- Métro, boulot, (sexe et) dodo
- "Je ne sais pas à quel moment je pourrai caler ça dans mon agenda"
- Les femmes plus touchées par le burn out sexuel
- Retrouver l’envie d’avoir envie
Depuis le début de la pandémie, il est de bon ton de distinguer deux types de couples : ceux qui ont survécu à presque deux ans de confinement et ceux qui, moins résilients, ont vu leur histoire se briser entre deux nouveaux variants. Mais selon une étude largement relayée sur Internet et notamment Stylist UK, une 3e catégorie tend à faire son nid : celle des couples qui ont arrêté de copuler.
Métro, boulot, (sexe et) dodo
D’après ce fameux sondage réalisé par une appli de thérapie de couple, la pandémie aurait eu un sérieux impact sur la vie sexuelle de près de 74% des binômes interrogés.
Si les relations amoureuses très longue durée n’ont pas la réputation d’être synonyme de coïts passionnées, la situation actuelle serait elle qu’une nouvelle expression a fait son apparition : celle de burn-out sexuel, soit le rejet total de tout ce qui est lié aux plaisirs de la chair, que l’on soit en couple, union libre ou même tout simplement célibataire.
Résultat ? Soit le sexe s’inscrit aux abonnés absent, soit il est relégué au rang de fastidieuse corvée, de celles que l’on accomplit sans grand entrain.
« Les temps d’intimité sont perçus comme une tâche, un devoir, une action épuisante voire stressante, et non plus comme un acte amoureux, de plaisir, de partage, de lâcher prise, de découverte de soi et de sens », commente Noëline Toribio, psychopraticienne et sexothérapeute à Versailles (78).
Ou quand une partie de jambes en l’air devient tout aussi tentante que faire la vaisselle ou sortir les poubelles.
« Je ne sais pas à quel moment je pourrai caler ça dans mon agenda »
Preuve que l’on peut être soi-même atteint de burn-out sexuel ? Des sentiments de stress et d’agacement rien qu’à l’idée qu’on “doit s’y coller”, l’impression de perdre son temps et son énergie quand on se jette à l’eau ou encore une sensation de vide profond quand, au contraire, tous nos sens devraient être en ébullition.
« Une phrase qui revient souvent ‘je ne sais pas à quel moment je pourrai caler cela dans mon agenda’ ou dans mon quotidien car les occupations sont nombreuses. Une fuite s’installe à travers des prétextes ou des actes manqués », poursuit Noëline Toribio qui reçoit de plus en plus de patients confrontés au burn-out sexuel, y compris des jeunes vingtenaires.
Et, comme souvent en matière de sexologie, les causes d’un tel mal-être se révèlent souvent multifactorielles et propres à chacun.e.
Fatigue terrassante, emplois du temps surchargés, charge mentale pesante, ou encore récemment confinements à répétition et télétravail prolongé : les contraintes d’un quotidien moderne peu propice au bien-être et à l’épanouissement personnel-slash-conjugal contribuent de toute évidence à réduire le temps accordée à faire l’amour, ou même à “se faire l’amour”.
Les femmes plus touchées par le burn out sexuel
Selon notre sexothérapeute, c’est également la société en elle-même et ses différents paradigmes socio-culturels qui peuvent être à l’origine de cette vertigineuse perte de libido.
« À mon sens, il y a une forte pression liée à l’image sociale, professionnelle et personnelle que l’on doit renvoyer. Ce qui fait que les attentes de chacun sont dépassées et très souvent en décalage avec les souhaits de vie auxquels les patients aspirent à vivre au plus profond d’eux-mêmes ».
Autrement dit, les injonctions à la performance – sexuelles ou autres – que l’on intériorise consciemment ou non contribuent immanquablement à monter en pression, au point de nous mener tôt ou tard à une certaine forme de saturation.
Une réalité d’autant plus avérée pour les femmes engagées dans des relations hétéronormées. « Ce sont les femmes qui sont plus touchées par le burn out sexuel », souligne Noëline Toribio.
« Cela peut aisément être corrélé avec les récentes études sur la charge mentale (8 femmes sur 10) qui favorise elle aussi l’épuisement sexuel ».
Et ce sont généralement elles qui sont à l’origine d’une première consultation de couple à ce sujet auprès d’un professionnel de santé. Car lorsque le burn-out sexuel en vient à menacer la pérennité de la relation, ses protagonistes partent pour certains en quête de solutions pour retrouver la voie du plaisir. Et les pistes sont multiples.
Retrouver l’envie d’avoir envie
Tout d’abord, pour reprendre sa vie sexuelle en main, il est conseillé de commencer par (re)mettre de l’ordre dans sa vie tout court.
« Prenez le temps d’observer vos différentes responsabilités au quotidien, revoyez vos priorités, déléguez ce qu’il est possible de déléguer, limitez les facteurs de stress », recommande Noëline Toribio.
Autre stratégie à prendre en compte ? Celle du plaisir et du bien-être personnel, qui doit d’abord passer par soi avant de faire l’objet d’un bonheur partagé. « Adonnez-vous à des activités qui vous mettent en joie, permettent de se recentrer sur soi et de s’ancrer dans le présent », poursuit la thérapeute qui invite également ses patientes à se réapproprier leur propre sexualité via une masturbation épanouissante et bienfaisante.
Enfin l’experte enjoint aux victimes de burn-out sexuel d’éviter tout écueil d’auto-culpabilisation. “Le tout est de constater qu’elle est présente, d’observer quand et comment s’est elle installée et de s’insuffler de l’apaisement à travers chaque geste ou action qui nous donnera accès au bien-être.”
Et, avec un peu de chance, à quelques orgasmes supplémentaires.
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