Pourquoi la romance entre Lenny Bruce et Mrs Maisel est impossible ?

  • Lenny Bruce, légende du stand-up, est mort d’une overdose, en 1966, à l’âge de 40 ans.
  • Dans The Marvelous Mrs Maisel, le personnage inspiré par Lenny Bruce joue les mentors pour Midge.
  • Luke Kirby, l’interprète de Luke Kirby, explique à 20 Minutes pourquoi leur romance est presque impossible.

S’il y a bien une chose dont The Marvelous Mrs. Maisel ne manque pas, c’est la romance ! Au cours des trois premières saisons, de nombreux hommes se sont disputé l’attention de la pétillante Midge (incarnée par Rachel Brosnahan). Alors que la saison 4 de la série créée par Amy Sherman-Palladino sera diffusée sur quatre semaines à compter de vendredi sur Amazon Prime Video, certains fans espèrent que Midge renouera avec Joel, son premier amour et ex-mari (Michael Zegen), d’autres misent sur un retour du charmant Dr. Benjamin Ettenberg (Zacharie Levi). Bien sûr, la majorité espère qu’une histoire naisse avec la star du stand-up Lenny Bruce (Luke Kirby), en particulier après ce rapprochement torride en saison 3 où ils finissent devant la chambre d’hôtel du célèbre humoriste.

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Lenny Bruce, un personnage ayant réellement existé

Contre toute attente, Midge décidait alors de partir… « Le rôle de Lenny dans sa vie en tant qu’ami, confident, mentor… Tout cela changerait à la minute où ils seraient au lit, analyse la créatrice du show dans TV Line. Il est peut-être la seule personne dans sa vie qui comprend réellement ce qu’elle veut. C’est le premier homme qui l’ait jamais regardée comme une personne et non pas comme un beau petit cul. Cette relation est très spéciale. Et je pense qu’elle avait trop peur de tout foutre en l’air. »

« Maybe someday, before I’m dead » (« Peut-être qu’un jour, avant que je sois mort »), lui lance Lenny Bruce. « It’s date » (« C’est un rendez-vous »), lui rétorque Midge. Ces deux répliques sont importantes. D’une part, elles permettent de garder une forme de tension érotique entre les deux personnages. D’autre part, elles font référence au destin tragique du véritable Lenny Bruce, légende du stand-up américain, décédée le 3 août 1966, d’une overdose.

Une manière maligne de rappeler au spectateur, un peu frustré, qu’une romance entre les deux héros est impossible : l’une est un personnage de pure fiction, l’autre s’inspire d’une personne ayant réellement existé. « J’ai supplié Amy de ne jamais franchir cette ligne, et elle a accepté », a déclaré Rachel Brosnahan à The Hollywood Reporter.

Lenny Bruce, « la bonne fée de Midge Maisel »

Et de poursuivre : « Ils s’aiment parce qu’ils s’admirent, ils admirent le talent de l’autre et ils admirent le dynamisme de l’autre. » Devenu le comique le plus célèbre et le plus controversé des Etats-Unis dans les années 1960, Lenny Bruce incarne, à l’instar de Midge dans la série, l’esprit contestataire et la liberté de ton de cette époque.

Ce n’est pas un hasard si sur le plateau de l’émission intitulée Miami After Dark en saison 3, Lenny Bruce présente Midge comme sa « wife… or maybe my sister » (« femme… ou peut-être ma sœur »). « Je ne sais pas vraiment quelles étaient les intentions d’Amy et Dan en l’amenant à bord de cette fiction. Je l’ai vu dès le début comme un personnage de type fée marraine, qui balance entre l’historique et le monde de la fiction », commente Luke Kirby pour 20 Minutes.

« Si vous voulez raconter une histoire dans le monde du stand vers 1957-1958, c’est difficile de ne pas avoir Lenny Bruce, qui était une telle figure à l’époque. Quand j’ai lu le pilote et que j’ai vu que Lenny Bruce faisait partie des personnages, cela m’a donné envie de faire partie de la série. Je pense aussi que c’est aussi un facteur de coolitude pour le show », rappelle Michael Zegen.

Lenny Bruce, « symbole du premier amendement »

Il est difficile de mesurer l’importance de Lenny Bruce de ce côté de l’Atlantique. « C’était un gars marrant et un grand comédien. Il est celui qui a mis le plus de son histoire personnelle dans ses numéros. Il s’est senti obligé de trouver sa propre voie et de raconter sa propre histoire. Et il s’est retrouvé à parler librement. Le microphone et la scène sont devenus pour lui le moyen d’explorer ses plus grandes frustrations », explique Luke Kirby. Sur scène, il invente un style de stand-up qui laisse une large place aux monologues, aux digressions et à l’ironie.

Leonard Alfred Schneider, alias Lenny Bruce à la scène, Américain au franc-parler mâtiné de yiddish, n’hésitait pas à exercer le sacro-saint droit au blasphème. « Dans sa quête de vérité et d’honnêteté, il a dit beaucoup de choses considérées comme problématiques aux yeux de l’establishment, qu’il s’agisse de la religion ou du gouvernement », poursuit l’acteur.

Cela lui vaut « la présence d’officiers de police » lors de nombreux spectacles. « Il ne s’est pas contenté de payer les amendes, il allait au tribunal et se battait bec et ongles », souligne Luke Kirby. Dans ses numéros, il évoque la sexualité, son addiction à la drogue, le droit à l’avortement, l’hypocrisie religieuse et dénonce les discriminations raciales et sociales. « Le premier amendement est très important aux Etats-Unis et je pense que beaucoup de gens le voient comme une sorte de symbole de la liberté d’expression. »

Lenny Bruce, « une sorte de créature mythique »

« De nombreux comédiens de stand-up d’aujourd’hui le regardent comme une sorte de dieu, mais aussi comme un martyre. Parce qu’il est mort jeune, et que la pression liée au fait d’être constamment arrêté, jeté en prison, et de se battre contre les tribunaux l’a mené à sa perte, à la dépendance et à son overdose. Il est une sorte de créature mythique », estime Michael Zegen.

Déjà incarné sur grand écran par Dustin Hoffmann dans le film de Bob Fosse, Lenny, en 1974, Lenny Bruce a suffisamment de facettes pour être exploré de différentes manières. Luke Kirby a au départ abordé son personnage « comme dans un biopic ». Puis, avec plus de liberté : « Le grand charme de la série est que je n’ai pas à être très attentif aux moindres détails. Comme ce n’est pas un biopic, l’exactitude historique peut être un peu contournée. Je dois le jouer en tant qu’homme et explorer ce qu’il était. Mais en même temps, il y a cette sorte de saupoudrage de réalisme magique sur lui, je perçois cela comme un privilège pour moi, cela me permet de rester souple et libre », conclut Luke Kirby. L’acteur a su trouver le juste équilibre entre fiction et réalité pour une performance d’ores et déjà saluée par un Emmy Award ​ en 2019.

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