Le boom des chaînes info, Netflix, Cyril Hanouna… Ce qui a marqué la télé des années 2010

DECRYPTAGE – Au cours de ces dix dernières années, le petit écran a été marqué par une série d’évolutions. Alors que le monde s’apprête à entamer une nouvelle décennie, retour sur les grands tournants de la télévision française.

Le boom des chaînes info

Il a fallu attendre l’arrivée de la TNT pour voir exploser les chaînes d’information. Sur 27 chaînes hertziennes, 4 sont consacrées à l’actualité en continu. LCI, lancée en 1994, CNews (ex iTélé) en 1999, BFMTV en 2005 et franceinfo en 2016. Les personnalités politiques s’y pressent, le matin pour l’interview de Jean-Jacques Bourdin ou Elizabeth Martichoux et le dimanche à la mi-journée face à Apolline de Malherbe, rythmant ainsi l’agenda du gouvernement et de l’opposition.

Avec plus de 2% de part d’audience enregistrés en moyenne chaque mois, seule BFMTV, bien que décriée, est rentable. Lancée la troisième, après LCI et iTélé, la chaîne s’est imposée grâce à ses multiples retransmissions en direct, notamment pendant l’affaire DSK en 2011. Mais les cartes seront-elles rebattues pendant la prochaine décennie?

La libération du canal 14 et 19 à l’été 2020, rendue possible par la disparition de France 4 et France Ô, va relancer la guerre des chaînes info. Toutes voulant obtenir ces canaux, surtout LCI, sur la TNT gratuite depuis 2016, et france info, qui occupent respectivement le canal 26 et 27, très loin derrière le 15 de BFM. Contre-proposition d’Alain Weil, patron de cette dernière, pour conserver sa place de leader? Avancer l’ensemble des chaînes de la TNT d’un rang. Le bras-de-fer ne fait que commencer.

L’arrivée de Netflix et des autres plateformes de SVOD

Le paysage audiovisuel a été bouleversé par l’arrivée d’un nouvel acteur: Netflix. Grâce à ses séries originales telles que House of Cards et La Casa del Papel et son menu intuitif, la plateforme est parvenue à s’imposer dans le monde et en France, depuis septembre 2014, où plus de 5 millions de foyers en sont abonnés. Parmi ses concurrents les plus notoires: OCS, Amazon, Apple TV+ et bientôt Disney+. Des plateformes qui participent à la baisse les audiences de la télévision linéarisée (en direct, NDLR.).

«Je ne crois pas à la prédiction du PDG de Netflix, Reed Hastings, selon laquelle, dans dix ans, seule la télé à la demande existera encore, se voulait rassurant Guillaume Jouhet, directeur général d’OCS, bouquet de chaînes Orange qui compte plus de 3 millions d’abonnés, dans nos colonnes en juillet 2019. «Les plates-formes vont continuer à croître, mais probablement pas dans les mêmes proportions», estimait de son côté Takis Candilis, directeur général délégué à l’antenne et aux programmes de France Télévisions.

Pour contrer les Américains, son groupe, en association avec TF1 et M6, va lancer au premier trimestre 2020 Salto, une plateforme qui regroupera les productions maison de ces chaînes mais aussi des programmes originaux et des contenus en avant-première.

Le déclin du clair de Canal+ 

Vincent Bolloré, à la tête de Vivendi (qui détient le groupe Canal+) depuis 2015 a incontestablement changé le destin de la chaîne cryptée. En entreprenant de grands changements au sein des différentes chaînes dès son arrivée, ratissant notamment la grille de Canal+ avec une nouvelle formule du «Grand Journal» ou des «Guignols de l’info», le patron a perturbé les habitudes des fidèles.

Au fil des saisons, ces émissions cultes ont disparu. Quant aux abonnés, ils ont déserté, préférant d’autres chaînes pour les contenus sportifs ou les plateformes de vidéos à la demande pour l’offre cinéma et série. Alors que Michel Denisot avec son Grand Journal dépassait allégrement le million de téléspectateurs en access prime time il y a dix ans, ils sont moins de 200.000 réunis devant aujourd’hui «L’Info du vrai» d’Yves Calvi.

Certains disent estiment que «l’esprit Canal» se trouve désormais sur TMC avec «Quotidien» et «Burger Quiz», deux programmes qui ont démarré sur la chaîne privée. Bonne nouvelle néanmoins pour le directeur général de la chaîne, Maxime Saada: la récente acquisition des droits de retransmission de la Ligue des champions avec beIN Sports entre 2021 et 2024.

Le CSA, la star télé inattendue 

«On n’est pas couché», «TPMP!», «L’heure des pros», «Salut les Terriens!»… Ces émissions ont toutes offert des clashs mémorables dans les années 2010, ce qui a pu pousser le CSA à sévir. Mises en garde, mises en demeure, rappels à l’ordre, amendes… Le gendarme de l’audiovisuel se prononce régulièrement lorsque les téléspectateurs (il en suffit d’un pour ouvrir un dossier), choqués par une séquence, le saisissent.

Record de plaintes en 2017 avec pas moins de 90.000 saisines enregistrées, dont 39.000 rien que pour le canular jugé homophobe de Cyril Hanouna dans «Touche pas à mon poste!». Pour cette séquence controversée, le CSA infligera d’ailleurs une amende de 3 millions d’euros à C8. Du jamais vu.

Du côté des programmes

Le phénomène Cyril Hanouna

Avant 2012, Cyril Hanouna galérait. «Je jouais toute la journée à la PlayStation. Ma mère me donnait 200 euros par semaine, j’avais vendu ma voiture. Le banquier m’appelait tous les jours», avait-il confié au Parisien. Mais lorsque son «Touche pas à mon poste!», émission médias de France 4, bascule sur D8 (ex-C8), sa notoriété explose. De 500.000 curieux sur le service public en deuxième partie de soirée une fois par semaine, le programme a multiplié son audimat par deux, trois puis quatre sur la chaîne du groupe Canal+ en access prime time du lundi au vendredi, atteignant jusqu’à 2 millions de fidèles en 2016.

Pour garder sa poule aux oeufs d’or, Vincent Bolloré n’hésite pas à mettre la main au porte-feuille et fait signer au trublion un contrat de 250 millions d’euros (soit 50 millions d’euros sur 5 ans). Alors qu’il officie sur une chaîne de la TNT, il devient l’homme dont tout le monde parle en ne cessant de créer l’événement avec de nombreux happenings, n’hésitant pas à égratigner les stars du PAF les unes après les autres….

Adoré par certains, conspué par d’autres, il fascine autant qu’il divise. Il est bientôt surnommé le «patron de C8» en raison des nombreux programmes qu’il anime («Nouvelle Star») et produit («L’œuf ou la poule», «Il en pense quoi Camille?») sur la chaîne. Les polémiques en rafales, la concurrence («Quotidien», «C à Vous») et l’usure du concept ont depuis fragilisé son «TPMP!» qui, cette saison, ne pointe «plus qu’à» un peu plus d’un million de fanzouzes chaque soir.

Le bon filon des émissions culinaires 

C’est en 2010 que sont apparues les premiers concours culinaires français «MasterChef» sur TF1, «Top Chef» sur M6. Dix ans plus tard, l’une a disparu, l’autre s’apprête à revenir pour une onzième saison en 2020. Mais ces programmes ont surtout lancé de multiples déclinaisons: «Le Meilleur Pâtissier», «La Meilleure boulangerie de France», «Les Rois du gâteau», «À table», «Norbert, commis d’office», «Chef contre chef». Et par la même occasion propulsé des chefs au rang de stars. Cyril Lignac, Jean-François Piège, Ghislaine Arabian, Philippe Etchebest, Frédéric Anton ou encore Yves Camdeborde peuvent en témoigner.

«Il y a un avant et un après [«Top Chef»]», a récemment confié Hélène Darroze, révélée au grand public dans Top Chef, à nos confrères des Echos. «Pas un seul jour sans que l’on me reconnaisse dans la rue. Parfois, je songe à arrêter, mais c’est difficile quand je pense à la fréquentation et à la visibilité que cela m’apporte

Game of Thrones 

Elle est considérée comme la série de la décennie par de nombreux médias américains et français. Game of Thrones dont la huitième et ultime saison a été diffusée en 2019. Une série fantastique qui a battu des records de visionnages sur HBO (32,8 millions en moyenne devant chaque épisode de la saison 7), de téléchargements illégaux, de budget (15 millions de dollars par épisode de la saison 8) et de nominations aux Emmy Awards. Des spin-off sont en cours de préparation pour la prochaine décennie.

Génération 2.0 de la télé-réalité

C’est le «Hélène et les garçons» des années 2010. «Les Anges» et «Les Marseillais», ces télé-réalités qui ont ringardisé le «Loft» et «Secret Story». Finies les émissions d’enfermement où les candidats sont filmés quasiment sans interruption. Désormais rémunérés, les participants sont suivis 6 jours sur 7 dans une villa, souvent au soleil, d’où ils peuvent sortir comme bon leur semble. Les stars de ces programmes, devenus entre temps influenceuses sur les réseaux sociaux, reviennent à chaque saison pour de nouvelles histoires.

«Les Anges» sur NRJ12 connaît son apogée en 2013 lorsque Nabilla lance cette phrase devenue mythique: «Non mais allô quoi!». Depuis, la passion pour ce programme s’est légèrement amoindrie. La jeune génération préférant «Les Marseillais». Chaque soir, du lundi au vendredi sur W9, les aventures de ces derniers intéressent près d’un million de personnes. Les chiffres du replay sont tout aussi satisfaisants pour la chaîne du groupe M6 qui a d’ailleurs multiplié les déclinaisons: «Les Marseillais vs le reste du monde», «Les Ch’tis vs les Marseillais», etc…

  • Prodiges (France 2) Elizabeth Vidal : « La musique classique appartient à tout le monde » (Télé7 Jours)
  • « Murder Mystery » avec Jennifer Aniston et Adam Sandler est le contenu le plus regardé sur Netflix en 2019 (Relaxnews (AFP))
  • Star Wars : Disney à la recherche d’un jeune Luke Skywalker pour la série Obi-Wan Kenobi (Allocine)
  • «Le Bazar de la charité»: dans quoi verrez-vous bientôt les stars de la série? (Allocine)

AUSSI SUR MSN : Cyril Hanouna s’en prend violemment à France 2 et TF1

Source: Lire L’Article Complet