Ce mardi 13 juin 2023, Emmanuel Macron annonçait que la production de près de 50 médicaments dits essentiels – comme le paracétamol, l’insuline, l’amoxicilline ou les anticancéreux – serait relocalisée sur le territoire français, afin d’éviter les risques de pénurie. Pour les signataires d’une tribune parue deux jours plus tard dans le Nouvel Obs, les pilules abortives doivent nécessairement faire partie des vingt-cinq premiers.
Dans ce texte, les membres du collectif « Avortement Europe : les femmes décident » demande à ce que la production des molécules utilisées pour les IGV médicamenteuses soit relocalisée « en urgence », afin d' »éviter toute pénurie et rupture d’accès aux soins » pour les femmes souhaitant se faire avorter. Cette prise de position intervient deux mois après la mise en tension du mifépristone et du misoprostol – substances actives des pilules abortives – sur le territoire.
“Les droits des femmes ne peuvent pas fluctuer au gré des conservatismes politiques et le droit à l’avortement reste une lutte éminemment politique de par le monde pour les droits humains”, peut-on lire dans la tribune, signée entre autres par Sophie Binet, secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT), Chantal Birman, de l’Association nationale des Centres d’IVG et de Contraception et Sarah Durocher, présidente du Planning familial.
Protéger le droit à l’avortement
Selon « Avortement Europe : les femmes décident », la pénurie récente de pilules abortives, ayant contraint certaines femmes à se voir refuser le médicament en pharmacie, est comparable à l’arrêt de la production de la mifépristone par le groupe allemand Hoechst dans les années 1980, « ciblé par les mouvements anti-IVG ».
Le collectif cite également le cas du laboratoire Pfizer qui, en 2018, a retiré le misoprostol – utilisé jusqu’alors comme protecteur gastrique – du marché français, ne cautionnant pas le fait qu’il puisse être utilisé à des fins gynécologiques. Depuis, la commercialisation et la production de cette molécule n’est assurée que par un laboratoire suédois, ce qui rend son accès particulièrement fragile, argumente-t-il.
Afin de ne pas voir « l’histoire se répéter », et éviter à tout prix de s’orienter vers la situation américaine, « Avortement Europe : les femmes décident » plaide pour le développement d’une « politique publique de production des médicaments essentiels », passant par la création de « d’établissements pharmaceutiques nationaux et européens ».
Sachant que 72 % des IVG en France en 2021 étaient médicamenteuses, les signataires demandent aussi à ce que le mifépristone et le misoprostol intègrent la liste des 25 premiers médicaments à relocaliser d’urgence, promise par le président de la République. Une requête déjà déposée par la Nupes le 14 juin, sous forme de résolution parlementaire.
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