En seulement 35 ans d’existence, la benjamine des quatre Fashion Week a donné naissance à d’innombrables talents. Voici l’histoire de la Fashion Week de Londres…
Chacune des quatre grandes capitales de la mode possède une atmosphère bien à elles : Londres mise sur une imagination sans bornes, des designers espiègles et audacieux, et des défilés scandaleux à la frontière entre l’artistique et le commercial. Du moins, c’est l’image que l’on prête à la capitale britannique. Bien entendu, aucune de ces villes (qui accueillent d’innombrables designers lors de leurs deux Fashion Week annuelles) ne rentre parfaitement dans la case qu’on lui attribue. La réalité montre une bien plus grande diversité. Néanmoins, l’histoire de la Fashion Week de Londres semble bien confirmer son goût pour l’audace et l’ironie. Des Swinging Sixties, caractérisées par Mary Quant, Ossie Clark, et la marque Biba de Barbara Hulanicki, en passant par les provocations punks de Vivienne Westwood et les shows dramatiques d’Alexander McQueen, Londres possède une longue tradition de designs extraordinaires. C’est aussi la plus jeune des grandes Fashion Week, officiellement née il y a 35 ans.
© Silverside/ANL/Shutterstock
Les débuts de la Fashion Week de Londres
Plusieurs personnes revendiquent la création de la LFW. Parmi elles, le chargé de relations publiques Percy Savage, qui avait aidé à booster la carrière de Lanvin et d'Yves Saint Laurent à Paris avant de rejoindre Londres en 1974. Le journaliste australien avait organisé son premier défilé londonien, The New Wave, au Ritz, avant d’enchaîner avec les London Collections, présentant des designers tels que Zandra Rhodes et Bruce Oldfield, et attirant au premier rang la princesse Margaret ou encore Bianca Jagger. Mais c’est au cours de la décennie suivante qu’est née la Fashion Week de Londres telles que nous la connaissons aujourd’hui, avec la création du British Fashion Council (BFC) en 1983, suivie de la première Fashion Week londonienne officielle en 1984. Le premier Designer of the Year Award, apparu la même année, fut remis à Katharine Hamnett – qui a plus tard fait sensation en posant à côté de Margaret Thatcher dans un T-shirt portant un message anti-nucléaire. Une action militante qui eut le résultat escompté, puisque Margaret Thatcher aurait poussé un petit cri de surprise, immortalisé en image par les photographes présents.
© Keystone
La première LFW eut lieu dans un parking. Le parking du Commonwealth Institute dans le quartier de Kensington, pour être exact. Pendant le reste des années 1980, ce site ainsi que le Kensington Olympia accueillirent des designers tels que Ghost, Betty Jackson, Jasper Conran, et un jeune John Galliano (qui a fait défiler pour la première fois Kate Moss, âgée de 15 ans, dans son défilé de 1989). A cette époque, la scène mode londonienne puisait fortement son inspiration des clubs, des contre-cultures, et du design avant-gardiste. Des labels culte comme BodyMap, avec ses formes distinctives et la diversité de ses mannequins, ont ainsi ouvert la voie à des changements essentiels au sein de l’industrie, que certaines marques ont encore du mal à appliquer aujourd’hui. Mais la scène mode avait le sceau d’approbation de l’establishment – la princesse Diana ayant même organisé une réception pour certains designers dans le manoir de Lancaster House en 1985, et porté des pièces de designers britanniques lors d’apparitions publiques en Angleterre comme à l’étranger.
© Shutterstock
Les années 1990 : des hauts et des bas
Les années 1990 n’ont pas été faciles pour la Fashion Week de Londres. En raison du déclin économique du pays et d’une popularité en baisse, peu de designers présentèrent leurs collections au Ritz en 1992. Pourtant, c’est également à cette époque que sont apparus de nouveaux noms tels qu’Alexander McQueen et Stella McCartney, avec leurs premiers défilés en 1992 et en 1995 respectivement. La collection de la créatrice n’avait rien d’une collection de fin d’études ordinaire, Stella McCartney faisant défiler pour l’occasion ses amies et supermodels Kate Moss, Yasmin Le Bon, et Naomi Campbell.
© Sheridan Morley/News UK/Shutterstock
En 1993, Naomi Campbell participe aussi à un moment mémorable de la Fashion Week de Londres en foulant le podium seins nus pour Philip Treacy. C’est cette même année, à Paris, qu’elle trébuche du haut des vertigineuses plateformes bleues signées Vivienne Westwood. L’année 1993 voit aussi la création du programme NEWGEN du BFC, qui vise à soutenir les designers émergents. Puis en 1994, la Fashion Week de Londres déménage pour présenter la plupart des collections au Natural History Museum. Et bien que Londres ait perdu certains de ses plus grands talents – Alexander McQueen a rejoint New York à la fin des années 1990, et d’autres designers ont été recrutés par des maisons françaises au début des années 2000 – d’autres marques s’épanouissent, telles que Matthew Williamson, John Rocha, et Julien Macdonald, qui a été l’un des premiers designers à tirer profit de la popularité des Spice Girls en faisant défilés Mel B en 1999.
© ALASTAIR GRANT/AP/Shutterstock
En pleine ascension
Pour sa collection automne-hiver 2000, Hussein Chalayan avait créé un défilé dans lequel le mobilier de décoration se transformait en vêtements. La performance se terminait par un mannequin marchant au centre d’une table basse et l’enfilant comme une jupe, dont les anneaux concentriques en bois se développaient jusqu’à la taille. Cette décennie fut marquée par d’autres extravagances de nouveaux designers. Entre la première collection néon de Christopher Kane, les pièces gothiques et angulaires de Gareth Pugh, et d’autres créateurs tels que Jonathan Saunders, Erdem Moralioglu, Mary Katrantzou, et Roksanda Ilincic, la nouvelle génération de designers londoniens a redoré le blason de la Fashion Week de Londres.
Et les choses ont continué d’aller bon train, avec le retour de Burberry en 2009 – qui a diffusé son défilé en direct le mois de février suivant, pour le plus grand plaisir des internautes. Matthew Williamson, Paul Smith, et Luella sont également revenus à Londres cette même année, qui marque aussi la première édition de la Fashion Week de Londres dans la Somerset House. Ce changement de site coïncidait avec l’essor du street style – qui a produit toute une flopée de photographes de rue au cours des années suivantes.
© TOM NICHOLSON/EPA-EFE/Shutterstock
La Fashion Week de Londres a changé deux fois de lieu depuis : une première fois pour se réinstaller dans un parking (celui de Brewer Street dans le quartier de Soho), et une deuxième pour poser ses valises aux Store Studios. Mais à l’instar des autres capitales de la mode, de plus en plus de défilés ont été organisés hors site ces dernières années, au profit de lieux divers comme la Tate Modern, les Royal Courts of Justice, ou des sites sur mesure comme la Makers House de Burberry en 2016. Et Londres ne cesse de produire de nouveaux talents prodigieux : entre les pièces en tulle et fronces de Molly Goddard, les élans d’imagination de Matty Bovan, et le tailoring hors pair de Grace Wales Bonner, la Fashion Week de Londres a toutes les cartes en main pour se renouveler et surprendre chaque année.
À lire aussi sur Vogue.fr
Ce qu’il faut attendre de la Fashion Week de Londres
Et si on assistait aux défilés de la Fashion Week de Londres ?
Source: Lire L’Article Complet