C’est un syndrome courant qui reste méconnu. Alors qu’en France, l’apnée du sommeil touche presque 20% des 45–64 ans et plus de 30% des personnes de plus de 65 ans, selon les données de l’INSERM, les chercheurs s’attèlent à comprendre les répercussions de cette privation d’oxygène nocturne sur la santé.
Ainsi, lors du Congrès international 2022 de la Société européenne des maladies respiratoires, qui s’est tenu du 4 au 6 septembre 2022 à Barcelone (Espagne), les conclusions de trois études – présentées en avant-première – ont révélé que l’apnée du sommeil était associée à « des risques accrus de développer des cancers, un déclin cognitif important et des caillots sanguins », rapporte Medical News Today.
Apnée du sommeil et cancer : un lien direct découvert
C’est à cause de l’hypoxie nocturne – le manque d’oxygène – qu’entraîne l’apnée la nuit (en bloquant inconsciemment et de manière répétée l’air de pénétrer dans les voies respiratoires), que ces maladies peuvent prendre racine.
La première étude présentée lors du Congrès, s’est basée sur 2000 participants et a montré que “la privation d’oxygène due à l’apnée du sommeil obstructive est associée au cancer, du poumon ou de la prostate« , selon les propos de Pr Andreas Palm (Université de Suède), principal auteur de l’étude, repris dans un communiqué de presse.
Il y partage que son équipe a a étudié, 8 ans durant, un échantillon de personnes atteintes d’apnée du sommeil et a ainsi « constaté que les patients atteints de cancer présentaient un SAOS légèrement plus sévère, mesuré par un indice d’apnée hypopnée moyen de 32 contre 30 et un indice de désaturation en oxygène de 28 contre 26 ».
« On sait déjà que les patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil (AOS) ont un risque accru de cancer, mais il n’était pas clair si cela été dû, ou non, à l’AOS ou à des facteurs connexes, tels que l’obésité, les maladies cardiométaboliques et les facteurs liés au mode de vie« , a précisé Pr Palm, comme le rapporte ecancer.org.
Un risque accru de développer des caillots sanguins et des maladies neurodégénératives
De plus, le syndrome est associé à un plus grand risque de déclin cognitif et notamment chez « les personnes âgées de 74 ans ou plus qui pourraient présenter des maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson ».
En se basant sur un panel de 358 personnes âgées de 65 ans pendant 5 ans, les scientifiques ont relevé que “l’hypoxémie était associée à un déclin plus prononcé de la fonction cognitive globale, de la vitesse de traitement et de la mémoire, le cerveau étant privé d’oxygène plusieurs fois dans la nuit.”
La troisième et ultime étude s’est penchée sur la circulation sanguine, également régie par l’oxygène. Appuyée sur un panel de 7000 participants suivis pendant 6 ans, les chercheurs ont noté que « l’apnée du sommeil sévère » était liée à un risque accru de développer des caillots sanguins.
« Ceux qui passaient plus de 6% de leur nuit avec des niveaux d’oxygène dans le sang inférieurs à 90% avaient un risque presque doublé de développer des thromboembolie veineuse par rapport aux patients sans privation d’oxygène », peut-on lire, toujours dans le communiqué.
Prendre en compte ce facteur de risque dans les consultations
Au-delà de la fragmentation du sommeil engendrée par les micro-réveils qui « peut augmenter les risques d’accidents de la route », l’apnée du sommeil peut entraîner « des troubles cardiaques, de l’hypertension et du diabète de type 2. »
En effet, une étude publiée en 2007 avait prouvé que le syndrome pouvait engendrer un risque plus élevé de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux : jusqu’à 76% des personnes présentant une insuffisance cardiaque souffraient également d’apnée du sommeil. De plus, une autre étude publiée également en 2007 avait montré que près d’une personne sur deux souffrant d’un diabète de type 2 souffrait également d’apnée du sommeil.
« Ces trois études montrent des associations inquiétantes entre l’apnée obstructive du sommeil et des maladies importantes qui affectent la survie et la qualité de vie. Ces résultats soulignent la nécessité de considérer l’apnée du sommeil non traitée comme un facteur de risque de cancer, de déclin cognitif et de mauvaise circulation sanguine et les médecins doivent être conscients que l’extension des dépistage à tous les patients atteints d’AOS est nécéssaire« , ont alors conclu les chercheurs.
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