Pourquoi certains parlent dans leur sommeil ?

Vous êtes une pipelette nocturne malgré vous ? Découvrez pourquoi à l’aide d’un somnologue et d’une neuropsychologue.

Ce matin au réveil, votre conjoint vous a assuré que vous lui aviez demandé pendant la nuit s’il avait bien fermé la voiture. Vous en riez mais sachez que vous n’êtes pas la seule à parler durant votre sommeil. Le phénomène serait même très courant. «Les deux-tiers des gens parlent pendant la nuit à un moment donné de leur vie», informe Olivier Coste, somnologue à Bordeaux. À quoi est-ce dû ? Que raconte-t-on dans les bras de Morphée ? C’est grave docteur ? Éléments de réponse.

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Extériorisation des rêves et génétique

Ce phénomène qui prête à sourire porte un nom : la somniloquie (cadeau, voilà de quoi briller au prochain dîner). «Les causes ne peuvent être que psychologiques. Le cerveau est actif quand on dort, ce qui explique que dans certains cas on puisse parler», explique Olivier Coste. L’extériorisation du rêve est à l’origine de tout ce vacarme : «on parle uniquement quand on rêve. Bien souvent, les mots le reflètent», poursuit Ginevra Uguccioni, neuropsychologue et auteure d’une ancienne étude sur le sujet.

Selon la neuropsychologue, l’hypothèse de la génétique commence également à faire son chemin. Les experts se sont aussi rendu compte que cette manie de faire des tirades au milieu de la nuit vient souvent de l’enfance. «Presque tous les enfants parlent en dormant. On suppose que cela fait partie de l’apprentissage du langage. Une fois adulte, il arrive que l’on parle à nouveau pour diverses raisons», constate Ginevra Uguccioni. Par «diverses raisons», la professionnelle entend «les grands changements de vie, négatifs ou positifs, comme un déménagement ou une rupture.»

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Qu’est-ce-que l’on raconte ?

«Tu sais que tu as parlé cette nuit ?» Cette phrase est sans doute la première que les conjoints des pipelettes nocturnes prononcent dans la journée. Il faut dire que l’on est souvent curieux de savoir ce que l’on a raconté. Mais déception : une grande partie du bruit qui émane du somniloque n’est pas compréhensible. «Il y a un gros pourcentage de marmonnements, de chuchotements et de grognements. Il y a plus de verbalisations de ce type que de paroles intelligibles», avoue la neuropsychologue. «En écoutant les propos de la personne qui parle, on ne va pas découvrir de secrets ou une vérité quelconque. Très souvent le propos est décousu et pas très logique», ajoute Olivier Coste.

Si vos dires ne signifient grand-chose, sachez aussi que vous y récitez rarement du Molière. «Les paroles sont souvent très vulgaires parce que l’on est désinhibé, comme quand on a bu trop d’alcool. Mais elle peuvent aussi être longues, parfaitement articulées et dans un registre soutenu», reconnaît la neuropsychologue.

Vos nuits ne sont pas en péril

Vous pouvez continuer d’animer les nuits de votre chambre en toute quiétude : «la somniloquie n’est pas grave et n’est pas très gênante au quotidien. Elle n’est donc pas considérée comme une pathologie, contrairement au somnambulisme par exemple», rassure la neuropsychologue.

Quand la somniloquie doit inquiéter

Si à partir de la cinquantaine, les phrases prononcées durant les nuits se font de plus en plus régulières, mieux vaut consulter. Elles peuvent être le symptôme d’une maladie comme celles de Parkinson ou d’Alzheimer.

Le repos et la qualité des nuits n’en sont pas non plus touchés «d’abord on ne parle pas toute la nuit, et puis ça n’empêche pas d’avoir un sommeil profond, donc réparateur», explique le somnologue. «Contrairement au somnambulisme, on ne se réveille pas pendant une phase de somniloquie, donc pas de perturbation», résume Ginevra Uguccioni. En clair, ces mots de la nuit sont gênants pour les autres, mais pas pour soi.

Si aucun traitement n’existe pour lutter contre les phrases nocturnes, on peut les anticiper. Olivier Coste le recommande : «si l’on s’aperçoit que l’on parle pendant la nuit parce que l’on subit une période de stress intense, on peut méditer avant d’aller se coucher ou encore avoir recours à l’hypnose.»

* Initialement publié en octobre 2018, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.

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