- Quatre « baby concerts » ont été programmés par l’Orchestre national de Cannes tout au long de la saison 2022-2023.
- « Ce qu’on leur propose, c’est un premier contact avec la vraie musique acoustique, explique le directeur musical Benjamin Levy. C’est une très très bonne chose pour une génération qui sera sans doute encore un peu plus déconnectée de ces vibrations, des instruments en live. »
- Parmi les spectateurs, Django, même pas un an, est « resté subjugué » pendant les trente minutes du concert, selon sa maman.
Samedi matin, dans la salle des Arlucs, aucun des parents présents n’a été pris en flagrant délit de sieste. « Pourtant, c’est aussi pour eux et pour ça qu’on a imaginé ces spectacles », plaisante Benjamin Levy. Le directeur musical de l’Orchestre national de Cannes vient tout juste de sortir de scène et de saluer son inhabituel public du jour, à l’issue du deuxième des « baby concerts » programmés pour la première fois cette saison. Trente minutes de classique, choisies spécialement pour les bébés.
« Ce qu’on leur propose, c’est un premier contact avec la vraie musique acoustique. Nous ne sommes pas les premiers. Aux Etats-Unis, la violoniste Hillary Hahn a beaucoup joué devant des tout-petits. C’est une très très bonne chose pour une génération qui sera sans doute encore un peu plus déconnectée de ces vibrations, des instruments en live, avance le chef. C’est aussi un moment que les papas et les mamans, plutôt bloqués à la maison les premières années, peuvent partager avec leurs enfants à l’extérieur. Quitte même à en profiter pour dormir un peu, pour rattraper les mauvaises nuits. »
« C’est autre chose au niveau de l’ambiance »
Django, lui, n’a pas piqué du nez une seule seconde. Ce petit bout de même pas un an est « resté subjugué ». « D’habitude, il bouge pas mal. Mais là, il est resté très calme au moins pendant les deux ou trois premiers morceaux », explique Laura, la maman de ce petit habitant de Mouans-Sartoux, tout près de Cannes. Manael, 10 mois cette semaine, aussi, est resté captivé. Il faut dire que la musique classique, il en entend déjà à la maison. « Son papa est dans l’orchestre, le clarinettiste François Draux, explique Emilie, sa mère. Mais il n’avait jamais participé à des concerts et je crois que ça lui a beaucoup plu. Il n’a pas cherché à faire autre chose. »
Tous ne sont pas restés aussi sages. Sur le parquet de cette salle de l’ouest cannois, d’habitude très solennelle, on a vu de jeunes spectateurs danser avec leurs parents, se balader à quatre pattes et même se rouler par terre pendant que les musiciens déroulaient leur programme : Tchaïkovski, Mozart, Anderson ou encore Strauss.
« Et c’est tant mieux. Tout ça, c’est de la vie. L’interaction est très différente. C’est clairement autre chose au niveau de l’ambiance, sourit Florent Bontron, flûte solo de l’orchestre. Mais, le cérémonial dans la musique classique, c’est récent. Au XVIIIe, au XIXe siècles, les gens applaudissaient, réagissaient. On y revient un peu grâce à ces concerts particuliers. »
« C’est une super initiation »
« On entend des gazouillis, des pleurs quelques fois, poursuit Benjamin Lévy. C’est très intéressant comme exercice. Et puis, l’échange est peut-être un peu plus spontané ». Entre les morceaux, le directeur musical s’emploie aussi à parler des instruments, à donner quelques informations sur les musiques qui sont jouées.
« C’est une super initiation », témoigne Sandrine, la grand-mère d’Elisa, 20 mois, venue assister au concert depuis Fayence, et le département voisin du Var. Deux autres « baby concerts », gratuits pour les moins de 10 ans et proposés à 8 euros en tarif plein, sont encore prévus cette saison : le 18 mars (déjà complet), et le 3 juin. C’est un vrai succès. « On réfléchit déjà à doubler les séances, précise encore Benjamin Levy. Car, à chaque fois, on a été obligé de refuser du monde. »
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