Ons Jabeur, rôle modele et n°4 mondial : "À chaque fois que je réussis un objectif, je vise un autre rêve"

Elle enchaîne coups droits exceptionnels et premières fois historiques : à 28 ans, Ons Jabeur, actuelle n°4 du classement WTA, ne cesse de briller par son talent et son audace sur les courts. À jamais la première joueuse tunisienne, arabe et africaine la mieux classée (n°2, en 2022, WTA et ATP confondus), elle a su conquérir le coeur du grand public, jusqu’à devenir une véritable rôle modèle, qui conjugue avec brio carrière au sommet, ambition et lâcher prise. 

Alors que le WTA 500 Stuttgart, tournoi indoor sur terre battue, va débuter et à quelques semaines du début de Roland Garros, on a pu s’entretenir avec celles que les médias anglophones surnomment Ons-Stoppable, tant sa soif de victoires semble inaltérable. 

Marie Claire : En Tunisie, on vous surnomme la “ministre du bonheur”, qu’est-ce que cela vous fait d’être un role modèle pour la jeune génération de joueuses et joueurs en Tunisie et plus largement en Afrique ?

Ons Jabeur : Ça me rend extrêment fière et heureuse d’avoir ce surnom de Ministre du Bonheur. Depuis toute petite, je rêve d’être ici et de devenir une inspiration pour la jeunesse. 

Et cela semble fonctionner… Je suis tellement heureuse de voir les réactions, surtout en Tunisie, en Afrique, des jeunes qui rêvent maintenant de jouer au tennis professionnellement ou plus largement de réaliser leurs rêves. Pour moi, c’est extraordinaire et j’espère continuer à faire cela. Désormais, je ne joue plus au tennis pour moi, mais je joue pour tout le monde.

On vient de le voir, vous êtes une inspiration pour de nombreuses personnes aujourd’hui. Quelles sont ou ont été les vôtres ? 

Beaucoup de gens m’inspirent depuis petite. D’abord, ma mère, parce que c’est une femme formidable, très forte. Elle nous a élevés et a toujours été un modèle. Je retrouve ce qu’elle nous a transmis dans beaucoup de situations quand je joue, quand je voyage…

Et puis, bien sûr, il y a des joueurs qui m’inspirent et ce, peu importe leur classement. Je les observe, j’apprends d’eux. Je m’inspire beaucoup des autres, surtout quand ils font les choses bien. 

Dans un récent billet pour la BBC, vous aviez écrit “Je viens de Tunisie et personne ne pensait que je pourrais être ici à Wimbledon en tant que numéro deux mondial”. Quels ont été les freins que vous avez rencontrés dans votre ascension ? 

J’imagine que cela a dû arriver pour d’autres, mais dès le départ, certaines personnes ne croyaient pas en moi et ont même voulu me mettre des bâtons dans les roues. Peut-être que ces gens-là ne croyaient pas qu’une femme tunisienne pourrait arriver à ce niveau… Mais c’est tellement loin des valeurs que je porte. Outre le fait d’être une femme arabe, musulmane, ce qui a été compliqué au départ, c’est de ne pas connaître ou côtoyer des joueurs pro de tennis. C’était un gros challenge pour moi de montrer que tout est possible, peu importe d’où l’on vient. 

Cette notion de challenge a-t-elle été un moteur pour vous et votre carrière ? D’où vient toute votre motivation ?

Il y a plusieurs sources à tout cela. D’abord, j’adore le tennis et c’était mon rêve d’en faire mon métier. J’adore la compétition et les challenges. Déjà très jeune en interview, j’avais cette envie de gagner des grands tournois et des grands chelems. 

Ensuite, comme je l’évoquais juste avant, il y a eu des personnes qui m’ont mis des bâtons dans les roues, et cela m’a poussée encore plus à montrer qu’on peut réussir malgré tout. C’était important de montrer cet exemple aux jeunes. Même si on passe tous et toutes par des périodes plus difficiles et d’autres très heureuses, il faut continuer à croire en soi. 

Depuis quelques années, vous raflez tout sur votre passage si bien que la presse vous surnomme “Onstoppable”. Comment gérez-vous cette pression ? 

Déjà, je pense que tout est une question de choix dans la vie. Mon choix à moi, c’est de me dire que cette pression ne doit pas me perturber. Parfois, c’est plus difficile à gérer, mais la plupart du temps, je me concentre sur mes routines, faire mes exercices, me focaliser sur mes rêves. 

J’essaie d’avancer étape par étape, tout en me concentrant sur moi, sur mes objectifs. À chaque fois que je passe une étape, que je réussis un objectif, je vise un autre rêve qui m’est cher. Et croyez-moi, j’ai encore un long chemin à faire. 

Quelles sont vos plus grandes peurs, maintenant que vous tutoyez le sommet du tennis mondial ? 

J’essaye de ne pas trop penser aux résultats ou au classement, mais plutôt à ce que j’ai envie de réaliser en tant que joueuse de tennis. Et j’essaye de m’entourer des bonnes personnes, celles qui veulent m’aider à réussir.

Pour ce qui est de la peur en tant que telle, j’essaye de ne pas trop y penser. Je reste un être humain, c’est difficile de ne jamais avoir peur. Ma coach mental, Mélanie Maillard, m’a beaucoup aidée à vivre avec mes peurs, à accepter les challenges et à faire face à tout ça.

Vous nous parliez de vos rêves et de vos objectifs. Quels sont vos prochains défis sportifs et extra-sportifs ? 

En réalité, j’ai toujours le même rêve : de gagner un grand chelem. Je n’étais pas loin l’année dernière, et je continue à y croire, à être calme, patiente… et à travailler. 

Hors du sport, peut-être après ma carrière, j’aimerais bien ouvrir ma propre académie pour partager mon expérience. J’adorerai pouvoir contribuer à encore plus faire connaître le tennis en Tunisie, parce que je sais que les jeunes adorent ce sport aussi. 

Si vous pouviez laisser un message à la petite fille que vous étiez quand vous avez débuté le tennis, ce serait quoi ?

Je lui dirais : ‘continue de rêver, et continue d’être toi-même. N’aie pas peur, je suis là avec toi et ensemble, on fera le chemin nécessaire pour réaliser notre rêve’. Je lui dirais aussi que je l’aime beaucoup et que je la protégerai toute ma vie.

Est-ce qu’il y a un dernier message, une dernière chose qui vous semble importante que vous aimeriez dire à nos lecteurs et nos lectrices ?

J’aimerais remercier tous les gens qui ont pris le temps de lire cet article et de continuer à me suivre ou commencer à me suivre parce que peut être ils me connaissent maintenant après avoir lu l’article. Et puis, j’aimerais bien dire aux jeunes qui me suivent de toujours croire en eux-mêmes, parce que c’est très important de réaliser ses rêves et de ne laisser personne vous dire ‘non’. Être courageux, c’est très important.

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