Nos compagnons à quatre pattes occupent une place privilégiée dans la maison, y compris au pied du lit conjugal. Mais à bien y réfléchir, cette intrusion dans notre intimité nous freine un peu dans nos élans.
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Exclure notre adorable bichon ou notre somptueux sacré de Birmanie de notre chambre à coucher ? Impensable, la bientraitance animale, ça nous parle ! D’accord, mais peut-être faudrait-il aussi songer à la bientraitance de notre sexualité. « En consultation, ce sujet de l’animal familier gêneur de sexualité est de plus en plus souvent évoqué. Il n’est en effet pas rare que le chien ou le chat fasse écran, au même titre d’ailleurs que les véritables écrans, à une vie sexuelle active », constate Valérie Cordonnier, sexologue.
Un témoin parfois gênant
Certains ne sont absolument pas embarrassés par le fait que leur animal assiste à leurs ébats. Ils ont alors bien d’autres chats à fouetter que de se préoccuper de sa présence ! Ils peuvent même se trouver un brin excités par ce regard extérieur qui vient titiller leurs pulsions exhibitionnistes à moindre risque. Mais d’autres ressentent un vrai malaise lorsque deux yeux scrutateurs se braquent sur eux en pleine action. « Cela arrive notamment lorsque le chien ou le chat est considéré comme une personne. Ses maîtres lui prêtent des comportements et des réflexions proprement humains, allant jusqu’à fantasmer qu’il pourrait juger leurs performances. Bien sûr, ce ne sont que leurs propres doutes qu’ils projettent sur lui, sans forcément en avoir conscience. Lorsque l’animal est envisagé comme un enfant, la gêne à faire l’amour devant lui est encore plus forte, comme si le couple transgressait le plus intouchable des tabous », analyse Valérie Cordonnier. Et si on revenait à un peu de rationalité ? Le regard d’un animal n’exprime que de la curiosité vis-à-vis de l’agitation de ses maîtres sous la couette, peut-être un peu d’inquiétude en cas de gémissements, voire l’envie de participer s’il a l’impression d’un jeu apparemment très réjouissant. Rien de plus !
Un rival encombrant
Quel bonheur de poser ses mains sur le pelage de notre matou ronronnant ! Quel plaisir que les papouilles de notre chien si câlin ! Les contacts avec un animal de compagnie sont simples, gratifiants, sans prise de tête ni effort à fournir. « La plupart des animaux de compagnie sont très en demande de caresses, toujours disponibles pour recevoir et donner de la tendresse au moment où l’on en a envie. Avec eux, pas de frustration ni l’impression d’être en décalage mais un sentiment de plénitude », observe la sexologue. À tel point que parfois, cette petite bête comble en grande partie nos besoins affectifs et tactiles, sans plus laisser trop de place à l’éclosion d’un désir sexuel. Car admettons-le, la sexualité, c’est beaucoup plus compliqué (et fatigant !) que ça. « Entretenir le désir sexuel dans un couple au long cours est exigeant, cela nécessite de l’implication, de la volonté et de la créativité. Encore plus à une période de la vie où la libido n’est plus soutenue par les hormones. La nature humaine étant prédisposée à la paresse, la tentation du repli facile sur la sphère animale peut donc exister », insiste Valérie Cordonnier.
Un alibi bien pratique
Quand l’animal, non content de s’installer aux pieds de ses maîtres bien aimés, remonte vers le haut du lit jusqu’à faire barrière entre eux, sans qu’aucun n’esquisse le moindre geste pour le déloger, on peut sans doute parler d’un alibi fort commode. Impossible en effet de se rapprocher quand un tas de poils fait obstacle ! Si les deux trouvent leur compte dans cette impossibilité à faire l’amour savamment organisée par animal interposé, pourquoi pas… Mais ayons bien conscience qu’une fois cette habitude installée, il sera difficile de revenir en arrière. « En laissant un animal trop prendre ses aises au sein même du lit conjugal, on entérine en quelque sorte la fin de la sexualité dans le couple, sans même se donner une chance d’en parler et de questionner cette perte de désir. En se colletant au sujet, on aurait peut-être trouvé des solutions », explique notre spécialiste.
Une occasion de rapprochement ?
Cela vaut donc la peine de nous interroger sur la place que notre animal familier tient dans notre cœur, notre couple et notre chambre à coucher. Commençons déjà par poser la question à notre conjoint – plutôt que de lui imposer cette situation sans même lui demander son avis : est-ce que cela te gêne que Médor (ou Félix) dorme avec nous ? Et entendons ses réticences s’il en émet. Peut-être peut-on réviser à deux les règles de cohabitation nocturne avec l’animal et ne le faire rentrer dans la chambre qu’en deuxième partie de soirée. Ou le faire sortir de la pièce au petit matin avant de se recoucher. Pour au minimum créer un espace favorable à la survenue de la sexualité. Cela nous fend le cœur de congédier l’infortunée bête qu’on a sciemment laissée s’installer et qui n’a rien fait de mal ? « On peut s’amuser à contourner “l’obstacle” et à aller faire l’amour dans la chambre d’amis ou sur le canapé du salon. Il y aura un côté jouissif à prendre la poudre d’escampette pour fuir le supposé censeur ! », sourit la sexologue. N’est-ce pas aussi follement romantique qu’un amour capable de triompher de toutes les embûches ?
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