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- Aujourd’hui, « Le dernier dîner » de Camille Lesur est paru le 17 mai 2022 aux Éditions Jouvence
Marceline Bodier, bookstagrameuse et contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Livres, vous recommande Le Dernier dîner de Camille Lesur, paru le 17 mai 2022 aux Éditions Jouvence.
Sa citation préférée :
« Pas comme une fleur, ça non, mais comme une bombe. »
Pourquoi ce livre ?
- Parce que le roman est bâti sur des mystères : avant tout, ceux des relations entre Pierre et les femmes, ou plutôt, une femme, car il ne semble obsédé que par Marie. Mais pourquoi alors ne le reconnaît-elle pas lorsqu’il arrive chez elle pour un dîner ? Pourquoi est-ce la compagne de Pierre, Jeanne, qui est à l’initiative de cette invitation ? D’ailleurs, pourquoi Pierre vit-il avec Jeanne plutôt que toute autre ? Et pourquoi Marc, l’époux de Marie, semble-t-il très loin de la brute que Pierre s’était imaginé ? Et si ce dîner est le dernier… alors quelle explosion y mettra fin ?
- Parce que Pierre n’a pas une, mais quatre « femmes de sa vie ». Il aime sa sœur Rebecca, mais n’est-ce pourtant pas sa mère, Folcoche, qu’il déteste au travers d’elle ? Il raconte que sa grand-mère Adèle a réussi à les réunir pour leur « premier truc en famille », mais n’est-ce pas qu’un cran de plus dans le dysfonctionnement de sa relation à Florence, sa tante ? Et lesquelles sont encore vivantes, au juste ? On le découvre petit à petit, mais ce qu’on sait dès le départ, c’est qu’elles ont toutes élu domicile dans la tête de Pierre, d’où elles commentent tout ce qu’il fait.
- Parce que Camille Lesur est très subtile dans les fils qu’elle tisse pour faire monter la tension et le malaise. Prenez la cigarette, par exemple. C’est la première chose que partagent Marie et Pierre, fasciné par une bouche de femme autour d’un mégot ; oui, mais c’était aussi le point rougeoyant qui révélait la présence de sa mère dans l’obscurité depuis laquelle elle épiait indiscrètement ses enfants, avant de les anéantir d’une phrase obscène. Comment le lecteur pourrait-il ne pas se sentir étouffé par les rapprochements qu’il se trouve contraint de faire ?
- Parce qu’on lit ce texte comme un roman à suspense où on tourne les pages de plus en plus vite pour comprendre ce qui a bien pu se nouer entre ces quatre convives dans le passé, mais on le referme comme un livre psychologique qui donne envie de le recommencer immédiatement pour profiter du renversement de perspective qu’offre la fin. Ce renversement se produit à la dernière ligne, dans une histoire qui avait pourtant déjà pris totalement sens… cette dernière ligne n’est pas celle qu’on attendait, bien sûr, mais elle donne à toute l’histoire un sens psychologique bien plus puissant.
- Parce que ce n’est pas n’importe quel classique que revisite Camille Lesur : c’est Vipère au poing. Rappelez-vous : Folcoche a trois fils. Et si elle avait eu une fille ? C’est ce qui arrive dans Le dernier dîner. Pierre et Rebecca surnomment leur mère Folcoche : comme le personnage de Bazin, elle les traite en insectes, mais aussi, elle se met en rivalité féminine avec sa fille, qui entre dans son jeu d’une manière de plus en plus dangereuse en grandissant. Si Vipère au poing vous paraissait malsain, alors lisez Le dernier dîner pour avoir une idée des confins jusqu’où Bazin n’était pas allé !
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Pierre accompagne Jeanne à un dîner en rechignant, et à sa stupéfaction, c’est Marie, la femme qui l’obsède secrètement, qui ouvre la porte. Oui, mais pourquoi ne le reconnaît-elle pas ? Pourquoi son mari est-il là ? L’ambiance semble feutrée, mais ce qu’elle recouvre l’est nettement moins…
Les personnages. « Ce soir, il s’agit du dernier dîner, celui où je te dis adieu » : chaque personnage a des raisons de prononcer ces mots, mais lequel ou laquelle le fait ? Pierre ? L’un de ses quatre fantômes ? Les autres convives, Jeanne, Marie ou Marc ? Ce qui est sûr, c’est que tous le pensent à un moment…
Les lieux. Le roman est un huis clos entre quatre personnes, autour d’une dinde de Thanksgiving. Mais entre les quatre murs où ils la partagent converge une décennie de frustrations, remémorée de façon à nous transporter tour à tour dans le très malsain château… ou sur une péniche où tout le monde danse.
L’époque. Que faisiez-vous à Thanksgiving, en 2021 ? Pierre, Jeanne, Marie et Marc, eux, ont partagé « le dernier dîner ». Et que faisiez-vous 36 ans avant le dîner, 34, 28… 7 ans… Vous ne savez plus ? Pierre, lui, se souvient de tout. Et si son histoire n’était qu’un vaste compte à rebours avant cette date ?
L’auteur. Arrivée en littérature chez Jouvence pour un premier roman lauréat d’un prix « bien-être », Camille Lesur revient avec Le dernier dîner, raconté « d’après une histoire vraie ». Elle y exprime des nuances (beaucoup) plus sombres, et se révèle être une autrice complexe avec laquelle il faut compter.
Ce livre a été lu avec le sentiment que les frontières entre fantasmes et réalité n’ont jamais été aussi floues. Pour Pierre, pas pour le lecteur ! Encore que… pour savoir si vous placerez le curseur au bon endroit, une seule solution : dévorer Le dernier dîner jusqu’à la réponse, qui viendra à la dernière ligne.
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