Selon nos informations exclusives, Jean Sarrus, l’un des derniers membres historiques du groupe comique, aurait subi un AVC…
©Eric Ferrer/ Starface
Ils étaient quatre, comme les mousquetaires d’Alexandre Dumas. Au cours des années 70, les Charlots, groupe musical et comique composé de Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Gérard Filippelli et Jean-Guy Fechner (sans oublier Luis Rego, qui a quitté la bande en 1971), atomisent le box-office en attirant plus de quarante millions de spectateurs en dix ans ! Les titres de leurs films ne font pas mystère de leur ambition (faire rire à moindre coût) : Les Bidasses en folie, Les Fous du stade, Le Grand Bazar, Les Charlots en folie ! À nous quatre, Cardinal !, Les Charlots en délire… À leur grande époque, en termes de popularité et de succès, il n’y a guère que Louis de Funès pour rivaliser avec eux.
Traversée du désert
C’était un autre temps. Le public, qui allait plus en salles qu’aujourd’hui, était moins regardant sur la qualité des comédies qu’on leur proposait. L’émergence des Bronzés, à la fin des années 70, porteurs d’un humour plus corrosif et moderne, sonnera le glas des pitreries grasses et naïves des Charlots dont la popularité se tarira progressivement dans les années 80. Cela aboutira au départ de leur leader, l’acteur et chanteur Gérard Rinaldi, en 1986 – Jean-Guy Fechner avait, lui, quitté le navire dix ans plus tôt. Rinaldi mènera ensuite joliment sa barque en étant de l’aventure de Marc et Sophie, cette sitcom à succès diffusée sur TF1 entre 1987 et 1992. Il deviendra par ailleurs un comédien de doublage très recherché grâce à sa voix chaude et modulable.
Quid des autres membres du groupe ? Rejoints par le musicien Richard Bonnot, en remplacement de Gérard Rinaldi, Jean et Gérard (Filippelli) retournent sur scène dans les années 90, tournent un dernier film en 1992 (Le Retour des Charlots, réalisé par Sarrus, un bide), puis se séparent définitivement en 1997. C’est alors la traversée du désert pour chacun des membres du groupe, sauf pour Richard Bonnot qui travaillera à la télévision auprès de Patrick Sébastien, puis de Vincent Lagaf’.
La nostalgie, qui a souvent du bon, est le détonateur de leur petite résurgence dans les années 2000. Invités par Michel Drucker dans Vivement dimanche en 2008, les quatre Charlots historiques se rappellent ainsi au bon souvenir de leurs fans. L’année suivante, Gérard Rinaldi et Jean Sarrus assument seuls la reformation du groupe en se produisant sur scène à l’occasion de la tournée Âge tendre et têtes de bois. Cette belle parenthèse dure deux ans. On évoque même un nouveau film réunissant tout le monde, qui serait la suite du Grand Bazar. Las ! le destin, cruel, va commencer à s’acharner sur le groupe. Atteint d’un lymphome, cancer du système lymphatique, Gérard Rinaldi meurt en 2012, à l’âge de 69 ans. Jean Sarrus est inconsolable. « Gérard était l’âme des Charlots, affirma-t-il alors. Il excellait dans tout ce qu’il faisait. […] J’admirais son grand sens de l’humour. Il a réussi à nous faire rire de son cancer, je l’ai vu sur son lit d’hôpital et il a juste essayé de m’amuser, malgré la morphine qui entrait en jeu. Il va me manquer beaucoup. »
Mauvais sort
Sans Rinaldi, Les Charlots se reforment tout de même pour des concerts, d’abord sans Filippelli et Fechner, puis avec eux à partir de 2016. Les tournées se succèdent avec un certain succès, on évoque un projet de pièce de théâtre… Puis, Gérard Filippelli, lui aussi atteint d’un cancer, succombe à son tour en mars 2021. Le coup est rude pour la bande, d’autant que Richard Bonnot souffrirait de son côté d’une tumeur au cerveau…
Cette accumulation de malheurs aurait-elle pesé sur Jean Sarrus, 77 ans, le Charlot le plus constant, celui qui tient l’édifice sur ses épaules depuis toujours ? L’AVC qui vient de le toucher, et dont on ne connaît pas la gravité, pourrait être un cruel avertissement. Espérons pour lui et pour Richard Bonnot que le sort décide de ne plus s’acharner sur nos éternels Charlots.
Louis-Paul CLÉMENT
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