrer dans sa cave pendant que les autres enfants jouaient au foot sous le soleil. « Il assume comme personne le mal-être et il sait le magnifier. C’est notamment ce qui plaît aux adolescents, ce qui les attire, poursuit la journaliste. Il arrive à créer des personnages complètement hors de la société, comme Ed Wood qui est un cinéaste travesti auteur de nanards nanarissimes, pour en faire des héros. Si vous prenez l’exemple d’Edward aux mains d’argent, il est aussi populaire et séduisant, dans les années 1990, que les personnages joués par Stallone. »
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