L’incontinence urinaire à l’effort, un mal bien connu des sportives

Une enquête, menée par le journaliste Thomas Héteau pour le magazine L’Équipe, lève le voile sur l’incontinence urinaire à l’effort des sportives. Un sujet aussi tabou que répandu dans le milieu, notamment dans le très fermé sport de haut niveau.

Pour une enquête à paraître dans l’édition du week-end du magazine L’Équipe, le journaliste Thomas Héteau s’est intéressé à un sujet tabou, mais répandu dans le sport : celui de l’incontinence urinaire d’effort (IUE) des sportives de haut niveau. 

Toutes les sportives peuvent être concernées

« Beaucoup l’ignorent, très peu en parlent, mais l’incontinence urinaire d’effort n’est pas une pathologie uniquement liée au vieillissement ou réservée à la femme multipare (une femme qui a accouché plusieurs fois), détaille-t-il. Elle touche aussi la jeune femme active, sportive et en bonne santé. Pour celle-ci, le phénomène intervient lors d’une activité physique accompagnée d’une hyperpression intra-abdominale  et il est le plus souvent la conséquence d’une faiblesses des muscles du périnée. »

Interrogée pour les besoins de l’enquête, La Dre Carole Maitre, gynécologue à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP), précise que cette pathologie toucherait « environ 15% des sportives ‘de loisir’ (…) contre 20 à 70% des athlètes de haut niveau en fonction des sports. »

En effet, toutes les disciplines ne sont pas concernées, celles dites « à impact » (course à pied, saut d’obstacles, gymnastique) augmentant plus fortement les chances de développer une IUE que les autres. 

Ponctuées de témoignages d’athlètes de haut niveau confrontées à ce problème, l’article montre que la parole sur le sujet se libère malgré tout. Plusieurs solutions s’offrent désormais aux sportives pour en venir à bout et des mesures sont également mises en place du côté des fédérations. 

Les règles, l’autre tabou du sport

En 2017, le journal L’Équipe publiait une enquête sur un autre tabou dans le milieu du sport : les règles. 

« C’est un sujet dont il faut absolument parler et qu’il faudrait plus étudier, leur avait alors confié la recordwoman du marathon Paula Radcliffe. Car il est lié à toute l’activité de la sportive d’élite, sa planification de l’entraînement, les incidences sur les compétitions, la récupération, le mental. Cette réflexion est indispensable pour atteindre le maximum dans sa carrière. »

À l’époque, Carole Maitre, qui avait elle-même mené une étude sur le sujet entre 2008 et 2009, expliquait que 37% des sportives considéraient la douleur des règles comme une gêne à leur activité et nécessitait un traitement, tandis que 64 % pensaient que le syndrome prémenstruel diminuait significativement leur performance.

Plus récemment, les joueuses de l’équipe féminine américaine de football, vainqueur du Mondial féminin 2019, expliquaient avoir bénéficié d’un entraînement prenant en compte leur cycle menstruel avant et pendant la compétition. 

Espérons que la médiatisation de ces sujets permette enfin une prise de conscience plus large (c’est-à-dire en dehors du milieu fermé du sport de compétition) sur les aléas « naturels » auxquels sont confrontées les femmes, et que cela fasse avancer leur cause dans le sport. Et ailleurs. 

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