- Qu’est-ce que le "gaz hilarant" ?
- Des risques graves pour la santé
- Une vente plus encadrée
Le gaz hilarant ou « proto » s’invite depuis quelques années dans les soirées étudiantes et même chez les plus jeunes. Mais, les courtes sensations de bien-être prodiguées par ce gaz ne valent pas les risques que ce « jeu » peut engendrer.
Ce mardi 21 septembre, une jeune femme a percuté et blessé grièvement quatre piétons sur les Champs-Élysées. Elle serait soupçonnée d’avoir fait usage de gaz hilarant quelques minutes avant le drame. En 2018, c’était un jeune homme de 19 ans, Yohan Grosdidier, qui décédait lors d’une soirée entre amis.
Qu’est-ce que le « gaz hilarant » ?
Le protoxyde d’azote – plus communément appelé gaz hilarant – est un gaz que l’on retrouve dans certains produits alimentaires comme les siphons de chantilly. Il peut aussi se trouver en cartouches ou en bonbonnes.
Depuis plusieurs années, son usage alimentaire ou médical a été détourné en usage festif notamment par les collégiens, lycéens et étudiants. En inhalant ce gaz, ces jeunes recherchent un effet euphorisant le temps de quelques secondes.
Des risques graves pour la santé
Inhaler ce gaz est très mauvais pour la santé. Il peut provoquer des effets indésirables plus ou moins graves : asphyxie, vertiges entrainant une chute, brûlure par le froid du gaz expulsé, désorientation, perte de connaissance.
Si ces effets sont facilement curables, une consommation régulière et en excès peut avoir un impact important sur l’organisme – notamment au niveau neurologique. Picotements, engourdissements ou faiblesses au niveau des différents membres peuvent être le signe de cette atteinte neurologique.
Une étude de toxicovigilance basée sur les données des Centres antipoison (CAP) entre janvier 2017 et décembre 2019 a révélé que sur 66 intoxications au gaz hilarant, 42 personnes signalaient au moins un symptôme neurologique ou neuromusculaire.
Une étude néerlandaise publiée le 23 mai 2020 confirme les dommages à long terme du gaz hilarant sur l’organisme. « Bien que cette étude porte sur un échantillon relativement petit (13 patients, ndlr), nous savons que la consommation de gaz hilarant est en augmentation. Nous savons maintenant qu’elle provoque une carence en vitamine B12, qui peut affecter la moelle épinière et entraîner des dommages permanents si elle n’est pas traitée rapidement », explique la Dre Anne Bruijnes, du Zuyderland Medical Center de Heerlen aux Pays-Bas.
La vitamine B12 – indispensable au bon fonctionnement du système nerveux – ne peut plus jouer son rôle, car elle est oxydée et inactivée par le protoxyde d’azote. En cas de séquelles neurologiques, les médecins en prescrivent pour une meilleure récupération motrice.
Une vente plus encadrée
Face à un nombre croissant de jeunes utilisant le gaz hilarant à usage festif, le Parlement a adopté une loi le 25 mai 2021 interdisant la vente de ce produit aux mineurs que ce soit en ligne ou dans les commerces.
Désormais, « provoquer un mineur à faire un usage détourné d’un produit de consommation courante pour en obtenir des effets psychoactifs » est passible d’une amende de 15 000 euros stipule le texte de loi.
Cette loi découle d’un rapport de l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses) publié en juillet 2020. Dans ce dernier, il est recommandé de réglementer l’accès et l’étiquetage du protoxyde d’azote dans les contenants alimentaires, ainsi que d’améliorer la prévention sur les risques de ce produit.
Malheureusement, de nombreux établissements et notamment des boites de nuit proposent encore des ballons gonflés au protoxyde d’azote contre la modique somme de 10 euros lors de soirées. Une vente qui devrait être condamnée, elle aussi.
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