Mincir en dormant, c’est possible ?

Nombre de crèmes minceur revendiquent une plus grande efficacité la nuit. Mais le sommeil est-il réellement favorable à la fonte des amas graisseux ? Et a-t-on besoin d’un produit cosmétique pour bénéficier de ce coup de pouce de Morphée ?

Le récit marketing des crèmes amincissantes surfe sur la notion de chronobiologie. Le principe : selon le moment de la journée où le produit est appliqué, notre peau serait plus ou moins réceptive et les actifs cosmétiques plus ou moins efficaces. Il est vrai que notre corps est soumis à des rythmes biologiques. Nos organes ne fonctionnent pas de nuit comme de jour.

« Lorsque nous dormons, l’organisme récupère, explique Mounir Chennaoui, chef de l’unité fatigue et vigilance de l’IRBA*. La peau se régénère, les muscles évacuent les toxines, le système cardiovasculaire se repose, le système immunitaire se renforce. » Mais force est de constater qu’aucune véritable étude scientifique n’a réussi à prouver qu’une crème redouble d’efficacité à ce moment-là. En revanche, le sommeil est un allié minceur en lui-même, avec ou sans crème.

Plusieurs études épidémiologiques ont établi un lien étroit entre la corpulence et le nombre d’heures consacrées au sommeil. Ainsi, les « petites dormeuses » (5 h ou moins par 24h) possèdent un indice de masse corporelle (IMC) supérieur en moyenne à celui des « bonnes dormeuses » (7h ou plus par 24h). Après seize années de déficit de sommeil, l’écart se creuse de plus en plus : une différence de 5 à 15 kilos peut apparaître sur la balance.

La nuit, un déstockage naturel a lieu

« La nuit est le seul moment où l’organisme échappe à la tyrannie de l’insuline car le pancréas est au repos », souligne le Dr Laurent Philip Martinez dans son livre Maigrir pendant son sommeil (éd. Albin Michel). En d’autres termes, les cellules adipeuses acceptent plus facilement de perdre leurs réserves.

Lorsque nous sommes en état d’éveil, elles sont verrouillées par l’insuline : elles emmagasinent des triglycérides mais rechignent à déstocker, même si le corps manque d’énergie. Par contre lorsque nous jouons les loirs, elles deviennent moins rétives et libèrent le carburant nécessaire au métabolisme nocturne, notamment au maintien de la température corporelle, autour de 36°C. 

Si nous dînons ultra léger, les adipocytes se délestent donc un peu au fil de la nuit et déversent des lipides dans le sang pour fournir de l’énergie aux cellules qui en ont besoin. On brûle ainsi 500 kcal environ durant une bonne nuit de sommeil.

Le manque de sommeil, le pire ennemi du corps

Enchaîner des nuits courtes détériore les signaux physiologiques de la faim et de la satiété. Des chercheurs de l’université de Chicago ont en effet démontré que l’estomac des petites dormeuses produit plus de ghréline, une hormone qui aiguise l’appétit, surtout envers les aliments gras et sucrés. Mieux reposé, il est donc plus facile d’être à l’écoute de ses besoins et de ne pas avaler plus de nourriture que nécessaire.

S’octroyer des nuits plus longues – de 8 h idéalement – favorise donc la stabilisation du poids. Appliquer une crème sur son ventre ou ses cuisses avant de se glisser sous la couette peut certes instaurer un rituel qui facilite l’endormissement. Mais de là à imaginer qu’il va accélérer le déstockage nocturne, il y a un pas… difficile à franchir. De plus, les produits cosmétiques ne sont pas censés pénétrer jusque dans les tissus profonds, là où se logent les amas de graisse. Leur action est par nature superficielle : ils raffermissent la peau et atténuent l’effet « peau d’orange », mais ils ne font pas perdre de poids. Une étude 2018 réalisée par un laboratoire indépendant à la demande de l’UFC-Que Choisir montre que leur impact sur la cellulite est également insignifiant.

Notons également que le surpoids est multifactoriel, il n’est donc pas obligatoirement lié au sommeil ou à l’alimentation et n’est pas nécessairement un signe de mauvaise santé. Si l’on souhaite perdre du poids, la meilleure chose à faire – outre dormir 8 h par nuit, ce qui est excellent dans tous les cas – est de consulter un diététicien nutritionniste.

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*Institut de Recherche Biomédicale des Armées



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