- La Cinémathèque française a ouvert une exposition consacrée à Louis de Funès.
- L’exposition revient sur la carrière et les succès de l’acteur, mais aussi sur les sources de son génie comique hors du commun.
- Louis de Funès fait partie du patrimoine culturel français au même titre que Molière.
La Cinémathèque de Paris consacre pour la première fois une exposition à un acteur : l’emblématique Louis de Funès.
Une rétrospective sur la grande carrière de celui qui réussi à moquer les hiérarchies sociales et les forces du pouvoir dans un jeu toujours cocasse. Mis à l’honneur dans ce « lieu sacré » des cinéphiles,
l’acteur comique populaire autrefois boudé par les critiques et les auteurs s’installerait-il définitivement au Panthéon du cinéma français ?
Une visite à la Cinémathèque française (avant le 31 mai 2021) devrait suffire à vous en convaincre.
Unique talent comique
Déjà dans l’ascenseur, d’étranges bruits nous font tendre l’oreille. Oui, c’est bien Louis de Funès en train d’imiter la poule. A peine franchi le pas de l’entrée, « Foutez-moi l’camp ! », « Paf ! » « Ma biche ! » « C’est fini oui ? ! » s’inscrivent sur les murs de l’exposition. Films après films, Louis de Funès avait l’habitude de rejouer ces expressions avec le même entrain. Aujourd’hui devenues cultes, il suffit de les lire ces exclamations pour que le personnage se dessine.
Première amorce dans l’univers de Funès, on découvre ensuite les héros qui l’ont inspiré : Laurel et Hardy, Buster Keaton, Chaplin. Leur expressivité, leur rythme et leur comédie ont eu une forte influence sur son jeu d’acteur. Contorsionniste du rire, sa fantaisie plastique et son patrimoine génétique l’ont rendu célèbre « presque jusqu’à en faire un personnage d’animation » ajoute le commissaire d’exposition Alain Kruger. Celui qui d’un rien fait rire est devenu un monument du cinéma français. Attention, il va pleuvoir une liste de noms de films et cinéastes cultes…
Au sommet du box-office
Dans une salle obscure, La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara est projeté. Aux côtés de Jean Gabin et Bourvil,
De Funès signe là son premier rôle au cinéma en 1956. La scène mythique du film se déroule, immortalisée par une photographie accrochée sur les murs de l’exposition d’un homme en train de faire répéter son texte à l’acteur principal : le cochon de marché noir que Jambier, incarné par de Funès, doit transporter à travers la capitale. Première consécration cinématographique, après avoir enchaîné les petits rôles, la carrière de l’acteur est lancée.
Salle illuminée, teintée d’orange, habillée d’un mobilier années 1950-60 et d’une partie de la voiture du film culte Fantomas, on plonge maintenant en pleines Trente Glorieuses, époque marquée par les succès de l’acteur. En sept ans à peine, Louis de Funès est à l’affiche de quelque 80 films. Avec ses amis de la troupe des Branquignols, tous enfants du jazz et de la guerre, il jouera dans Ah, les belles bacchantes qui connaîtra un succès notable en 1954.
Par la suite, marqué par sa rencontre avec Gérard Oury sur les planches dans les années 1940, il suggérera plus tard au réalisateur d’opter pour la comédie. Ensemble, ils tourneront leurs meilleurs films dont Le Corniaud (1965), La Grande Vadrouille (1966), La Folie des grandeurs (1971), Les Aventures de Rabbi Jacob (1973). Dans ces films, de Funès incarne l’ère de son temps, du gaullisme au pompidolisme. Par son « goût pour le travestissement via ses costumes et son corps théâtral », il joue, raille et caricature à la fois les puissants qu’il interprète. Lui qui « faisait monter les gens sur des escabeaux pour montrer à quel point il était petit » est désormais au sommet du box-office sans savoir qu’il marquera les esprits pour longtemps encore.
« Molière, comédien, devait jouer comme ça »
Amours, amis, cinéma… L’exposition pensée par le commissaire Alain Kruger n’est « non pas rythmée par un sens chronologique mais par des séquences émotionnelles ». Elle met à l’honneur les plus grands succès de l’acteur et les personnalités qui l’ont accompagné tout au long de sa carrière. Jusqu’à l’inabouti Le Crocodile de Gérard Oury, qui ne verra jamais le jour suite au décès de Louis de Funès puis de Peter Sellers.
« Molière, comédien, devait jouer comme ça » dit de lui Jean Anouilh après son interprétation dans l’Avare. Figure populaire, interculturelle et intergénérationnelle, « difficile de croire qu’il est mort il y a 37 ans déjà » remarque le commissaire d’exposition à la fin de sa visite. Qu’importe l’âge ou l’époque, le génie burlesque de Louis de Funès continue de séduire, de réjouir.
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