Le gouvernement soudanais criminalise enfin les mutilations génitales féminines en ajoutant un article spécial au droit pénal du pays alors que 9 Soudanaises sur 10 subissent ces pratiques barbares.
Le nouveau gouvernement soudanais a interdit la pratique des mutilations génitales féminines (MGF), une décision saluée comme une victoire majeure par les militantes des droits des femmes dans un pays où la pratique souvent dangereuse est très répandue. Selon l’ONU, ce sont près de 9 femmes soudanaises sur 10 qui ont subi l’ablation partielle ou totale des organes génitaux féminins externes. Cette pratique entraîne souvent des problèmes de santé ou sexuels pouvant être mortels.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères soudanais a déclaré que cette décision représentait « une évolution positive importante« . Il considère que l’ajout au droit pénal de l’article est une mise en œuvre du chapitre 14 sur les droits et libertés de la Déclaration constitutionnelle, signée par le Conseil militaire de transition alors en place et les Forces d’opposition pour la liberté et le changement (FFC) en août 2019.
Désormais, toute personne qui pratique des mutilations génitales féminines encourt une peine de trois ans de prison et une amende en vertu d’un amendement au code pénal du Soudan mis en place par le gouvernement de transition du pays, arrivé au pouvoir l’année dernière après la destitution du dictateur Omar Hassan al-Bashir.
« C’est une étape énorme pour le Soudan et son nouveau gouvernement. L’Afrique ne peut prospérer que si elle prend soin des filles et des femmes. Ils montrent que ce gouvernement a du mordant. », a déclaré Nimco Ali de la Five Foundation, une organisation qui milite pour mettre fin aux mutilations génitales dans le monde.
« La loi aidera à protéger les filles de cette pratique barbare et leur permettra de vivre dans la dignité. Et cela aidera les mères qui ne voulaient pas mutiler leurs filles mais estimaient qu’elles n’avaient pas le choix de dire ‘non' », a confié Salma Ismail, porte-parole à Khartoum du Fonds des Nations Unies pour l’enfance.
Le ministère des Affaires étrangères soudanais a expliqué que la totale application de cette loi nécessite des efforts et une coordination étroite avec tous les partenaires, en particulier les groupes communautaires et les organisations de la société civile. Il a également révélé rechercher des partenaires internationaux souhaitant apporter leur aide par rapport à ce sujet. En effet, selon les experts, cette loi ne suffit pas à mettre fin à l’excision qui prend sa source dans les croyances culturelles et religieuses. Cette pratique est considérée comme un pilier de la tradition et du mariage. Elle est soutenue par les femmes comme par les hommes. « Il ne s’agit pas seulement de réformes juridiques. Il y a beaucoup de travail à faire pour que la société l’accepte. », a averti Salma Ismail.
En Égypte, par exemple, l’excision est interdite depuis 2008 et une loi a été mise en place en 2016 exposant les médecins et les parents à des peines de prison allant jusqu’à sept ans pour avoir effectué l’opération et jusqu’à 15 ans si cela entraîne un handicap ou mort. Néanmoins, les poursuites sont rares et les mutilations génitales féminines se poursuivent avec 70% des femmes égyptiennes âgées de 15 à 49 ans ayant subi une excision. En février dernier, une jeune fille à peine âgée de 12 ans mourrait des suites d’une mutilation génitale sans anesthésie. Incarcéré pendant quelques jours, le gynécologue responsable de l’opération a été libéré par la justice.
Les mutilations génitales sont pratiquées dans au moins 27 pays africains, ainsi que dans certaines parties de l’Asie et du Moyen-Orient. Selon les croyances traditionnelles, l’ablation des parties génitales externes d’une fille garantit l’honneur de la famille et ses perspectives de mariage. Pourtant, la mutilation peut entraîner des infections mais aussi l’infertilité ou des complications lors de l’accouchement. Il diminue considérablement le plaisir sexuel des femmes. Cette pratique a été l’une des raisons pour lesquelles les chercheurs de la Fondation Thomas Reuters ont classé le Soudan parmi les pires pays pour les droits des femmes.
Cependant, les opinions au sujet de l’excision change depuis quelques années dans le pays. En juin 2015, des experts juridiques ont exigé la formulation d’une loi nationale interdisant les mutilations génitales féminines dans tous les États du Soudan. Récemment, Nasr al-Din Mufreh, le ministre des Affaires religieuses, assurait qu’il s’agissait d’une « pratique dont le temps, le lieu, l’histoire et la science se sont révélés dépassés » et qu’elle n’avait aucune justification dans l’islam. Il déclarait alors soutenir l’objectif des militants d’éliminer la pratique dans son pays d’ici 2030.
Cette femme nous livre son témoignage poignant sur l’excision
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