Le chrono est lancé : moins d’une semaine avant le déconfinement. Une soi-disant reprise de la vie que les entreprises doivent bien préparer. Pour accueillir à nouveau les employés, un protocole devra être suivi à la lettre. Mais pour éviter la propagation du coronavirus, certaines études plaident notamment pour la fin des bureaux dans des espaces de travail totalement ouverts.
La vie en entreprise ne sera plus comme avant, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour protéger au mieux les employés, les espaces de travail dans les bureaux vont devoir évoluer. Le ministère du travail a dévoilé dimanche le protocole sanitaire de déconfinement pour les entreprises du secteur privé.
« Le maître mot, c’est comment on respecte les gestes barrières dans les entreprises », a expliqué Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, dans une interview accordée lundi matin à France Info. Elle a aussi rappelé que le télétravail doit rester la règle quand il est possible. Mais si un retour au bureau est inévitable, le guide pratique donne de nombreux détails sur les distances physiques à respecter.
Ainsi, les entreprises, les commerces et les établissements accueillant du public doivent prévoir l’instauration d’un espace minimum de 4m2 par salarié, avec une gestion des flux et des sens de circulation pour éviter les croisements. Par exemple, dans un open space de 100 m2, seulement 25 personnes pourront être présentes en même temps. Cette règle s’applique également aux espaces communs, comme près des machines à café ou dans les ascenseurs. À la machine à café, une distance d’un mètre entre chaque personne devra être respectée et un marquage au sol mis en place. « C’est très frustrant mais il faut apprendre à se parler à distance« , déclare la ministre. Dans un ascenseur de 8m2, seules deux personnes pourront entrer à la fois. « Un tout petit ascenseur, c’est chacun son tour. Mais on ne va pas venir avec un mètre. C’est à l’entreprise d’organiser cela en fonction de la taille de ses installations », précise la ministre du Travail.
Une peur de l’open space
Des études ces dernières années ont démontré un impact négatif des open space sur la productivité. Selon une analyse américaine réalisée pour l’entreprise américaine Bospar, la moitié des personnes interrogées pensent que les open space vont aggraver la propagation du virus. Et 41% pensent que l’open space est un foyer d’infection.
Une autre étude intitulée « Coronavirus Disease Outbreak in Call Center », a tenté de démontrer comment le virus s’est répandu au sein d’un centre d’appels d’une entreprise coréenne de Séoul où les employés travaillaient dans un open space. Le 9 mars, un jour après que les premiers cas aient été signalés, le bâtiment entier a été fermé. Des tests ont été effectués presque immédiatement sur 1 143 personnes (travailleurs, résidents et quelques visiteurs) et les résultats ont été rapidement mis à la disposition des personnes concernées et de l’équipe chargée de contrôler la situation. Les tests ont montré que 97 personnes (8,5 % des occupants du bâtiment) étaient infectées. La plupart des cas étaient des femmes dans la trentaine et presque toutes (94 sur 97) travaillaient au 11ème étage du bâtiment, dans le centre d’appels.
Curieusement, contrairement à de nombreux foyers signalés avant et depuis, pratiquement toutes les personnes infectées, 92 % des cas, présentaient des symptômes actifs de Covid-19 au moment du diagnostic.
Les enquêteurs ont ensuite dressé une carte détaillée des personnes infectées et non infectées, démontrant que la grande majorité des cas avaient travaillé sur un côté du 11ème étage, à proximité immédiate. Dans l’ensemble, 43% de tous les travailleurs du 11ème étage ont développé une infection, avec une proportion encore plus élevée parmi ceux de l’aile la plus touchée.
Les conclusions de l’étude ont montré que la plupart des malades infectés travaillaient au niveau du centre d’appels, au 11ème étage. Le plus gros foyer infectieux s’est donc révélé être l’endroit où les employés étaient les plus proches les uns des autres… l’open space.
En 2011, des spécialistes danois avaient déjà montré que les salariés qui se trouvaient dans des bureaux de plus de six personnes étaient absents pour maladie environ huit jours par an. Deux fois plus que les personnes disposant d’un bureau isolé. Ce qui fait clairement dire, aujourd’hui, à certains spécialistes que « l’open space n’est plus seulement inefficace, il est dangereux ».
S’inspirer du travail à la maison
« Les entreprises doivent davantage penser leurs espaces de travail comme des lieux de vie et s’inspirer de ce qui se fait à la maison. En télétravail, on apprécie de passer d’une pièce à l’autre tout au long de la journée. Commencer debout dans la cuisine pour organiser sa journée, s’asseoir à son bureau pour se concentrer, s’allonger sur le canapé pour favoriser la créativité, marcher sur le balcon pour parler au téléphone…« , a observé Frank Zorn, co-fondateur de Deskeo, une plateforme de location de bureaux, sur BFMTV.
« On peut retrouver ce confort au bureau en proposant des espaces variés et confortables qui donnent envie aux gens de venir travailler. Les entreprises investissent souvent dix fois plus dans les salaires que dans le bien-être de leurs collaborateurs. Or, c’est un très mauvais calcul. En économisant quelques dizaines d’euros par m² en travaux et mobilier, on paye souvent la différence en matière de productivité », conclut-il.
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