Le sexe est-il du sport ?

  • Un rythme cardiaque chamboulé, mais peu de calories brûlées
  • Faire l’amour, un moyen plaisant de se muscler ?
  • Activité sexuelle régulière : bobos et bienfaits
  • Le plaisir en récompense

Sport en chambre, performance sexuelle, endurance au lit… On ne peut nier que le champ lexical des parties de jambes en l’air se rapproche grandement de celui des activités sportives. 

D’ailleurs, pour beaucoup, batifoler est un sport : dans une étude réalisée par Lovehoney et publiée en janvier 2022, 45% des Britanniques admettent considérer leurs entrevues coquines comme une façon de se dépenser. 

Mais entre une activité qui nous fait transpirer et un sport, il y a un monde, comme le souligne Céline Vendé, sexologue : « c’est important de dissocier activité physique et sportive. La première, c’est mettre son corps en mouvement, à ce titre-là la sexualité est totalement dans le thème, mais le sport implique une discipline encadrée par une ligue ou une fédération, qui donne lieu à des compétitions. Je pense donc que le sexe ne se qualifie pas dans cette catégorie », sourit-elle.

Des propos que corrobore Kara Bellum, coach sportive : « le sexe est un plaisir et non une course pour savoir ‘qui sera le meilleur’. Si on l’aborde ainsi, on se concentre seulement sur les calories brûlées et bien qu’on soit dans une société qui vénère la performance, ce n’est plus un plaisir, mais presque une obligation », nuance-t-elle.

Un rythme cardiaque chamboulé, mais peu de calories brûlées

Toutefois, il s’agit de reconnaître que si le rapport sexuel ne relève pas de la compétition sportive – bien qu’on ait sûrement tous.tes rencontré au moins une personne qui le voit comme une performance décisive – il reste tout de même une activité physique à part entière, dans la mesure où notre corps est en mouvement.

La sexologue cite même une étude québécoise de 2013 ayant évalué que la dépense énergétique lors d’un coït se devait d’être saluée. « Faire l’amour à une intensité modérée demande plus d’effort énergétique que de marcher à une vitesse de 4,8 km/h, mais pas autant qu’une séance de jogging », dévoilait, à l’époque, le Pr Antony Karelis, co-auteur de l’étude.

« Lors d’un rapport sexuel d’environ 25 minutes, la dépense tombe à 101 calories (4,2 calories par minute) pour les hommes et à 69 calories pour les femmes », rapportent les résultats de cette dernière.

« On peut donc dire que prendre du plaisir équivaut à une activité physique modérée, même s’il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une moyenne et que cela va différer en fonction du type de rapports sexuels, de l’âge des personnes et de l’état de santé initial de ces derniers », nuance Céline Vendé.

La spécialiste évoque également d’autres travaux de recherches « basés sur la fréquence respiratoire pendant les rapports sexuels ». « On y montre qu’une accélération conséquente du rythme cardiaque est notée, jusqu’à atteindre un pic au moment de l’orgasme », précise-t-elle. 

Kara Bellum, coach sportive, salue également ces études, qui se concentrent sur l’activité cardiaque, et non pas seulement sur le nombre de calories brûlées. « C’est ainsi qu’on mesure vraiment l’impact d’une activité physique sur le corps », explique-t-elle. 

Faire l’amour, un moyen plaisant de se muscler ? 

Mais si l’acte de chair n’est pas aussi efficace pour notre corps qu’une session de running, peut-il nous permettre de nous muscler, notamment quand on pratique certaines positions sexuelles qui relèvent de l’acrobatie ? 

« Pour se muscler, ça va être compliqué et dépendre de la pratique, de l’intensité. Pour qu’il y ait musculation, il faut qu’il y ait une surcharge », démystifie Kara Bellum. 

Néanmoins, si une partie de jambes en l’air ne remplacera pas une séance ciblée de Pilates, une partie du corps, souvent délaissée, s’en retrouve fortifiée. 

« On peut muscler le périnée en faisant l’amour – les hommes comme les femmes – parce que l’ensemble du plancher pelvien est sollicité pendant l’activité sexuelle par des contractions régulières. Le solidifier permet de mieux maîtriser les sensations, de prévenir l’éjaculation précoce, les douleurs au niveau de l’entrée du vagin ou encore de mieux contrôler les fuites urinaires », indique Céline Vendé.

Activité sexuelle régulière : bobos et bienfaits 

S’il y a peu de risques de se faire les croisés au moment du coït, comme toute activité physique qui se respecte, le sexe peut entraîner des blessures.

« Il y a des pratiques qui peuvent être dangereuses, comme insérer des objets qui ne devraient pas l’être, tenter des positions qui seraient maintenues par des choses bancales ou sous la douche… Mettre son corps en mouvement dans des environnements qui ne sont pas adaptés peut être problématique, mais on ne peut pas parler d’un risque de se blesser pendant l’acte« , souligne la sexologue.  

Et si les risques sont moindres, les bienfaits d’une activité sexuelle régulière, eux, sont multiples. « Cela favorise une lubrification vaginale naturelle, ce qui prévient l’assèchement des muqueuses qui intervient avec les modifications hormonales, comme à la ménopause », poursuit la spécialiste.

« Les bénéfices santé d’une vie sexuelle épanouie sont nombreux : hormonaux, psychiques, physiques… Et l’avantage est que, comme il ne s’agit pas d’un sport, nul besoin d’être constant pour connaître ses bienfaits », souligne Kara Bellum. 

Le plaisir en récompense

D’autant que pour les finishers d’un marathon du plaisir, la récompense est plus jouissive que celle obtenue après une séance de crossfit.

« L’étude de 2013 mentionne que plus les participants avaient des sentiments et plus la réponse physiologique était intense, donc le degré de tension sexuelle a son petit rôle à jouer. C’est quelque chose que l’on peut moduler, contrairement au sport », appuie Céline Vendé. 

Et à la coach sportive d’arguer : « Quelque chose que l’on ne retrouve pas forcément dans l’activité physique – qui peut être une corvée pour certain.es – est la notion de plaisir. Pour le sexe, le corps va forcément être plus coopératif ».

Cependant, cette course au plaisir peut également être « une source de motivation pour augmenter le nombre de rapports », prévient Céline Vendé. « Ce n’est pas une bonne idée. Au-delà de la performance et de l’idée de s’améliorer, il faut mettre le désir, l’envie et le consentement au centre des préoccupations« , rappelle-t-elle. 

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