- Changer de cadre pour réorganiser ses habitudes de sommeil
- Eaux thermales et marine pour détendre en profondeur
- Une rééducation par des experts des thérapies anti-fatigue
- Le meilleur des techniques de relaxation au service du repos
- Des cures-sommeil qui flirtent avec le médical
- Peut-on faire une cure-sommeil chez soi ?
- Cure de sommeil : attention au jetlag social
74% des Français se plaignent de troubles du sommeil selon une enquête Coconel menée par un consortium de chercheurs en avril 2020.
Un constat d’autant plus préoccupant que nous dormons en moyenne deux heures de moins qu’il y a un siècle. Ces nuits plus courtes et moins régénérantes font le lit de maux chroniques, avec des conséquences lourdes sur le quotidien.
Fatigue, perte de vigilance, dépression, irritabilité mais aussi obésité voire, à long terme, diabète… le sommeil s’impose comme un nouvel enjeu de santé public et s’inscrit, au même titre que l’alimentation, au cœur de la médecine préventive.
Changer de cadre pour réorganiser ses habitudes de sommeil
Insomniaques et experts en conviennent : remodeler cette routine fondamentale ne va pas de soi. Se coucher plus tôt, faire du sport au bon moment, boire moins de café, méditer pour faire cesser ce monologue intérieur nous pourrit nos nuits… les pieuses résolutions tiennent rarement sur le temps.
Thalassothérapies, centres thermaux mais aussi de plus en plus d’hôtels développent des programmes spécifiques visant à casser le cercle vicieux stress-anxiété-insomnies.
« Nous avons de plus en plus de demandes. Aux Thermalies – ndlr. salon leader en bien-être et santé par l’eau -, les conférences sur le sommeil attirent trois fois plus de monde qu’il y a quelques années », constate Loïc Machillot, responsable du Pôle Médical aux Thermes de Bourbon-Lancy.
L’expert des cures de sommeil souligne à quel point une déconnexion, et pas seulement numérique, est nécessaire pour restructurer nos habitudes. La cure nous éloigne de certains facteurs anxiogènes (devoir familial, travail…), nous fait expérimenter les bienfaits d’une meilleure hygiène de vie (nourriture, sommeil) tout en nous recentrant sur nous-mêmes. « Nous faisons souvent la même chose, dans le même ordre avant d’aller dormir. Changer de lieu et de cadre permet de faire bouger les lignes. Consacrer un certain temps àa l’observation de notre sommeil aide aussi à faire les bons choix », décrit le pro.
Eaux thermales et marine pour détendre en profondeur
Quand les cures associent la déconnexion aux bénéfices de l’hydrothérapie, les clients retrouvent très vite de bonnes nuits. Chaque centre s’appuie sur les propriétés des eaux utilisées pour les soins.
À Bourbon-Lancy, la cure spécial sommeil d’une semaine tire profit d’une eau à forte teneur en lithium, excellent régulateur d’humeur, qui soulage angoisse, stress et anxiété. « C’est aussi un bon sédatif. Son effet décontractant physique accompagne la mécanique relaxante des soins », indique Loïc Machillot. Les traitements sont réalisés en eau chaude pour encore plus de détente. Ils travaillent en profondeur les muscles, drainent la lymphe, ce qui déclenche une sensation de bonne fatigue. Celle qui fait – bien – dormir!
Côté thalassothérapie, les centres utilisent toute la richesse du milieu marin, dont les bénéfices ont clairement été identifiés par le corps médical. « La concentration en ions négatifs de l’air côtier favorise les échanges entre les cellules et facilite la pénétration de l’oxygène au niveau pulmonaire. Ces ions améliorent l’humeur, le tonus, la qualité de notre sommeil. Ils nous rendent moins vulnérables au stress », rappelle Brigitte Bérot, coach bien-être à Emeria Dinard. Situé sur la Côte de Jade, le centre a été le premier, il y a trente ans, à proposer une cure « Mer du sommeil » pour réparer nos nuits.
Chargée en micro-algues, l’eau de mer regorge d’oligoéléments (iode, chrome, zinc, manganèse…) et de sels minéraux (sodium, potassium, magnésium…), essentiels au bon fonctionnement de l’organisme. Comme sa composition est proche de celle du plasma sanguin, ses molécules traversent la barrière cutanée et atteignent très vite les capillaires sanguins pour ensuite être redistribuées aux différents tissus. « L’eau de mer soulage les douleurs articulaires grâce à son action anti inflammatoire et analgésique. La combinaison de tous ces bienfaits permet de meilleures nuits. Un organisme fatigué retrouve rapidement énergie et vitalité », observe Brigitte Bérot. « Une cure optimale dure 6 à 7 jours ; c’est le temps dont l’organisme a besoin pour se recharger en oligo-éléments et sels minéraux ».
Du côté des séjours thermaux, si la durée traditionnellement recommandée est de deux ou trois semaines, le centre de Bourbon-Lancy a élaboré une cure sommeil d’une semaine pour permettre aux personnes actives de prendre de bonnes habitudes le plus tôt possible dans leur vie. Il est toutefois dommage de ne pas rester quelques jours de plus : c’est entre le 9ème et le 12ème jour de la cure que l’état de fatigue est le plus important (la fameuse crise thermale). Bon à savoir : les résultats concrets s’observent trois semaines à un mois après le retour chez soi.
Une rééducation par des experts des thérapies anti-fatigue
Cet accompagnement est l’autre point fort des cures spécial sommeil car il motive les curistes à changer leurs habitudes, à en croire Loïc Machillot.
Timing optimum des activités physiques (entre 10h et midi ou entre 15 et 17h et en aucun cas après 19h), de l’exposition à la lumière naturelle, des temps de repos… les grandes règles sont abordées dès l’entretien individuel qui ouvre la cure.
« Les ateliers aident ensuite à intégrer que ce qui est fait dans la journée influe sur la qualité de nos nuits », observe le pro. L’enjeu est de mieux appréhender le sommeil, identifier les causes de son dysfonctionnement et acquérir des outils aptes à restaurer un repos naturel. Cela passe aussi par la nutrition. « Le soir, on évite de manger trop gras… ou trop peu ; la formule « soupe-yaourt » n’est parfois pas suffisante pour certains métabolismes », illustre Loïc Machillot.
Le meilleur des techniques de relaxation au service du repos
Autre pilier de ces cures spécifiques : la gestion du stress. Conçue avec le support du Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris, la « Mer du sommeil » d’Emeria Dinard instaure d’office une séance de sophrologie quotidienne d’une heure avant le début des soins en eau de mer. Également au menu pour se désengager du mental, une relaxation immersive sous casque de réalité virtuelle, guidée par la voix d’une sophrologue.
Les approches de détente les plus originales font leur entrée dans les programmes. Toujours à Emeria Dinard, le Kansu, un massage en réflexologie plantaire réalisé avec un bol sonore, promet d’atténuer les angoisses et les insomnies.
La cure Mer&Capital Sommeil des Thermes Marins de Saint-Malo a mis en place un modelage basé sur une réflexologie crânienne émotionnelle. Promesse ? Le déblocage de nœuds énergétiques améliorerait le sommeil ; la détoxication et la relance des circulations sanguines et lymphatiques assurerait un état de veille plus efficace.
Aux Thermes de Jonzac, fleurissent cette année des ateliers ultra ciblés comme une initiation à l’autohypnose anti-douleur, ou des séances de musicothérapie (Protocole Music-Care©) en complément des cours d’éducation thérapeutique ou de diététique spécial sommeil.
Des cures-sommeil qui flirtent avec le médical
Certains établissements inaugurent des protocoles encadrés par des experts en médecine. Créée en 2012 par la station thermale de Saujon, l’École Thermale du Stress déploie ainsi des cures validées par un comité scientifique composé de médecins spécialistes, professeurs de médecine et universitaires renommés. Les programmes sont dirigés par des professionnels formés aux thérapies cognitivo-comportementales (TCC). La logique : aborder le trouble sous un angle à la fois physiologique par les soins thermaux et psychologique par un travail d’information, d’écoute et d’apprentissage d’outils à utiliser au quotidien, après la cure.
Des hôtels osent même des départements inspirés des cliniques du sommeil. « Ces 15 dernières années, nous avons noté une augmentation de personnes qui vieillissent plus vite que les autres. Nous avons rapidement fait le lien avec la mauvaise qualité de leurs nuits », explique le Dr Jean-Pierre Jubin. Le médecin pilote désormais un programme holistique basé sur des analyses de sommeil à l’hôtel Beau-Rivage de Genève. « Plusieurs hôpitaux suisses dédient des salles spéciales pour accueillir ces profils afin d’analyser leur sommeil », souligne-t-il. Le hic : les listes d’attente trop longues pour les personnes qui se sentent en difficulté. D’où la pertinence du programme du Beau-Rivage.
Proposé à ses clients, il consiste en une consultation privée au sein de la clinique genevoise « Health & Prevention », organisée à leur arrivée. S’ensuivra une analyse complète de la qualité de leur sommeil pendant leur nuit à l’hôtel : « grâce aux avancées technologiques, nous procédons à un monitoring pas du tout invasif : une simple bague connectée (le polysomnographe) enfilée au coucher permet une étude de la physiologie du sommeil. Le lendemain, nous fournissons les résultats et des conseils personnalisés de réadaptation pour cultiver un repos réparateur sur le long terme », détaille le médecin.
Les hôtes qui souhaitent aller plus loin peuvent poursuivre avec un check-up complet ou encore un programme de gestion du stress avec notamment des analyses de sang, un bilan biologique et un bilan nutritionnel.
À la célèbre clinique préventive Sha Wellness en Espagne, on propose également une consultation complète en médecine du sommeil. Différentes technologies d’avant-garde permettent de détecter et de rectifier toute altération de l’architecture du sommeil. Les médecins recherchent l’origine de certaines pathologies comme le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS). Traitement par CPAP, chambre à pression positive… Les meilleures avancées du secteur sont disponibles dans le cadre feutré d’un hôtel de luxe où nutrition et soins holistiques sont appliqués en mode sur mesure.
Peut-on faire une cure-sommeil chez soi ?
Ces cures sont trop loin, trop chères, trop chronophages ? Il est tout à fait possible de commencer à soigner nos nuits en direct de notre Home, Sweet Home. En empruntant par exemple quelques idées aux meilleurs programmes de sommeil pour dessiner une nouvelle routine diurne et nocturne : adopter une lampe lumière pour une exposition pendant le petit-déjeuner, comme au centre Emeria Dinard ; s’offrir un oreiller spécifique comme le Blackroll Recovery Pillow, penser à la brume d’oreiller relaxante.
Pour les ajustements de fond, on mise sur le livre ultra pratique Réapprenez à dormir pour être en bonne santé (Ed. Albin Michel) du Pr. Pierre Philip, professeur et chef de service universitaire de médecine du sommeil au CHU de Bordeaux.
Le médecin, psychiatre et membre d’une unité au CNRS, partage dans son ouvrage de nombreux outils dédiés et fiches de suivi. Selon lui, la majorité des cures spécial sommeil visent à traiter le stress psychosocial et à remettre en ordre le rythme de vie.
« Si l’on veut vraiment rectifier notre hygiène du sommeil, il faut déjà respecter ses grands principes », recadre le pro. Instaurer la régularité de l’heure de coucher et de lever, s’assurer de la durée de l’état de veille (minimum 17h d’éveil en continu pour assurer une bonne pression de sommeil) et enfin soigner la qualité du sommeil avec une bonne literie, une chambre suffisamment fraîche, pas d’alcool, de tabac et d’excitants, etc.
Cure de sommeil : attention au jetlag social
Ce décalage entre le rythme de la semaine et celui du week-end est, selon le Pr. Philip, l’ennemi numéro 1 du sommeil.
« Quand on retarde massivement l’horaire du lever le samedi et le dimanche, on se retrouve le dimanche soir avec une incapacité de s’endormir et on démarre la semaine par une insomnie », analyse le médecin. Les personnes qui sont simplement en dette de sommeil à cause d’erreurs de comportement – le fameux jetlag social en tête, pourront se recaler en 3 à 4 semaines en restructurant, chez elles, leur routine veille-sommeil. On s’aidera si besoin d’outils d’évaluation et de suivi comme l’application kanopée, développée par le CNRS et disponible sur le compte Instagram du professeur.
La musique n’est pas la même pour les profils qui ont commencé à développer des plaintes insomniaques depuis au moins 3 mois, à fortiori en présence d’une anxiété anticipatoire (« j’ai peur de ne pas dormir »…). « Ceux-là auront besoin de beaucoup plus de temps. Certains individus devront consulter pour enrayer le contexte anxiogène et les risques dépressifs », considère le Pr Philip. Le conseil reste valable si l’on soupçonne que le trouble est lié à autre chose (ronflements, syndrome des jambes sans repos, narcolepsie, hypersomnie, apnée du sommeil…).
Enfin, si l’on ne connaît jamais de bonnes nuits, il faut consulter.
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