Plus de mystère à l’Opéra national du Rhin (ONR) à Strasbourg. Après de multiples échanges et réflexions ces trois dernières années de la Mission d’information et d’évaluation (MIE), la maire Jeanne Barseghian a annoncé jeudi que l’ONR allait faire l’objet « d’un vaste chantier de rénovation et de restructuration ». Avec « l’ambition de transformer notre charmant théâtre municipal en une maison d’opéra contemporaine à la hauteur de notre capitale européenne ».
Les travaux débuteront en 2026 pour une durée de trois ans. Et pour que le spectacle puisse continuer, des saisons « hors les murs » restent encore à penser, imaginer. Une opportunité selon Alain Perroux, directeur de l’ONR, pour « s’ouvrir à des publics nouveaux, aller à la rencontre d’autres publics que celui des abonnés acquis à la cause ». Reste que pour l’instant, aucun lieu n’a été identifié en particulier.
Des années pour se décider
Pièce maîtresse de la place Broglie à Strasbourg, célèbre pour ses colonnes classées aux monuments historiques depuis 1921 et sa salle à l’italienne, le bâtiment est devenu vétuste et incapable en l’état d’accueillir l’opéra du XXIe siècle. L’annonce d’une rénovation et de la restructuration de l’existant met ainsi fin à des années d’hésitations, sur la forme et sur le fond, du projet même s’il demande encore réflexion : quel est le projet culturel en lien avec les autres équipements culturels de la ville ? Quelles synergies à l’échelle régionale, transfrontalière, européenne ?
Peu importe, la décision « politique » de la maire Jeanne Barseghian était promise et très attendue. Car voilà plus de vingt ans que les différents exécutifs strasbourgeois se refilent la patate chaude, l’épineux et complexe dossier, avec pour première nécessité sa mise en conformité. L’accueil du public y est en effet déconseillé par les commissions de sécurité depuis 1997 et l’opéra avançait à coups de dérogations.
Bien sûr, pour parer à l’urgence, les équipes municipales successives avaient réalisé des travaux, dont une mise en sécurité partielle en 2005 avec l’ajout d’un bâtiment et de deux escaliers provisoires. Puis entre 2010 et 2012 avec le renforcement des systèmes de levage au-dessus de la scène et la rénovation de la toiture et de la galerie des colonnes. Insuffisant. Exiguïté du lieu, contraintes techniques, accessibilité, le majestueux opéra était à bout de souffle.
En 2021, la mission d’information et évaluation avait rendu ses premières conclusions et proposait deux options : l’inévitable mais coûteuse remise en sécurité avec une rénovation et extension du bâtiment, difficile car l’espace est contraint, ou la remise en sécurité du bâtiment actuel et la construction d’un nouvel opéra en dehors du centre-ville. Autre option qui tenait la corde bien que très onéreuse car estimée à plus de 200 millions d’euros !
Où sera placé le curseur ?
La maire a donc tranché. Reste maintenant à décider, comme l’a souligné à plusieurs reprises Jeanne Barseghian, où sera placé le curseur. « Si l’on ne tient compte que « d’une simple » remise en sécurité des lieux, le coût serait de 25 millions d’euros. Mais si la rénovation est plus large, avec des extensions, peut-être sur la place du Petit Broglie, le coût pourrait atteindre les 65-70 millions d’euros, voire plus », estime-t-elle. Un investissement qui dépendra bien entendu du modèle économique et financier multipartenarial. De ça dépend la jauge, actuellement de 1.200 places assises et qui pourrait être augmentée, de la fosse d’orchestre inadaptée, de la possibilité ou non d’élever la scène, de créer une salle de répétition pour les danseurs… Pour que l’opéra se remette, pour les décennies à venir, définitivement en scène.
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