Polnareff n’aime pas les hommages car « ça se rapproche d’une épitaphe »

  • France 2 diffuse ce mardi à 21h10 Michel Polnareff, la soirée spéciale.
  • Au cours de l’émission, plusieurs artistes tels que Raphaël, Catherine Ringer ou Partrick Bruel, reprendront ses tubes. « J’étais très ému, remué, énormément touché. C’était bouleversant », confie Michel Polnareff à 20 Minutes.
  • Au sujet de son rapport passé chaotique et douloureux avec la France, il répond : « Vous savez, c’est comme une assiette. Si vous la cassez et que vous la recollez, il y aura toujours la fêlure au milieu. Il faut survivre, même si on est les deux faces de l’assiette. »

« On me parle de retour, mais je ne vous ai jamais quittés. La distance nous a rendus si proches vous et moi », déclare Michel Polnareff, 78 ans, en ouverture de La soirée événement que lui consacre France 2 ce mardi, dès 21h10. Une émission spéciale au cours de laquelle celui que ses fans surnomment « L’Amiral » est chouchouté, honoré, par un parterre d’artistes, de Pomme à Patrick Bruel en passant par Nolwenn Leroy et Vincent Delerm venus reprendre les titres les plus fameux de son répertoire. Une manière de dire que l’homme aux emblématiques lunettes noires, cauchemar de la France pompidolienne, a traversé les décennies et que, bien qu’installé aux Etats-Unis, il a une place à part dans les cœurs de l’Hexagone. Il confie à 20 Minutes avoir trouvé cela « bouleversant ».

Quand France 2 vous a proposé cette émission hommage, cela vous a fait peur ou plaisir ?

Un mélange des deux. J’aime bien faire des choses qui projettent vers le futur. Quand on fait Polnareff chante Polnareff [sur cet album sorti mi-novembre, il reprend douze de ses tubes en piano-voix], c’est vrai qu’on conjugue le passé et le futur au présent. Je n’aime pas les hommages en général, parce que ça peut se rapprocher d’une épitaphe et pas davantage les enterrements, surtout quand je suis encore vivant (rires). Mais là j’ai été très impressionné par les performances des invités de l’émission.

De voir des artistes qui ont une vingtaine ou une trentaine d’années chanter vos chansons, cela vous fait quoi ?

J’ai trouvé fantastique cette espèce de respect. J’étais très ému, remué, énormément touché. C’est bouleversant. Je me suis dit :  « Est-ce que je suis encore là ? » J’ai traversé les années, avec beaucoup de chance parce que, il y a six ans, j’ai failli y passer [il avait été hospitalisé pour une embolie pulmonaire et son pronostic vital fut un temps engagé].

De nombreux artistes ont repris vos chansons tout au long de votre carrière, ça vous a toujours fait plaisir ?

Je sais qu’il y a des gens qui n’aiment pas être repris mais souvent ils ne le sont pas, donc ce n’est pas un problème. J’adore voir la vision de quelqu’un d’autre, que ce soit Mes regrets par Indochine, La poupée qui fait non par Mylène Farmer avec Khaled ou la version de Scott McKenzie avec les Mamas and Papas. Pas mal de rappeurs m’ont repris aussi. Pour moi, c’est toujours un plaisir d’être repris par d’autres qui y mettent leur talent à eux.

Et quand, dans l’émission spéciale de France 2, Aurélie Saada reprend « Je suis un homme », vous en pensez quoi ?

Il y avait beaucoup d’applaudissements sur le tournage et je n’ai pas pu placer ma phrase. Je voulais lui dire : « Si tu es un homme, c’est quand tu veux ! » (rires). C’était très amusant. Il faut quand même une dose d’humour dans un truc sérieux.

Y a-t-il des artistes chez qui vous trouvez une filiation ? Des artistes actuels qui seraient dans la continuité de votre état d’esprit ?

Non, je pense qu’ils sont dans la continuité de leur domaine. Chanter une chanson qui m’appartient n’est pas forcément le reflet de leur propre carrière. Dans l’émission, j’ai été très impressionné par Camille Lellouche, elle a fait quelque chose d’extraordinaire, c’est une interprète que je trouve vraiment fabuleuse. J’ai aussi été impressionné par Anne Sila et Bilal Hassani qui était formidable.

Bilal Hassani vous a d’ailleurs remercié pour le soutien public que vous lui avez apporté en 2019 quand il était la cible de critiques et de propos haineux ? C’était important pour vous ?

Je pense que c’était important pour lui. Quand j’ai commencé dans ce métier, on venait m’assassiner sur le look, le machin, le truc. Donc je ressens un peu ce qu’il peut ressentir en étant différent. Il est un bon showman, quelqu’un de généreux, qui sait donner autant qu’il sait prendre.

Aujourd’hui, de nombreux artistes parlent de vous comme d’une icône ou d’un mythe vivant. Le temps a réparé les incompréhensions dont vous avez été victime à vos débuts ?

Il serait temps (rires). Catherine Ringer, qui a fait une version formidable de Love Me, dit que « justice est faite ». Il y a eu un petit changement dans l’inconscient collectif qui a fini par se dire « Putain, le mec il était quand même sympa. Et puis, il faut voir par quoi il est passé… » Je pense que tout le monde est content que je sois là.

Pour vous, ce n’est pas « c’était mieux avant » mais « c’est mieux maintenant » ?

Non, il y a des moments bien, d’autres moins. J’ai réussi à les traverser et ça c’est sympa.

Votre relation avec la France a longtemps été chaotique et douloureuse. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Je suis là et tout va bien !

Les cicatrices sont refermées ?

Vous savez, c’est comme une assiette. Si vous la cassez et que vous la recollez, il y aura toujours la fêlure au milieu. Il faut survivre, même si on est les deux faces de l’assiette.

Pour 2023, que peut-on vous souhaiter ?

Je souhaite déjà un joyeux anniversaire à mon fils Louka, qui va avoir 12 ans et que j’adore. Et évidemment le retour sur scène [il lancera sa tournée le 24 mai à Nice] pour revoir les moussaillons, tous ceux qui m’ont accompagné et sont d’une fidélité exemplaire.

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