- La villa gallo-romaine de Plassac, en Gironde, est un site archéologique montrant les vestiges d’un vaste domaine agricole occupé par de riches Romains entre le Ier et le Ve siècle ap. J.-C.
- De nouvelles fouilles archéologiques, lancées en 2022 et qui se sont poursuivies cet été, ont permis de mettre au jour l’emplacement d’une grande galerie de façade à colonnades et de son bassin d’ornement.
- Le conseil départemental de la Gironde, propriétaire de ce site exceptionnel, entend le faire connaître davantage au grand public, notamment lors des prochaines Journées du Patrimoine.
Des dimensions et un emplacement qui laisseraient n’importe quel agent immobilier bouche bée. Imaginez un peu. Une maison de 6.000 m2 de surface au sol, ouvrant sur une première salle de réception monumentale de 120 m2, implantée sur un terrain de 711 hectares, avec vue imprenable sur l’estuaire de la Gironde… La villa gallo-romaine de Plassac, près de Blaye (Gironde), « sortait du lot par ses dimensions et la richesse déployée dans ses décors » insiste Clément Lignat, médiateur du conseil départemental, au cours de la visite du domaine.
Après une première découverte de mosaïques en 1883 – mais à laquelle il ne sera pas donné suite – le site antique a été redécouvert en 1962, et activement fouillé jusqu’en 1981, période au cours de laquelle « on a trouvé énormément d’éléments. » Et il n’a pas terminé de livrer tous ses secrets. De nouvelles fouilles archéologiques ont été relancées en 2022, et prolongées durant un peu plus de trois semaines en juillet dernier. Elles ont permis de mettre au jour l’emplacement d’une grande galerie de façade à colonnades, d’environ 90 mètres de long, avec son bassin d’ornement, d’environ 50 mètres. « La galerie se reflétait dans le bassin pour donner une impression de monumentalité afin d’impressionner les visiteurs » explique encore Clément Lignat.
Chauffage par le sol
Ouvert au public, le site permet aujourd’hui au visiteur d’admirer la partie basse des murs de la villa, quelques mosaïques au sol conservées dans un état exceptionnel, ainsi que les systèmes de chauffage central par le sol, les hypocaustes, qui permettaient d’atteindre les 25 °C dans certaines pièces de la maison. « Bien entendu, il faut imaginer les murs, les toitures, pour se représenter la villa telle qu’elle était à l’époque antique » poursuit Clément Lignat.
A la découverte du site archéologique de #Plassac en Gironde. Les vestiges de cette villa gallo-romaine qui occupait entre les Ier et Ve siècles un domaine agricole sur les bords de l’estuaire de la #Gironde, ont conservé des mosaïques dans un état exceptionnel pic.twitter.com/LWDc3SwTLe
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Même si les vestiges ne laissent plus apparaître que les deux tiers de ce qu’était cette villa, on se rend encore bien compte des dimensions et de l’organisation du domaine. Un musée associatif situé juste à côté, tenu par Les amis du vieux Plassac, expose mosaïques, peintures, poteries et objets trouvés sur place pour une meilleure compréhension de ce qu’était Plassac à l’époque gallo-romaine.
Résidence secondaire
« Une villa, c’est un domaine agricole, explique Clément Lignat. C’est la ferme des riches Romains, à l’intérieur de laquelle il y a deux parties : la maison, que l’on appelle la pars urbana, et les champs avec les bâtiments servant au stockage des outils et des récoltes, la pars rustica ou agraria. Cette dernière partie n’est plus visible, puisque la commune de Plassac s’est installée au fil du temps par-dessus. » L’ensemble de ces champs représentaient en tout une superficie de 711 hectares, soit la totalité de la commune de Plassac, plus la moitié de la commune voisine de Villeneuve.
En cinq cents ans d’occupation, entre le Ier et le Ve siècle ap. J.-C., « plusieurs familles se sont succédé » au sein de la villa, sachant qu’à l’époque antique, « une famille représente entre quinze et vingt personnes ». « En général, on ne vient dans ce type de villa que l’été, c’est la résidence secondaire de ces riches Romains, ce qui suppose que les propriétaires avaient aussi des domus, des maisons de ville, soit à Saintes, Médiolanum, soit à Bordeaux, Burdigala. » L’exploitation agricole, assurée par des esclaves encadrés, fonctionne toute l’année. « Au Ier siècle, on est surtout sur la culture des céréales, et à partir du IIe siècle et de l’introduction de la vigne en Gaule, la villa devient une exploitation viticole, c’est là qu’elle va prospérer. »
Ecole d’Aquitaine
Prospérité qui se traduit par les décors retrouvés sur le site de la villa. « On est sur une villa très luxueuse », redit Clément Lignat. « La maison a connu trois grandes périodes, résume le médiateur. Dans la première, elle a été décorée avec des fresques, peintures murales et enduits peints, qui sont datées aux alentours de 50-60 ap. J.-C. Puis elle a évolué dans son architecture et ses décors, pour s’adapter à la mode. Au IIe siècle, on agrandit la construction pour atteindre les 6.000 m2, et les peintures murales sont retirées pour être remplacées par des marbres provenant de tout le pourtour de la Méditerranée, ainsi que des mosaïques noires et blanches au niveau de certains sols. Puis il va y avoir de nouvelles modifications à la fin du IVe-début du Ve siècle, principalement dans l’aile est. »
Si l’architecture de la villa reprend globalement les critères romains, « pour ce qui est des décors, c’est différent, puisque les mosaïques au sol, par exemple, proviennent de l’école d’Aquitaine, caractérisée par le fait de ne représenter que des formes géométriques et des plantes. C’est en cela que nous sommes sur une villa gallo-romaine. »
« Des éléments de compréhension du commerce fluvial sur la Gironde »
« Cette villa est un témoignage exceptionnel de l’occupation antique de la Gironde, et nous donne aussi des éléments de compréhension du commerce fluvial sur la Gironde », explique Carole Guere, vice-présidente du conseil départemental en charge de la culture. « L’intérêt de Plassac est de se situer entre deux grandes villes, Saintes et Bordeaux, et au bord de l’estuaire, qui représente un axe de circulation pour le commerce », confirme Clément Lignat.
Classé Monument historique, le site accueille chaque année 3.000 scolaires et 5.000 visiteurs. Le conseil départemental de la Gironde, le propriétaire, entend le faire connaître davantage au grand public, notamment grâce à des animations au cours d’événements comme les Journées du patrimoine, du 15 au 17 septembre. « Nous venons par ailleurs d’acheter un bâtiment pour y créer un laboratoire de recherches, qui accueillera un maximum de jeunes chercheuses et chercheurs, le but étant de continuer à avancer sur la découverte de ce site », explique Carole Guere.
Si les dernières fouilles « ouvrent de nouvelles perspectives pour la visite du site », le département entend ne pas en rester là. « Nous allons continuer de nous concentrer sur la façade pour voir s’il n’y aurait pas des thermes, avance ainsi Clément Lignat. Le chemin d’accès devrait aussi fournir des informations, sur la façon dont il reliait le port à la villa. »
Ouverture du site du 1er mars au 30 novembre. Visites du site archéologique, libres ou guidées, gratuites. Musée : 5 € pour les adultes, 3 € pour les enfants de 8 à 16 ans (gratuit pour les moins de 8 ans).
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