Alors que ces deux retraités n’ont plus donné signe de vie depuis un mois, l’enquête piétine…
Voilà qui aurait dû être un 1er janvier comme les autres, passé en famille et entouré de l’affection des siens. Un sort funeste semble en avoir décidé autrement. Elle s’appelle Marie-France Dumortier, elle a 79 ans. Le compagnon qui égaye ses vieux jours ? Richard Di Genaro, 83 printemps. Ils sont heureux, se tiennent toujours la main et rivalisent d’œillades amoureuses, malgré les années qui passent. Ce même jour, ils déjeunent chez Marie-Hélène, l’une des deux filles de Marie-France, à Mairieux, près de Maubeuge dans le Nord. Chacun se souhaite la bonne année, on échange des cadeaux, on s’embrasse. On est heureux. Et puis, le drame…
Il est environ 18 h 30 quand le couple prend sa voiture, une Citroën C3 grise, pour regagner son domicile, à Roubaix. Sur la route, une nièce les appelle pour leur souhaiter ses meilleurs vœux. Marie-France et Richard lui promettent de la rappeler dès qu’ils arriveront chez eux. Ils n’y parviendront jamais. Sans nouvelles, leurs proches donnent l’alerte. Aussitôt, la gendarmerie ne rechigne pas à employer les grands moyens : tous les étangs sont sondés par des plongeurs, de gigantesques battues sont organisées, tandis que tous les environs sont survolés de longs jours durant par des hélicoptères. Sans succès. Comme si ce couple s’était volatilisé. Seul indice ? Une étude de leur téléphone permet de localiser un appel passé le même jour à 19 h 09, à Marly, bourgade proche de Valenciennes.
Incertitude
Pourquoi avoir quitté la route nationale, chemin le plus direct menant à leur domicile ? À cause d’un barrage filtrant les informant qu’un pont serait fragilisé, ce qui les oblige à emprunter une route départementale secondaire. « C’est donc dans ce secteur-là que les recherches se concentrent maintenant », affirme Jean-Jacques Porcq, beau-frère de la disparue, à France 3 Nord. Et le même de poursuivre : « Les enquêteurs n’ont pas de piste, ils sont comme nous, ils ne comprennent pas. À les entendre, tout est possible. Ils ne veulent pas privilégier une piste criminelle par rapport à autre chose. » Pour les proches, il n’y a pas pire que l’incertitude. Pascale, la sœur de Marie-France, est taraudée nuit et jour par ces questions sans réponse : « Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Est-ce qu’ils ont fait une mauvaise rencontre ? Qui a pu s’en prendre à ma sœur qui était une personne si pacifique, si gentille ? » Puis, ces mots, terribles : « Plus les jours passent, plus l’espoir diminue. On voudrait au moins les retrouver pour pouvoir les enterrer, faire notre deuil. Là, on ressasse les mêmes choses en boucle. C’est affreux et épuisant. »
Alors, une mauvaise rencontre qui aurait mal tourné ? Ce n’est pas à exclure. En revanche, une chose est sûre, les deux époux n’avaient pas l’intention d’organiser leur propre disparition, comme cela arrive parfois chez certaines personnes âgées. Jean-Jacques Porcq, toujours : « Vous savez, ce sont des gens qui, quand ils partent en vacances, préviennent le voisin, donnent les clefs. Là, chez eux, à Roubaix, tout est resté en plan. Les médicaments, par exemple, sont restés dans le frigo. Richard était diabétique, il avait besoin d’une seringue pour se piquer à l’insuline… On ne part pas comme ça, sans son traitement. C’est impossible ! » Impossible surtout, de ne pas penser au pire : la perte de deux êtres aimés.
Et aussi…
Cold case de Boutiers : disparition de la famille Méchinaud en 1972
Il s’agit là de l’un des plus anciens cold cases de France. C’était il y a cinquante ans, en Charente. Jacques et Pierrette Méchinaud semblent couler une existence paisible à Boutiers-Saint-Trojan, avec leurs deux enfants, Éric (7 ans) et Bruno (4 ans). Après avoir passé le réveillon de Noël chez des amis à Cognac, la famille monte dans la petite Simca 1100 pour rentrer chez elle.
Puis disparaît, ne laissant aucune trace. Maurice Blanchon est le premier à s’inquiéter de cette absence, n’hésitant pas à entrer dans la maison des Méchinaud avec le beau-frère de Pierrette. Maurice est l’amant de Pierrette, comme le révélera le journal Sud-Ouest le 18 janvier 1973. À l’intérieur de la maison, les cadeaux sont sous le sapin et les huîtres, dans le réfrigérateur.
La gendarmerie, quant à elle, ne se mobilise pas plus que de raison, estimant que les gens ont bien le droit d’aller où ils veulent, a fortiori le soir de Noël.
Quand l’adjudant-chef Stéphane C. arrive à la brigade de Cognac en 2001, il décide de reprendre l’enquête sur les « disparus de Boutiers » qui ne tient que sur quelques feuillets. Une dizaine d’années lui seront nécessaires pour convaincre la justice de lui donner les moyens de mener des fouilles sérieuses. La maison de Maurice Blanchon est à nouveau perquisitionnée et tous ses terrains sont retournés à la pelleteuse, même ceux acquis vingt ans après les faits. « Ils voulaient savoir si j’étais toujours en relation avec elle. […] Je n’avais rien bien sûr. Un corbeau leur avait dit que le mari était tombé sur un de mes courriers, mais c’était n’importe quoi, je ne lui aurais jamais écrit… », déclare-t-il, persuadé : « Ils ont refait leur vie en Australie », pays dont rêvait Jacques.
Avant de prendre sa retraite, en 2020, Stéphane C. a rédigé une synthèse où il passe tout en revue. Disparition volontaire ? Mauvaise rencontre ? Piège ?
Règlement de comptes ? Affaire de famille ? Le mystère demeure aujourd’hui entier. Peut-être Maurice aura-t-il à nouveau des nouvelles des gendarmes…
Assassinat de la jeune Sihem : le meurtrier confondu
Sihem Belouahmia est une lycéenne sans histoires. Vers 22 h 30 le 25 janvier, elle quitte le domicile de son père à La Grand-Combe, près d’Alès (Gard). Elle se rend chez sa grand-mère qui habite 200 mètres plus loin. Puis vers minuit, cette dernière entend la porte d’entrée claquer.
À ce moment, la jeune fille de 18 ans serait montée dans la voiture d’un homme de 39 ans, un certain Mahfoud Hansali. On ne la verra plus jamais vivante. Notons que cet homme a déjà eu maille à partir avec la justice, ayant été condamné en 2015 à douze ans de prison pour vols en bandes organisées et braquages à main armée, perpétrés trois ans plus tôt. Très vite Rabah, le père de la disparue, alerte les forces de l’ordre.
Lesquelles ne tardent pas à mettre Mahfoud H. en garde à vue. Des heures durant, il nie son crime, avant de passer aux aveux : il a tué la jeune Sihem pour un simple différend sentimental, affirme-t-il, ce dont les enquêteurs doutent.
Le corps de l’infortunée a été retrouvé ce jeudi 2 février. Encore une vie de fauchée dans la fine fleur de l’âge. Encore une famille brisée.
Nicolas GAUTHIER
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