Dans Oxygène, thriller d’anticipation claustrophobe, tourné juste après le premier confinement et diffusé mercredi 12 mai sur Netflix, l’actrice Mélanie Laurent suffoque, enfermée dans un caisson de cryogénisation. Pour cette production maison, le géant américain de la vidéo en ligne a fait retravailler en France le réalisateur tricolore Alexandre Aja qui a imposé sa patte et son esthétique léchée dans des films de genre à Hollywood (de Piranha 3D à Crawl).
« Un rôle tourné à l’instinct »
Dans Oxygène, Mélanie Laurent y joue allongée dans un caisson de la taille d’un cercueil, d’un bout à l’autre des 100 minutes cauchemardesques du film. Son personnage, enfermé avec pour toute compagnie la voix d’un assistant numérique personnel (celle de Mathieu Amalric), tente de reconstituer le puzzle de son passé pour s’évader. Mais l’oxygène vient peu à peu à manquer. Suffocation, crise de panique, angoisse, larmes…. « Un rôle tourné à l’instinct« , confie en souriant l’actrice qui, à 38 ans, ne s’est « jamais sentie aussi fatiguée » de toute sa vie que devant la caméra d’Alexandre Aja.
« J’ai rampé jusqu’à mon lit tous les soirs« , mais avec « ce sentiment que j’ai eu très peu de fois dans mon métier d’actrice, de déplacer des montagnes, d’être allée dans des endroits où je n’ai jamais été« , confie-t-elle lors d’une interview en visio.
« Caisse de résonance avec l’actualité »
Tourner un film de survie à l’été 2020, en profitant du fait que la France est l’un des premiers pays où les tournages ont repris, « il y avait un effet miroir assez fascinant« , se souvient Alexandre Aja, dont le film aborde la quête d’identité, ou notre rapport à l’intelligence artificielle. Le scénario a été écrit bien avant la crise sanitaire, mais « il y avait une caisse de résonance tellement énorme avec l’actualité (…) que c’est devenu une sorte d’évidence, de nécessité d’aller explorer ce voyage« , poursuit le réalisateur de 42 ans, qui pensait à l’origine confier le rôle à une actrice anglo-saxonne. Avant que la crise sanitaire ne le décide à tourner dans les environs de Paris.
Quant à Mélanie Laurent, elle sortait d’un premier confinement passé à la campagne, ses projets en pause pour cause de pandémie, et « avait très envie (…) d’avoir un rôle très fort« , confie-t-elle à propos des 25 jours de tournage très physique, tout en contorsions dans un espace exigu. « Il y avait ce truc complètement fou, de faire des journées d’une telle intensité, plongé dans le noir, et de retrouver le soir la canicule en août, en plein déconfinement, où la vie avait repris de manière presque trop normale et trop folle« , se remémore-t-elle.
« D’habitude, quand on est acteur, on a toujours des respirations, le temps de penser à autre chose… Là, on vivait ça non-stop », poursuit l’actrice, qui dit faire « partie de ces gens qui peuvent être à 100 000% sur un film sans s’empêcher de se parler du prochain…« .
Nouveau projet pour Amazon Prime
Depuis sa révélation en 2006 dans Je vais bien, ne t’en fais pas, elle a enchaîné les tournages, passant par la réalisation (dont le documentaire à succès Demain, avec le militant écologiste Cyril Dion), et faisant une partie du chemin aux Etats-Unis, après son rôle chez Tarantino dans Inglourious Basterds (2009). Elle s’était fait plus rare récemment. L’année 2021 est celle du retour, par les plateformes. Outre « Oxygène« , son prochain projet lui a été confié par Amazon Prime, pour les débuts du géant américain dans la production de films français : l’adaptation du roman de Victoria Mas Le Bal des Folles, où elle partage l’écran avec Lou de Laâge.
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