« Inacceptable. » C’est ainsi que le ministre polonais de la Santé, Adam Niedzielski, a qualifié cette affaire actuellement très médiatisée dans son pays, et relayée le 30 janvier 2023 par The Guardian.
Les médecins ont utilisé la clause de conscience
D’après les informations de l’ONG féministe polonaise Federa (Fédération pour la Femme et le Planning familial), qui a lancé l’alerte, l’adolescente de 14 ans, en situation de handicap mental, est tombée enceinte après avoir été violée par son oncle, et s’est vu refuser l’avortement dans plusieurs hôpitaux polonais, par plusieurs médecins. Ceux-là ont utilisé la clause de conscience pour ne pas pratiquer cette IVG.
Toujours selon l’association, l’adolescente n’était pas au courant de la grossesse. C’est sa tante qui a compris qu’elle était enceinte et ce qu’elle avait subi, et a tenté de l’aider à avorter.
« Nous sommes consternés par cette affaire, ici notre réponse est sans équivoque », a déclaré lors d’une conférence de presse le ministre de la Santé de ce pays, appartenant pourtant à l’un des gouvernement les plus restrictifs d’Europe en matière d’accès à l’avortement.
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Colère des députés de l’opposition
L’adolescente respectait pourtant la dure loi en demandant à avorter.
Depuis janvier 2021, l’avortement n’est légal que si la grossesse résulte d’un viol, d’inceste, menace la vie ou la santé de la patiente. Les IVG en cas de malformation grave et irréversible du fœtus ou de maladie incurable qui menace la vie du fœtus ne sont plus autorisées depuis cette date-là.
Grâce à l’aide et l’engagement de Federa, la jeune fille a finalement pu avorter à Varsovie.
La clause de conscience est une loi barbare et inhumaine, et devrait être supprimée.
Cette nouvelle affaire a choqué l’opinion, et fait réagir les partis de l’opposition, qui réclament une modification de loi.
« La clause de conscience est une loi barbare et inhumaine, et devrait être supprimée », a par exemple déclaré la députée de gauche Katarzyna Kotula auprès de la presse polonaise.
Barbara Nowacka, députée du centre-gauche, a annoncé que l’opposition rédigerait un projet de loi restreignant les conditions d’utilisations de cette clause par les soignants.
L’adolescente aurait dû être informée des hôpitaux qui pratiquent l’avortement, a reconnu, de son côté, Marcin Wiacek, porte parole du gouvernement.
Le 23 juin 2022, le Parlement polonais a rejeté une proposition citoyenne pour libéraliser la loi sur l’avortement afin que le pays s’aligne sur les droits de ses voisins européens en matière d’accès à l’IVG.
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