Gardiennes d’une sagesse ancestrale, les sociétés traditionnelles ne pensent pas le monde comme nous. Pour les avoir étudiés, le chercheur Philippe Bobola, qui est à la fois anthropologue et psychanalyste mais aussi docteur en physique et biologiste souligne d’étonnants rapprochements entre leurs croyances et les principes de la physique quantique.
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Alors qu’elle est largement utilisée aujourd’hui, notamment dans l’informatique, la physique quantique, qui fait référence depuis un siècle, n’est pas toujours comprise… dans notre société occidentale. Notre pensée analytique coince. Alors que les peuples premiers, qu’on peut juger inférieurs par ignorance, expérimentent naturellement les principes de cette science de l’infiniment petit. Les explications du docteur Philippe Bobola.
« Avec Eric Navet, un collègue professeur honoraire à l’institut de Strasbourg, on a étudié un certain nombre de peuple traditionnels et on a fait l’hypothèse que peut-être, ces peuples avaient des fondements métaphysiques (leur compréhension de la matière, de l’énergie, du temps, de l’espace, de la lumière…) qui ressemblaient à ce que nous dit la physique de l’infiniment petit, en particulier la physique quantique. Alors qu’aujourd’hui, notre société occidentale est plutôt fondée sur des paramètres métaphysiques relevant de la physique classique.
Finalement, la difficulté que peut avoir un occidental en rencontrant le membre d’un peuple racine, c’est la même difficulté qu’ont rencontré les physiciens au moment de l’avènement de la physique quantique : un choc de logique. A tel point qu’un physicien qui a pourtant participé à l’évolution de la physique quantique comme Albert Einstein disait que ça lui rappelait « le système d’illusion d’un paranoïaque extrêmement intelligent concocté à partir d’éléments de pensée incohérente« . Il a pourtant été l’un des pères fondateurs de la physique quantique ! Avec la physique quantique, on a quelque chose qui fonctionne mais il reste une polémique sur l’interprétation. On ne remet pas en cause la physique quantique, elle est largement vérifiée expérimentalement. Par contre, il y a encore des batailles qui opposent différents courants de physiciens sur son interprétation.
Animistes, les peuples racines vivent dans un monde vibratoire
Ce que nous montre la physique quantique, c’est que la lumière, comme la matière, est à la fois une onde et un corpuscule. Et selon les circonstances, elle change d’apparence. Contrairement à nous qui vivons dans une société matérialiste, les sociétés traditionnelles sont plus sensibles aux vibrations qu’à la matière. Pour eux, chaque objet a une âme. La vibration d’un objet, c’est l’âme de cet objet, quelque chose d’immatériel.
Modifier un objet, c’est corrompre son âme
Si vous modifiez un objet, vous modifiez sa vibration. Et à ce moment-là, vous perturbez l’équilibre vibratoire de l’objet, qui est en interaction avec les autres. Si vous envisagez que tous les objets que vous avez dans votre pièce, c’est de matière mais aussi de la vibration, il n’y a plus de séparation. Par définition, deux objets éloignés sont séparés. Mais deux objets à dimension vibratoire interagissent toujours car la vibration est infinie.
Notre science et notre technologie supposent de modifier les objets. Souvenez-vous de 2001 l’Odyssée de l’espace. On voit un fémur qui a servi d’outil et à un moment donné, il virevolte dans le ciel et Kubrick fait une transition pour montrer un vaisseau spatial. Pour arriver au vaisseau spatial, il a fallu transformer les objets. Et la transformation de ces objets a entraîné la modification de leurs dimensions vibratoires.
Les sociétés traditionnelles essaient d’établir avec la nature, non pas un bras de fer et la volonté de la dominer, mais au contraire d’être en symbiose avec elle . Ce n’est pas possible pour elles de développer une discipline qui les amènerait à être désynchronisé d’avec la nature. Elles ont donc développé à minima l’objet technique non pas par déficience intellectuelle, mais parce qu’elles avaient compris que l’intrusion d’un excès de technique finirait par dénaturer leur société. Elles voulaient rester des hommes et des femmes naturels. C’est un point fondamental de leur développement sociétal.
Nos sociétés fondées sur la peur de la nature
Il y a aussi l’origine de nos sociétés qui repose sur le christianisme puis le cartésianisme. Descartes en effet, dans son discours de la méthode de 1637, propose un développement de société où l’Homme doit se « rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature« . Je crois que de façon générale, l’occidental ressent de la peur vis-à-vis de la Nature, qu’il se sent faible en milieu naturel, qu’il a inconsciemment un sentiment d’infériorité. De fait, il n’aurait qu’une obsession : transformer la nature, la rabaisser pour avoir le sentiment sécure d’être au-dessus d’elle. Cela expliquerait pourquoi, dans nos sociétés, on aboutit à des transformations radicales comme la transgénèse animale, végétale, voire le transhumanisme. Il s’agit d’une volonté de dompter la nature qui n’est pas du tout l’ état d’esprit des sociétés traditionnelles qui, au contraire, veulent établir avec elle une relation de complémentarité et une interaction la moins transformante et la plus délicate possible.
Un rapport au temps très différent
Une autre différence entre ces sociétés et les nôtres, c’est la représentation du temps. La physique classique commence avec le physicien anglais Isaac Newton. Il est le premier à donner une définition scientifique du temps : il considère qu’il est « absolu, vrai, mathématique, sans relation à quoi que ce soit d’extérieur et qui en lui-même et de par sa nature coule uniformément« . Newton définit ainsi un temps unique, représenté par une droite, où le présent à peine existant devient passé, et laisse instantanément la place au futur et ce dans un écoulement unidirectionnel perpétuel. Une telle conception du temps suppose que la portion de temps qui va du passé au présent n’est pas modifiable. Or, la physique quantique nous dépeint le temps telle une droite certes, mais où cette partie est modifiable dans le sens où le présent peut changer le passé. Cette portion est donc aléatoire au gré des conditions. Et cela est effectivement particulièrement troublant !
L’intrication : un lien ne se défait jamais
Lorsque deux objets ont été en contact et qu’on les éloigne, en physique classique, l’intensité avec laquelle ils interagissent diminue. Alors qu’en physique quantique, que les objets soient tout contre ou très éloignés, ils interagissent avec une même intensité que s’ils étaient proches. C’est la propriété magique d’intrication spatiale. Transposés dans notre monde, on pourrait dire que deux individus qui se sont rencontrés dans le passé ne peuvent pas faire comme s’ils ne si cela ne s’était jamais produit : marqués à tout jamais par cette rencontre, ils forment un tout inséparable en termes d’interactivité. Par ailleurs il existe une autre interaction, l’interaction temporelle où le présent peut être intriqué dans certaines conditions avec le passé ou le futur.
Les peuples traditionnels vivent selon ces deux intrications sans pour autant avoir une connaissance intellectuelle de la physique quantique, c’est pourquoi honorer les ancêtres est au cœur de leur culture et la perpétuation de rituels leur permet d’aller chercher un futur en accord avec la sagesse ancestrale. Là où le regard de la physique classique ne permet de voir qu’une simple transmission, la physique quantique permet d’y voir l’illustration de cette propriété d’intrication.
Monde visible et monde invisible
Mais la séparation majeure entre nos sociétés et les sociétés traditionnelles, c’est l’existence d’un monde invisible. D’après la vision chamanique, nous vivons dans un espace-temps qu’on peut appeler la réalité ordinaire. Et à cette réalité ordinaire est associé un autre espace-temps qu’on peut appeler le monde de la réalité non-ordinaire, un monde invisible peuplé de dieux, d’émissaires de dieux, d’esprits lumineux ou sombres, d’ancêtres, de maîtres des animaux, de plantes… Ces deux espaces sont couplés. Les chamans considèrent que ce nous vivons ici-bas n’est que l’effet de cette réalité invisible. Le monde invisible peut être difficile à admettre pour un occidental, mais pourtant, la physique quantique introduit des univers dits parallèles. Dans cette physique, curieusement, les objets peuvent être multi-localisés avant une mesure. Par exemple si on mesure la position spatiale d’une particule ou d’un atome ce dernier pourra avant toute mesure être simultanément et potentiellement aux quatre points cardinaux. Après la mesure une seule position sera attribuée, telle la position Nord. La question est : que sont devenus les trois autres positions ? Pour certains, elles ont disparu, mais pour le physicien américain Hughes Everett, chacune d’elle existerait dans un univers parallèle.
Questionner les croyances
L’écrivain irlandais Georges Bernard Shaw écrivait : « Je ne vois pas bien pourquoi les hommes qui croient aux électrons se considèrent comme moins crédules que les hommes qui croient aux anges. » Dans les deux cas, personne ne voit ni l’ange ni l’électron mais l’électron qu’on ne voit pas a un caractère plus crédible parce que c’est le milieu scientifique qui l’a produit, alors que l’ange est produit par des gens qu’on considère comme allumés ou ésotériques… Mais, dans les deux cas, on n’a pas de preuve.
On pourrait dire la même chose : il est quand même curieux que les individus des sociétés traditionnelles qui envisagent un monde invisible soient perçus comme des gens naïfs, de grands enfants, dont la vision du monde est poétique, ne mange pas de pain mais est complètement absurde.
En réalité les chamans proposent une autre vision et relation au monde, qui est convergente avec ce que la physique microscopique nous dit, comme vu succinctement ci-dessus, où le monde invisible interfère avec leur vie terrestre. Cela rappelle notre Moyen Âge européen et ses comportements imprégnés par la croyance en l’existence d’un Dieu unique invisible omniscient, muni de don d’ubiquité et d’omnipotence et parfois colérique ! De même, les cosmologistes de nos jours croient en l’existence d’univers multiples invisibles ou multivers qui inspirent de nombreux auteurs de vulgarisation scientifique.
On pourrait dire : à chacun ses croyances sauf que la physique et la cosmologie confirment en l’état actuel de nos connaissances l’existence de mondes invisibles !
Si beaucoup d’ethnologues bottent en touche et pensent que ce sont uniquement des croyances, c’est parce qu’il n’y a malheureusement pas d’alliance entre les sciences humaines (dites « molles » comme l’histoire, la psychologie, l’ethnologie…) et les sciences « dures » (math, physique, chimie…). Cette alliance serait souhaitable car elle apporterait des nouvelles grilles d’interprétation que les sciences humaines seules ne peuvent fournir. Les deux approches gagneraient donc à être complémentaires. L’irrationnel devrait stimuler la science, plutôt que de se voir rejeté.
Une ethnologie quantique et pluridisciplinaire, c’est ce que propose Philippe Bobola sur son site unitedusavoir.com. On y trouve de nombreuses explications, des vidéos mais aussi une formation sur deux ans.
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