Les réponses aux questions que l'on se pose sur la ménopause

Méconnue, tabou, redoutée.. La ménopause est pourtant une étape clé dans la vie d’une femme. Préménopause, durée des symptômes, traitements, deux médecins répondent à toutes les interrogations.

La ménopause se caractérise par l’arrêt de l’activité des ovaires chez la femme, et donc notamment l’arrêt définitif des règles et de la fertilité. Pour certaines, elle sonne l’heure de la libération, de l’affranchissement ; pour d’autres, il s’agit tout bonnement du début de la fin. Cette tranche de vie demeure tabou. Un récent sondage mené par l’Institut Kantar pour la MGEN et la Fondation des femmes (1), montre ainsi qu’une femme en couple sur deux n’aborde pas le sujet avec son ou sa conjoint(e). Pour les femmes (ménopausées ou non) et les hommes dont la compagne est concernée ou s’apprête à l’être, la ménopause fait référence à des contraintes de santé : des bouffées de chaleur (84%), une prise de poids (63%), être vieille (36%), perdre sa libido (36%), se sentir déprimée (33%)… Qu’en est-il réellement ? Deux médecins font le point.

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L’arrivée de la ménopause

51 ans, c’est l’âge moyen auquel survient la ménopause en France. Dans de rares cas, 1 à 2 % de femmes, elle apparaît avant 40 ans, on parle alors «d’insuffisance ovarienne prématurée (IOP)», explique Geneviève Plu-Bureau, gynécologue et responsable de l’unité de gynécologie médicale à l’Hôpital Cochin – Port Royal. Celle-ci se caractérise par une baisse voire même un arrêt de la fertilité, et une interruption des règles ou des irrégularités dans les cycles.

Des traitements chirurgicaux ou médicaux, comme la chimiothérapie ou la radiothérapie, peuvent accélérer la survenue de la ménopause en affectant la réserve ovarienne. «Des facteurs héréditaires peuvent aussi jouer, ajoute la médecin. Des femmes touchées par des maladies auto-immunes comme le diabète de type 1 ou des anomalies génétiques peuvent également être concernées». Le tabac peut accélérer l’apparition de la ménopause d’un ou deux ans. Dans d’autres rares cas, certaines femmes peuvent être ménopausées après 55 ans.

Les symptômes

Si la période est surtout connue pour ses troubles, rappelons qu’il n’y a aucune fatalité. «Certaines ne ressentent pas ou très peu les symptômes», commente Florence Trémollières, professeure de gynécologie au CHU de Toulouse et directrice du seul centre de ménopause universitaire de France. «Les plus fréquents, restent les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes qui entraînent des troubles du sommeil», indique-t-elle. Ces derniers peuvent impacter l’humeur et engendrer une irritabilité.

Certaines peuvent aussi être touchées «par des douleurs articulaires, une frilosité, un syndrome génito-urinaire (une sécheresse vaginale, une libido en baisse, des douleurs aux moments de rapports sexuels, des troubles urinaires), complète la gynécologue Geneviève Plu-Bureau. En cause ? «L’arrêt de la sécrétion de deux hormones sexuelles (œstrogènes et progéstérone) par les ovaires, et l’arrêt de la production de la molécule estradiol, essentielle à la santé des femmes», informe Florence Trémollières. La durée des symptômes est extrêmement variable selon les femmes. Certaines les vivent entre 3 à 5 ans, d’autres durant une dizaine d’années voire plus.

La carence en estradiol peut développer sur le long terme des maladies chez les femmes prédisposées à en souffrir. Les plus fréquentes d’entre elles sont l’ostéoporose (une perte osseuse qui provoque un risque de fractures accru), et les maladies cardio-vasculaires.

Quid de la fameuse prise de poids ? La ménopause ne fait pas forcément grossir, «mais il est vrai qu’elle entraîne une accumulation de la masse grasse au niveau du ventre», précise Geneviève Plu-Bureau. Une alimentation équilibrée et la pratique d’une activité sportive régulière peut y remédier.

La périménopause

Comme son nom l’indique, la période précède la ménopause et peut durer «entre 4 à 5 ans, ou 7 à 8 ans, chez certaines femmes», précise Florence Trémollières. Les cycles sont irréguliers, la production des hormones fluctue. On peut souffrir de bouffées de chaleur, de troubles du sommeil ou encore d’une sécheresse vaginale. Lorsque trop d’hormones sont produites, «les seins peuvent aussi être douloureux, les saignements abondants. On peut être irritable ou prendre du poids», complète la médecin. On considère que la période est terminée et que l’on entre en ménopause, après 12 mois consécutifs sans règles.

Soulager les symptômes

Contre les bouffées de chaleur, «la seule solution qui soit efficace, c’est le traitement hormonal (des hormones de substitution, NDLR). Il les élimine totalement, améliore également le confort de vie sexuelle et maintient sur le plus long terme le capital osseux», indique la gynécologue Geneviève Plu-Bureau. Sans oublier que le lubrifiant, notamment à base d’acide hyaluronique peut aussi remédier à une sécheresse vaginale.

Dès lors que certains effets de la ménopause impacte le quotidien, on peut consulter son médecin ou son (sa) gynécologue, pour une éventuelle prise du traitement. Appliqué sous forme de gel, patch ou par comprimés, il est remboursé par la Sécurité sociale. Chaque année, le médecin réévalue les doses du traitement, et particulièrement après 5 ans d’utilisation. Au-delà de cette durée, le médecin décidera de sa poursuite ou de son arrêt et en fonction des souhaits de la femme.

Pour limiter les bouffées de chaleur, mieux vaut éviter «le café le soir, l’alcool et les aliments épicés. On préconise aussi de porter des vêtements légers, larges, de ne pas mettre plusieurs couches et de baisser le thermostat de sa chambre», ajoute la médecin.

Si les bienfaits des méthodes dites «douces» ou «alternatives» ne sont pas scientifiquement prouvés, en pratique elles peuvent tout de même aider certaines femmes. «Pour d’autres troubles, l’hypnose fonctionne bien, mais aussi l’acupuncture, le yoga, la méditation, etc.», indique Geneviève Plu-Bureau.

Plus d’informations sur la ménopause sur le site du Groupe d’étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal.

(1) Le sondage a été mené par l’institut Kantar, la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN) et la Fondation des Femmes, pour le magazine Femme actuelle. Il a été mené sur un échantillon de 1505 personnes, représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, dont un sur-échantillon de 500 femmes âgées de 45 à 60 ans.

*Initialement publié le 12 février 2020, ce papier a fait l’objet d’une mise à jour.

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