Lucien Jean-Baptiste : ce projet ambitieux et très personnel qu’il compte toujours mener à bien

Dans La Traversée, en salles depuis le 29 juin, il joue un éducateur coincé en pleine mer avec des jeunes déscolarisés et un ex-flic de la BAC.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter à bord de ce bateau ?

Lucien Jean-Baptiste : Je suis un gars des îles et je vais emménager en Vendée, la navigation, ça me connaît ! Plus sérieusement, la force de ce film est de ne pas véhiculer les clichés sur les flics et les jeunes des cités et de ne pas les faire s’affronter. Là, ils se retrouvent au milieu de la Méditerranée pour une virée de quinze jours sur un bateau, et ils doivent avancer ensemble. C’est un film sur la communication et la réconciliation. Ces valeurs me tiennent à cœur.

Éducateur spécialisé, c’est une profession que vous auriez pu exercer ?

Bien sûr ! J’ai été moniteur de colonies de vacances dans ma jeunesse. J’ai emmené énormément de gamins à la montagne. Je parle souvent avec des éducateurs des quartiers sensibles. Ils m’avouent baisser les bras, faute de moyens et parce que l’époque est devenue plus dure. On a l’impression qu’en haut lieu, il y a une volonté de laisser ces jeunes s’enfoncer dans des situations de crise. Je trouve que c’est terrible ! Mais comme le film nous le dit, il ne faut pas perdre espoir. Il faut continuer à dialoguer.

Qu’en est-il de votre projet de film sur votre enfance en banlieue dans les années 1970 ?

Il est toujours en chantier. Je voulais parler de cette génération que j’appelle "les premiers". On arrivait de loin, avec une couleur de peau différente. Bien sûr, on était confrontés au racisme mais on avait en tête que nos parents s’étaient sacrifiés pour que l’on ait une vie meilleure. Nous étions pleins d’espoir même si les institutions nous freinaient en nous disant de rester à notre place.

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