Faut-il interdire la cuisson au gaz ? Les autorités américaines y songeraient de plus en plus selon The New Scientist, après la parution d’une étude accablante en décembre 2022 dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health.
Controversée, celle-ci avance que 12,7 % des cas d’asthme infantile aux États-Unis résulteraient du mode de cuisson au gaz. « L’utilisation d’une cuisinière à gaz, c’est à peu près comme si un fumeur vivait dans votre maison », a déclaré à l’AFP Talor Gruenwald, l’auteur principal de l’étude, dont les propos ont été relayés par Les Echos.
En parallèle, un autre rapport à charge contre le gaz est venu semer le trouble. Publié le 8 janvier 2022 et commandé à l’Organisation pour la recherche scientifique appliquée des Pays-Bas (TNO) par les ONG Respire, Clasp et l’Alliance européenne de santé publique (EPHA), celui-ci assure que 12 % des cas d’asthme infantile dans l’Union européenne sont aussi liés à ce mode de cuisson.
Du dioxyde de carbone en concentration élevée
Menée par le Rocky Mountain Institute (RMI), la méta-analyse américaine avait pour ambition de faire la lumière sur les dangers « méconnus » de la cuisson au gaz, constituant un potentiel « fardeau de santé publique ».
C’est en compilant les données de 41 études antérieures avec le recensement américain que les chercheur.euse.s se sont permis d’affirmer que 650 000 enfants n’auraient pas développé d’asthme si leurs maisons avaient des plaques de cuisson électriques ou à induction. Des résultats qui font écho à une recherche australienne publiée en 2018 attribuant 12,3% de l’asthme infantile à ces gazinières.
En Europe, les ONG ne sont pas moins alarmantes. Dans un rapport indépendant, celles-ci affirment sans détour que la cuisson au gaz émet une pollution intérieure au dioxyde de carbone à des taux bien supérieurs aux recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l’air extérieur. Et ce « 5 jours sur 7 » en Europe de l’Est.
« Les plaques de cuisson au gaz émettent du monoxyde de carbone, des particules ultrafines et d’autres polluants, pouvant avoir de graves effets sur la santé, en particulier chez les enfants », ajoutent les auteur.ice.s dans un communiqué. En France, l’asthme de plus de 140 000 enfants pourrait être causé par cette cuisson au gaz, déclarent-ils.
Au cours d’une étude sur les cuisinières à gaz, publiée en janvier 2022 par le Journal Environmental Science & Technology, des scientifiques avaient identifié 12 polluants atmosphériques considérés comme étant dangereux pour la santé par les autorités américaines. Parmi eux, le benzène, un gaz aux effets cancérogènes. « Il n’y a pas de dose sûre pour le benzène. Même une petite exposition, lorsqu’elle est régulière, peut entraîner une accumulation de ce polluant dans l’organisme et, à terme, des risques pour la santé », précisaient à l’époque les chercheur.se.s.
Des résultats controversés
Alarmantes et complémentaires, ces deux recherches ont la même fin : inciter à la fin du gaz au profit d’ »alternatives plus propres », comme l’électrique. Et en Europe, au vu de la crise énergétique actuelle, c’est presque urgent, assurent les ONG. « Ces chiffres sont un choc (…) Nous pouvons craindre un impact sanitaire notable sur les cas d’asthme des enfants cet hiver et ces chiffres nous obligent à repenser nos modes de vie et de consommation », a déclaré Tony Renucci, directeur général de Respire.
Aux États-Unis, où 35% des cuisinières fonctionnent au gaz, ces résultats ne mettent pas tout le monde d’accord. Soutenu par la droite conservatrice, le lobby gazier américain AGA a notamment qualifié la recherche américaine de « pur exercice mathématique de promotion d’une cause, sans rien de nouveau sur le plan scientifique« , rapporte les Echos.
Au sein de la communauté scientifique, pas de consensus non plus. Interrogé par l’AFP, le professeur de santé publique à l’université de Liverpool Daniel Pope s’est aussi montré plus critique. Selon lui, le lien entre l’asthme et la pollution des cuisinières à gaz reste à prouver par des recherches supplémentaires. Ce dernier estime même que cuisiner au gaz a des « effets négligeables par rapport à l’électricité pour tous les aspects de la santé – y compris l’asthme ».
Le chef de l’agence américaine de sécurité des produits a quant à lui tenu à rassurer les défenseur.euse.s de la cuisine au gaz. Dans un communiqué publié le 11 janvier sur son compte Twitter, il a fermement démenti vouloir « interdire » les gazinières.
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