Pascal Elbé est acteur, réalisateur et scénariste. Son entrée au cinéma a été marquée par le scénario du film fantastique « Babel », aux côtés de Gérard Pullicino en 1995. Beaucoup de films ont suivi dans lesquels il était aussi acteur comme dans Fallait pas ! de Gérard Jugnot (1996), XXL (1997), Bimboland (1998) ou encore Le dernier gang (2007) d’Ariel Zeitoun. On pense aussi à Père et fils de Michel Boujenah en 2003, qui lui a valu une nomination pour le César du meilleur jeune espoir masculin. Passionné par le cinéma, l’écriture et la réalisation, il a à son actif trois films dont le dernier, sorti en 2021, On est fait pour s’entendre, le racontait à travers un problème d’audition qu’il a rencontré et surtout accepté tardivement. Depuis le 24 janvier 2023, Pascal Elbé est sur scène au Théâtre de la Renaissance avec la pièce de Salomé Lelouch Sur la tête des enfants. Il est Alban, marié à Julie, incarnée par Marie Gillain. Ils forment un couple d’apparence solide qui s’est juré fidélité pendant dix ans et ce, sur la tête des enfants. Tout va bien jusqu’au jour où la date fatidique qui pourrait les libérer moralement de ce lien indéfectible, semble arriver.
franceinfo : Dans cette pièce, on met le doigt sur ce qui unit ou désunit, c’est-à-dire la fidélité. Quel est votre regard sur la fidélité ?
Pascal Elbé : J’ai envie de vous répondre comme dans la pièce de théâtre où mon personnage dit : « La fidélité, c’est comme Dieu, j’aimerais y croire, mais j’y crois pas« . Je pense que la fidélité, c’est le désir d’être infidèle si on n’est plus dans le désir. Imaginons dans un couple qui est déjà perdu, c’est un moindre mal, ce n’est pas la fidélité le problème, c’est le désir de rester dans le désir de l’autre. Pour moi, la fidélité n’est pas un concept qui me parle spécialement, mais ce n’est pas quelque chose qui me fait peur ou qui me ferait fuir.
Pourtant, vous êtes très fidèle à vos valeurs, à vos envies, à ce que vous avez eu envie de vivre en tant que passion. Le cinéma par exemple.
J’ai l’impression aussi quand on est, moi ma famille vient d’Algérie, obligés de s’adapter et de s’intégrer, finalement, l’inconfort amène beaucoup de jolies réponses dans la vie. Quand on est un peu dans l’insécurité ou l’inconfort, alors on fait des efforts pour essayer d’aller vers l’autre, pour essayer de plaire à l’autre, parfois un peu trop ce qui nous dessert. Mais en attendant, on est dans cet effort-là. Quand on est dans une sorte de sécurité, de confort absolu, j’ai l’impression que l’on devient plus paresseux, on devient plus bête.
La scène, le théâtre vous ont permis aussi de vous élever, de grandir.
Oui, le théâtre m’a amené à l’autre. Il a été mon premier lien social quand j’étais plus jeune. On avait monté une troupe. De pouvoir se définir par rapport à l’autre, s’affronter, se connaître, oui, c’est à travers l’autre.
On est un animal social, on a besoin du regard de l’autre pour se définir. Le théâtre m’a permis de rencontrer cette énergie commune et de pouvoir par la suite me dire : ‘Moi, je suis quoi là-dedans ? Comment je me définis par rapport à l’autre ?’
à franceinfo
Le théâtre comme base, le cinéma pour aller jusqu’au bout de vos envies et puis, au milieu, il y a la réalisation qui touche un peu à tout. J’ai l’impression que c’est dans la réalisation que vous vous accomplissez le plus. Ça fait du bien de réaliser, de raconter ses propres histoires ?
Ah oui. C’est l’expérience ultime de réaliser. On est sollicité de toutes parts, on est en effervescence, on a une espèce de surmoi qui arrive pour essayer de régler tous les problèmes. C’est une histoire folle. C’est une aventure folle de réaliser. Tout me sert même le théâtre en tant que comédien, tout ça, c’est complémentaire. J’ai beaucoup de chance de pouvoir le faire et vraiment, j’ai l’impression que tout ça participe à la même envie, celle d’être conteur d’histoires que ce soit sur scène ou derrière une caméra. Raconter une histoire. Et si cette histoire vous fait sourire ou vous émeut, je me dis que je ne suis pas venu sur terre pour rien, j’ai partagé une histoire.
Sur scène, avec Marie Gillain, c’est un tête à tête. Il y a aussi un jeu avec le public avec une très belle mise en scène, actuelle, rythmée, qui nous prend par la main, qui nous sollicite beaucoup. Vous aimez ce théâtre-là ?
Le théâtre vivant va perdurer et sera éternel parce qu’on a l’impression de voir quelque chose d’unique au moment où on le voit. Il y a un échange absolu avec les spectateurs comme un ping-pong. C’est un jeu qui se joue entre eux et nous.
à franceinfo
Ah oui, j’aime beaucoup. D’ailleurs, je rends hommage à la metteure en scène Salomé Lelouch, qui est aussi l’auteure. Elle a une écriture jubilatoire, c’est intelligent, c’est vif. C’est une écriture que j’aime, qui est quelque chose qui résonne et les gens rigolent beaucoup, on a un vrai plaisir. J’aime ce travail-là. J’aime être entouré d’une équipe de théâtre, comme une petite troupe. Il y a quelque chose, on est dans la vérité de l’instant. Il y a quelque chose qu’on ne peut retrouver qu’au théâtre de cette vérité de notre travail. C’est vrai qu’entendre les gens tous les jours… Sans faire de la démagogie, on est vraiment là pour eux et ce sont eux qui nous font continuer, qui nous alimentent, nous chargent. Quand on est au théâtre, si le public est là et qu’il nous porte, alors il y a quelque chose qui se charge en nous, qui nous fait aller ailleurs. Il y a une espèce de synergie qui est assez magique au théâtre.
Saltimbanque jusqu’au bout des ongles ?
Si j’arrive à faire une vie entière en restant avec le compteur à quinze, 20 ans, moi, ça me va très bien. Je ne suis pas si pressé finalement d’être un vieux con. Je préfère être un jeune con ! C’est une cure de jouvence de pouvoir faire ce métier absolument fou, démesuré, dingue et on a beaucoup de chance !
Source: Lire L’Article Complet