La vente de produits alimentaires en circuit court et de proximité a le vent en poupe. Les clés pour remplir son panier près de chez soi.
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C’est une conséquence de la crise sanitaire : depuis le début de l’année dernière la vente de produits alimentaires en circuit court a connu un essor spectaculaire. Certaines plateformes spécialisées ont vu leur activité doubler. C’est une bonne nouvelle pour les producteurs comme pour le consommateur, pour qui ce mode de distribution est synonyme de qualité et souvent de prix attractifs. De plus, cette économie de proximité est créatrice d’emploi, et parfois solidaire. Encore faut-il pouvoir identifier près de chez soi tous les commerçants et producteurs, porteurs d’initiatives locales et autres coopératives engagés dans cette démarche.
Circuit court ou de proximité ?
Pour les pouvoirs publics, un circuit court se définit comme un « circuit de vente directe ou avec un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur ». Une définition qui ne prend donc pas en compte la distance nécessaire à l’acheminement des produits. Lorsque ce critère prime, il convient plutôt de parler de « circuit de proximité ». Pour un bilan écologique optimum, il est bien sûr préférable de concilier ces deux exigences : un nombre très limité d’intermédiaires et une distance la plus courte possible entre les lieux de production et de consommation.
A noter. Et pour être vraiment efficace, cette démarche suppose la prise en compte d’un troisième critère essentiel : le respect de la saisonnalité.
Respecter la saisonnalité
Acheter en circuit court et/ou de proximité n’est pas toujours suffisant pour afficher le meilleur bilan carbone. Selon les études de l’Agence de la transition écologique (Ademe), en effet, des aliments produits localement mais hors saison, sous serre chauffée notamment, peuvent consommer plus d’énergie et émettre plus de CO² que des produits importés de pays où ils sont cultivés en plein air. L’Ademe a ainsi calculé qu’une salade cultivée en Allemagne, sous serre et en hiver, affiche un bilan carbone deux fois plus lourd que celui du même légume importé du sud de l’Espagne où il pousse en plein champ (510g de CO2 contre 240g).
Notre conseil. Ne perdez pas cette donnée de vue au moment de faire vos achats.
Toutes les ventes directes
Les enquêtes montrent que c’est en achetant chez les producteurs que l’on trouve les meilleurs prix. La vente directe reste d’ailleurs le circuit court préféré des consommateurs. Pour les trouver partout en France, rendez-vous sur Acheteralasource.com, le portail qui recense toutes les ventes directes par département.
A savoir. Sur Chapeau-de-paille.fr et Bienvenue-a-la-ferme.com, vous trouverez toutes les cueillettes permettant de ramasser soi-même fruits et légumes, et de plus en plus souvent plantes et fleurs et plantes.
Marchés, magasins, drive
A défaut de pouvoir vous rendre directement chez les agriculteurs et éleveurs, il est également possible de s’approvisionner via un drive fermier, après avoir passé commande auprès d’un ou plusieurs producteurs locaux. La formule réunit plus de 470 points de vente organisés en deux réseaux : drive-fermier.fr (géré par les chambres d’Agriculture) et drive-fermiers.fr.
L’alternative : se rendre dans l’un des 365 magasins de producteurs déjà implantés dans toute la France (magasin-de-producteurs.fr). Sans oublier les marchés de producteurs (marches-producteurs.com)
Frais, local et parfois bio
Lancée au début de l’année par les pouvoirs publics, la plateforme Fraisetlocal.fr vise à renseigner le consommateur sur tous les sites de vente directe de produits agricoles : enseignes locavores, producteurs et magasins de producteurs, etc. La recherche géolocalisée permet d’identifier tous les points de distribution et/ou livraison autour de chez soi.
A savoir. Plus de 10.000 producteurs y sont déjà référencés, y compris un certain nombre d’exploitations labellisées en agriculture biologique.
La bio près de chez soi
En plein boom, la distribution de produits bio en circuit de proximité s’organise elle-aussi. Sur BioToutCourt.com, entrez votre numéro de département pour connaître tous les producteurs qui livrent directement autour de chez vous. Un fois redirigé sur le site de chaque professionnel, vous pouvez comparer les prix, commander et sélectionner un point de livraison.
A savoir. La plateforme bénéficie de l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale », délivré par le ministère de l’Economie.
Vigilance en ligne
La proximité ne prime pas toujours sur les sites spécialisés dans la vente de produits paysans. De plus, le consommateur a tout intérêt à comparer le rapport qualité-prix des produits proposés. Certains intermédiaires prennent en effet des marges importantes – jusqu’à 50%, qui ne sont pas de nature à assurer un revenu correct au producteur et des prix attractifs. Sur ce secteur, Cagette.net se distingue en ne prélevant sur le montant des commandes que la marge nécessaire au fonctionnement du site (1%).
A savoir. Cette plateforme d’achats groupés de produits locaux, bio et/ou équitables regroupe plus de 4000 producteurs.
4 initiatives locales
1/ Vite Mon Marché (Vitemonmarche.fr)
Cette plateforme s’est lancée dans l’Ouest, autour de Nantes, La Roche-sur-Yon, Rennes et Saint-Nazaire, dans la livraison de productions locales – fruits et légumes, crèmerie, viande et poisson, épicerie, etc. Une centaine de producteurs adhèrent à cette initiative.
2/ Bon Plan bio (Bonplanbio.fr)
Ce site recense les produits fermiers biologiques vendus en Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Grand Est et Pays de la Loire. Marchés, fermes, magasins spécialisés, Amap, etc., le choix pour s’approvisionner est large.
3/ Le Court Circuit (Lecourtcircuit.fr)
Dans le Nord et le Pas-de-Calais, ce site permet aux consommateurs d’acheter uniquement les denrées de producteurs de la région et de retirer leur commande dans l’un des points de distribution. Il reverse 83% du chiffre d’affaires aux producteurs et prélève une marge de 11,5 %. L’entreprise bénéficie de la labellisation Programme national pour l’alimentation, délivrée par le ministère de l’Agriculture.
4/ Les dernières-nées
A l’occasion du premier confinement, d’autres plateformes locales sont nées, à l’initiative des collectivités ou des chambres d’agriculture. Comme Plateforme.produits-locaux-nouvelle-aquitaine.fr, Produits-locaux.bzh/fr, Tousoccitariens.fr, Produits-frais-locaux-centre-valdeloire.fr ou encore Departement974.fr/infosagricoles, à La Réunion.
Acheter et contribuer
Sur Biotoutcourt.com, les clients sont invités à accepter un surcoût, à hauteur de 6% de leurs achats. Soit 3€ pour un panier de 50€. Cette contribution sert, notamment, à financer le développement et la maintenance de la plateforme, mise gratuitement à disposition des producteurs. Le site prend également en charge les frais bancaires liés aux transactions. Enfin, 10% de ce surcoût sont utilisés pour l’installation ou encore la conversion de nouveaux producteurs en agriculture biologique, via une association partenaire.
Le même, mais plus près
Trouver le même produit alimentaire directement chez le producteur, les mêmes espadrilles fabriquées au Pays basque ou le même livre en librairie plutôt qu’en ligne. . . , voilà ce que propose Le Même en Local, un outil web à installer sur son navigateur (Chrome, Edge, Opera, Firefox), via le site web Dismoi.io. Gratuite et sans publicité, cette extension ne revend pas les données personnelles des utilisateurs et permet d’identifier, via une notification, les alternatives locales aux produits et services recherchés en ligne.
L’ éclairage de notre experte
Yuna Chiffoleau est directrice de recherche à l’Inrae, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. www.inrae.fr
« L’essentiel des produits vendus en circuit court vient de petites exploitations qui privilégient une production de qualité, mettent en œuvre des pratiques agroécologiques et perçoivent peu de subventions. Pour les produits bruts ou peu transformés, comme les fruits, les légumes, les yaourts, la viande. . . , nos enquêtes montrent qu’à qualité équivalente, les produits vendus en circuit court peuvent être de 5 à 20% moins chers que ceux de la grande distribution. Mais attention, il faut bien comparer ce qui est comparable, non un steak issu d’une race à viande élevée en France avec un produit d’entrée de gamme d’origine étrangère. Ponctuellement, l’écart peut être même beaucoup plus important : jusqu’à – 50% pour les fruits et légumes achetés à la ferme en pleine saison, par exemple. C’est d’ailleurs en achetant chez les producteurs que l’on trouve les meilleurs prix.«
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