Musique : "Le blues peut être un moyen de se confier, comme si on parlait à un ami", avoue Michel Jonasz pour la sortie de son nouvel album

Michel Jonasz fait partie de ces artistes aux multiples casquettes. Tour à tour acteur, auteur, compositeur, interprète, il est le fameux « Mister Swing » et sa carrière ressemble à sa fabuleuse histoire. Amoureux des notes, amoureux des mots, habité par la musique, celle qui claque, qui swingue, qui résonne, il a apporté sa pierre à l’édifice, aux édifices d’ailleurs de la chanson française, du jazz, de la musique tzigane et enfin du blues. Ce vendredi 27 janvier 2023, Michel Jonasz sort un nouvel album inédit, le dernier volet de son triptyque consacré aux hommages qu’il souhaitait rendre à ses inspirations musicales, Chanter le blues. Il est notamment en tournée dans toute la France.

franceinfo : Le blues, c’est plus qu’un style musical. Est-ce que c’est un langage ?

Michel Jonasz : Si vous regardez la définition dans les dictionnaires, ils disent que c’est une complainte. Je crois bien à ça, mais pour moi, c’est comme si on avait besoin de parler, de se raconter, de parler à un ami parce qu’on a des choses à confier, à dire et que le fait de se confier, de se parler, d’avoir une écoute, une oreille fait déjà du bien. Le blues peut être un moyen de se confier comme si on parlait à un ami.

La chanson française, la musique tzigane, et puis maintenant le blues, ce sont vraiment vos socles. Ce sont aussi ces trois entités qui vous ont permis de vous construire. C’était un hommage que vous rendiez à la musique, certes, mais aussi à celles et ceux qui vous ont fait devenir l’homme que vous êtes devenu. C’est aussi cette histoire-là, familiale, cette histoire d’espoir que vous avez envie de raconter ?

Je l’ai racontée très concrètement à travers la pièce de théâtre Abraham, en 2009, dans laquelle j’incarnais mon grand-père maternel que je n’ai pas connu puisqu’il a été déporté avec sa femme et quatre de ses enfants. Et donc c’était effectivement aussi ça le volet de l’hommage à la musique tzigane puisque je chantais dans cette pièce. J’avais été en Hongrie pour enregistrer des musiciens hongrois et tziganes. Donc oui, vous avez raison, c’est tout ça. Plus que les sources d’inspiration musicale, il y a surtout dans quel état émotionnel j’étais quand j’écoutais cette chanson. C’est ça la vraie influence. Quand je voyais mes parents ou mes grands-parents avec le visage qui changeait en écoutant la musique, je voyais cette force de la musique. Et quand j’ai écouté le rock ‘n’ roll, moi, adolescent, ça me ressemblait. On avait ce respect très important, très fort pour tous ceux qui nous avaient précédés, mais en même temps, nous, ado, notre musique, c’était le rock ‘n’ roll.

Ce qui ne change pas quand on vous entend chanter, c’est qu’à travers votre voix, on découvre encore vos yeux d’enfant. C’est-à-dire qu’il y a l’homme qui a grandi, qui est devenu ce qu’il est devenu, mais il y a toujours ce moment d’émerveillement, cet amour pour la musique.

C’est touchant ce que vous me dites, c’est émouvant parce que ce ne sont pas des choses que je dévoile avec mes mots, oralement. Mais vous avez raison.

Ce qui fait que je suis resté un môme, c’est que j’ai gardé ce qui fait la richesse de l’enfance, cette capacité à s’émerveiller, à vivre l’instant présent avec enthousiasme et intensité. C’est ça aussi la musique !

à franceinfo

Vous vous êtes cherché très longtemps. Vous avez touché à la peinture, à la musique, au théâtre aussi. C’était important de devenir un artiste accompli dans sa globalité ?

Ce n’est pas comme ça que je l’ai vécu au début. Tout ce que je sais, c’est que quand j’ai quitté l’école, à 15 ans, ça ne me plaisait pas et que je me disais : il faut que je trouve un boulot. Il fallait que je me sente libre. Je crois qu’instinctivement, je me disais : un artiste, il est libre, mais je ne savais pas quoi faire. Donc j’ai commencé avec la peinture parce que j’aimais les impressionnistes comme Van Gogh, de Vlaminck, Manet. Et puis j’ai pris des cours de dessin.

Avant de faire de la musique, j’ai commencé par prendre des cours de dessin puis d’art dramatique. Ce sont les années 60 avec la musique qui m’ont emportées, ça m’a pris.

à franceinfo

Avec la génération yéyé, où il faut savoir faire du blues, du rock ‘n’ roll. On se rend compte surtout que vous avez vraiment l’âme rock ‘n’ roll !

C’est la musique qui m’a donné envie d’en faire. Je le dis toujours, c’est pas du tout le jazz. Je suis fier d’avoir su préserver cet enthousiasme, ce plaisir bêtement physique des débuts où je me retrouvais sur la scène du Golf Drouot d’Henry Leproux ou bien dans d’autres lieux et de faire du rock ‘n’ roll. Mais pas seulement. Ce plaisir aussi d’être sur une scène avec d’autres, de faire de la musique ensemble, et puis de voir que ça déclenche quelque chose chez ceux qui écoutent et qui regardent. Ça, je suis fier de ne pas l’avoir perdu, mais je pense vraiment que je le voulais et que je me suis programmé. Je me suis dit : ça, ce truc-là, je ne veux pas le perdre parce que je sais que si je le perdais, je serais suffisamment vigilant pour me dire, il y a quelque chose qui ne va plus.

Michel Jonasz est en tournée, il sera par exemple, le 28 janvier à Courbevoie, le 5 février à Tours, le 18 à Toulouse, le 16 mars à Aix-en-Provence, les 25 et 26 à Paris, etc…

Source: Lire L’Article Complet