"Languishing" : quelle est cette émotion propre à la pandémie de Covid-19 ?

Vous n’êtes ni déprimé ni épanoui ? Ni heureux ni malheureux ? C’est ce que l’on appelle le « languishing », un état émotionnel intermédiaire qui se généralise depuis le début de la pandémie de Covid-19. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Explications.

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La pandémie de Covid-19 n’est pas sans conséquences sur notre santé mentale. L’enquête CoviPrev menée par Santé Publique France révèle que 20 % des Français souffrent d’un état dépressif, un niveau plus élevé que celui constaté hors épidémie. En cause ? La peur du virus, le sentiment de solitude ou encore l’enfermement dû aux confinements successifs.

La situation actuelle n’est pourtant pas toujours source de troubles psychologiques : nombreux sont ceux qui ne sont ni tout à fait déprimés, ni tout à fait heureux. Une sorte d’émotion intermédiaire difficile à décrire, mais qui se caractérise souvent par une sensation de vide et un manque d’enthousiasme.

Cet entre-deux a désormais un nom, comme le révèle dans le New York Times Adam Grant, professeur de gestion et de psychologie à la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie (Etats-Unis) : le « languishing », autrement dit la « langueur ».

There’s a name for that sense of stagnation and emptiness you’re feeling during the pandemic: It’s called languishing. https://t.co/6JHf77rPId pic.twitter.com/XvSh2LXEUn

Le « languishing », l’émotion dominante de l’année 2021 ?

La langueur est définie comme un « abattement physique ou moral qui se manifeste par un manque d’activité, d’énergie, de dynamisme ». Quant au terme « languishing », il a été inventé au début des années 2000 par le sociologue Corey Keyes, pour décrire les personnes qui n’étaient pas forcément démoralisées, mais qui ne s’épanouissaient pas non plus.

Une sensation qu’Adam Grant a lui-même ressentie et constatée chez les autres en cette période de crise sanitaire : « Ce n’était pas un épuisement professionnel, nous avions encore de l’énergie. Ce n’était pas une dépression – nous ne nous sentions pas désespérés. Nous nous sentions juste un peu sans joie et sans but », écrit-il dans le New York Times pour décrire ce phénomène.

Il explique également que la langueur est un sentiment de stagnation et de vide. « On a l’impression d’avancer à pas de tortue, de regarder sa vie à travers un pare-brise brumeux. Et c’est peut-être l’émotion dominante de 2021 », ajoute le professeur en psychologie.

« Languishing » : un facteur de risque de dépression ?

Le sociologue Corey Keyes décrit le « languishing » comme « le vide et la stagnation, constituant une vie de désespoir tranquille… des individus qui se décrivent et décrivent la vie comme creuse, vide, une coquille et un vide ».

Un phénomène qui ne serait pas sans conséquences, car les personnes qui en souffrent ne s’apercevraient pas de leur état et ne seraient donc pas prises en charge. Leurs symptômes ne seraient pas « cliniquement significatifs » et passeraient ainsi inaperçus. « Lorsque vous ne voyez pas votre propre souffrance, vous ne cherchez pas d’aide et ne faites pas grand-chose pour vous aider », explique Adam Grant.

Résultat : le « languishing » est considéré comme un facteur de risque de troubles psychologiques. Dans une étude, Corey Keyes a constaté que le risque d’un épisode dépressif majeur était ainsi deux fois plus élevé chez les adultes souffrant de « languishing » que chez ceux « modérément sains mentalement ».

Comment lutter contre le « languishing » ?

Il existe cependant des solutions pour sortir de cet état léthargique. Le « flow » (« flux », en français) en ferait partie : ce concept décrit un état mental au cours duquel une personne est complètement immergée dans une activité. Un état de concentration et d’engagement extrême duquel ressortirait une certaine satisfaction.

Pour y parvenir, il est par exemple possible de renouer avec le plaisir de se plonger dans un nouveau livre ou de finir une grille de mots croisés. L’idée ? « Se réserver du temps chaque jour pour se concentrer sur un défi qui compte pour vous – un projet intéressant, un objectif valable, une conversation significative. Parfois, il s’agit d’un petit pas vers la redécouverte de l’énergie et de l’enthousiasme qui vous ont manqué pendant tous ces mois », suggère Adam Grant.

La thérapie cognitive et comportementale (TCC), la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) ainsi que la pleine conscience pourraient également être efficaces contre le « languishing ».

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