"Le courage, c'est d'oser vivre" : Sandrine Bonnaire revient sur les violences conjugales qu'elle a subies

Après avoir raconté au micro de l’émission «Quotidien», en novembre 2019, les violences qui lui ont été infligées par son ancien compagnon au début des années 2000, l’actrice de 52 ans s’est exprimée au micro de France Inter, ce vendredi 21 février.

Elle avait déjà évoqué son traumatisme dans l’ouvrage À l’amour à la vie, de Catherine Ceylac, paru le 23 octobre 2019 aux Éditions Flammarion. Quatre mois plus tard, Sandrine Bonnaire est revenue au micro de France Inter, le vendredi 21 février, sur le récit des violences conjugales qu’elle a subies. L’actrice de 52 ans a, d’abord, donné sa définition du terme «courage». «Le courage pour moi, c’est d’oser vivre, a-t-elle confié à l’animateur Ali Baddou. Il faut dire, il ne faut pas cacher ses émotions, rester pudique et digne mais ne pas avoir peur de vivre.»

« La honte est de l’autre côté »

La comédienne, qui a déjà raconté son calvaire sur plusieurs plateaux de télévision, a insisté sur le pouvoir libérateur de la parole : «J’en ai parlé assez vite dans mon entourage, a-t-elle expliqué. Ça m’a fait du bien, je pense que la parole fait du bien. Je conseille à toutes les femmes violentées de parler, ça libère.»

Avant de nuancer : «Après, le dire aux médias, c’est plus compliqué. Je pensais que ça allait me faire beaucoup de bien et curieusement ça m’a fragilisée. Mais je suis contente de l’avoir fait parce que ce n’était pas tant pour parler de moi, mais pour encourager toutes ces femmes à le faire, que ce soit dans leur entourage ou à la justice. Parce qu’il faut faire appel à la justice, c’est très important.» Et de conclure : «Ce n’est pas honteux d’être victime, la honte est plutôt de l’autre côté».

« J’ai eu tous les os du visage cassés »

Dans À l’amour à la vie, Sandrine Bonnaire explique avoir été battue il y a vingt ans par l’un de ses anciens compagnons, avec lequel elle a vécu durant quatre ans. Après l’avoir «strangulée», ce dernier l’aurait rouée de coups. «J’ai eu tous les os du visage cassés», se souvenait-elle au micro de l’émission «Quotidien», le 23 novembre 2019, dans le cadre de la marche #NousToutes. Avant de poursuivre : «Ce n’était pas quelqu’un de violent. (…) C’est quelqu’un qui a pété les plombs, qui m’a strangulée contre un mur.» La comédienne livre alors un récit horrifiant.

L’actrice et réalisatrice explique ainsi avoir «levé les bras» pour se défendre, puis être tombée dans les pommes. «Je me suis retrouvée deux mètres plus loin avec le visage complètement de travers, avec la langue en lambeaux, vous savez, comme des tissus qu’on découpe, avec huit dents cassées, avec une ouverture ici (elle désigne sa joue, NDLR), se remémore-t-elle. Je me suis réveillée, j’ai craché plein de morceaux de dents, du sang.»

Lorsqu’elle est revenue à elle, son ex-compagnon lui aurait affirmé qu’elle était tombée. «Comme il m’a strangulée, et que je suis tombée dans les pommes, je l’ai cru sur le moment, conclut-elle. Et le médecin m’a dit : « Vous avez reçu un coup, quelqu’un vous a frappée ». Du coup, j’ai porté plainte.» L’homme avait alors écopé de deux ans de prison avec sursis, «avec une condamnation financière importante», pour couvrir les 35.000 euros de frais dentaires et 20.000 euros de thérapie qu’avait dû dépenser Sandrine Bonnaire.

En vidéo, le résumé de la marche contre les violences sexistes et sexuelles

Le « traumatisme » de sa fille

Malgré cette peine, insuffisante selon l’actrice, et les critiques des associations féministes vis-à-vis du système judiciaire, Sandrine Bonnaire estime qu’il «faut faire appel à la justice». Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, préférait quant à elle se montrer plus prudente au micro de France Inter, le 26 novembre 2019. «À l’heure actuelle, je fais le constat qu’1% seulement des violeurs sont en prison, s’indignait la ministre, interrogée sur l’affaire Adèle Haenel. Et je comprends les femmes qui ne veulent pas judiciariser.»

Le 27 novembre 2019, Sandrine Bonnaire avait de nouveau évoqué son agression sur le plateau de «C à Vous», ainsi que celle de sa nièce. «Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais dans la famille, on nous casse les dents, avait-elle expliqué. Elle a quatre dents cassées devant, et puis elle a subi des harcèlements moraux. J’étais à son procès. Son mari a dit une chose assez récurrente : « Elle était hystérique, j’ai essayé de la calmer ».» L’actrice avait également évoqué le traumatisme vécu par sa fille Jeanne, âgée aujourd’hui de 26 ans, à l’époque de son agression.

«Hier, on a longuement parlé de ce traumatisme, avait déclaré Sandrine Bonnaire. Ma fille était là, heureusement elle dormait, mais après ces cinq jours d’hôpitaux, je suis rentrée à la maison. La petite était dans le bain, elle avait 7 ans à l’époque. Je suis revenue avec le visage complètement déformé. Et j’ai vu Jeanne qui m’a regardée et qui a eu peur.» L’actrice a raconté avoir menti à la petite fille, prétextant une chute dans l’escalier.

«Elle parle encore de ce visage de sa mère, qui l’a complètement traumatisée, avait-elle poursuivi. Elle avait peur de moi, et elle me parlait aussi du rejet qu’elle avait pour moi. Elle ne se laissait plus embrasser.» Libérée, Sandrine Bonnaire évoquait une discussion «émouvante», et se disait heureuse d’avoir pris la parole.

*Cet article initialement publié le 26 novembre 2019 a fait l’objet d’une mise à jour.

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