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- Aujourd’hui, « Le cartographe des absences » de Mia Couto, paru le 2 septembre 2022 aux Éditions Métailié.
Alain Raimbault, écrivain, blogueur et contributeur du groupe de lecture 20 Minutes Livres, vous recommande Le cartographe des absences de Mia Couto, paru le 2 septembre 2022 aux Éditions Métailié.
Sa citation préférée :
«Un jour, les agents de la police secrète étaient venus chercher la machine à écrire. Ils voulaient vérifier qui était l’auteur de quelques pamphlets subversifs qui circulaient en ville. Les policiers avaient quitté notre maison en portant dans leurs bras cet appareil si suspect. Ils le tenaient à distance de leurs corps, comme s’il pouvait exploser à tout moment. Décoiffé et en maillot de corps, Adriano Santiago avait suivi comme un somnambule le cortège des policiers. Et il était resté ainsi sur la voie publique jusqu’à ce que ma mère le ramène à la maison. Un silence épais s’était abattu sur nous tous. Je n’aurais jamais imaginé qu’une simple machine nous occupe autant. »
Pourquoi ce livre?
- Parce que ce roman nous ramène à l’époque de la colonisation portugaise au Mozambique. L’action se passe en partie en 1973, en pleine guerre d’indépendance qui voit s’affronter d’un côté le pouvoir colonial et fasciste portugais, et de l’autre une résistance qui prend différentes formes. Il y est question de massacres, de police d’État, d’occupation armée et de résistance aussi bien des Noirs que de quelques Blancs. Il est aussi question de racisme, de collaboration, d’un mur des fusillés, et de beaucoup d’incompréhension de la part de soldats portugais souvent désorientés.
- Parce que l’action se déroule sur deux époques qui font écho. D’une part, en mars 2019, le poète Diogo Santiago se rend à Beira, sa ville natale, à la recherche de son enfance et de quelques secrets à percer. De l’autre, en février 1973, Adriano Santiago, père de Diogo et poète également, va à Inhaminga afin de recueillir les preuves d’un massacre perpétré par le pouvoir colonial. Les deux époques se déroulent sous nos yeux et peu à peu, le lecteur découvre la profondeur et la complexité des êtres pris dans des situations dramatiques. Ce roman ne peut que provoquer de vifs échos en nous.
- Parce que plusieurs enquêtes sont menées en parallèle. Adriano va partir à la recherche de son «neveu» Sandro, incorporé dans l’armée régulière portugaise mais qu’il va fuir. Où est-il passé? Est-il encore vivant? Diogo, lui, cherche à recoller les morceaux de son enfance afin de savoir qui a vraiment fait quoi. Il va être aidé par Liana à la recherche de l’histoire de sa mère miraculeusement sauvée des eaux dans sa jeunesse. Les êtres, à cause de la situation coloniale et de la guerre, ont tous une histoire plus lourde que le monde à porter. Il n’y a que des destins exceptionnels.
- Parce que si les deux personnages principaux sont des poètes, l’auteur en est un aussi. Bien souvent, le point de vue des personnages est surprenant, inattendu, original. Face à une situation ordinaire, ils proposent une vision extraordinairement profonde et poétique. C’est le décalage entre ce que le lecteur s’attend à lire et les mots surprenants des personnages qui provoque une émotion soudaine chez le lecteur, un merveilleux plaisir esthétique. C’est un roman bouleversant, vraiment bouleversant et terriblement beau.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Pendant la guerre d’indépendance du Mozambique, un poète et journaliste essaie d’aider la résistance au régime fasciste portugais. 46 ans plus tard, son fils essaie de découvrir la vérité sur ce passé troublant.
Les personnages. Adriano Santiago, père de Diogo, tous les deux poètes; Benedito, serviteur de la famille Santiago; l’inspecteur Óscar Campos; Ermelinda ou Almalinda, mère de Liana: Sandro, «neveu» d’Adriano.
Les lieux. Le Mozambique, Beira; Inhaminga; Lisbonne
L’époque. 1973, vers la fin de la guerre d’indépendance. 2019, des années après la fin de la guerre civile qui a suivi l’indépendance.
L’auteur. Mia Couto est né au Mozambique en 1955. Il s’engage en faveur de l’indépendance du pays. Il est journaliste, écrivain et professeur d’écologie à l’université de Maputo. Il est traduit dans de nombreux pays et a reçu des prix prestigieux.
Ce livre a été lu bouleversé par l’histoire et ému par la grande poésie de ce texte. Voilà un grand roman!
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