Killing Eve est une série de femmes, de trois femmes plus exactement. Lors de son lancement en avril 2018 sur BBC America, puis à la rentrée sur Canal+ en France, deux étaient surtout mises en avant : la créatrice Phoebe Waller-Bridge, auréolée du succès critique et public Fleabag, et l’actrice Sandra Oh, éternelle Cristina Yang de Grey’s Anatomy. Mais Jodie Comer alors ? Malgré ses dix ans de carrière, la comédienne de seulement 26 ans était quasi inconnue des téléspectatrices et téléspectateurs. Killing Eve est donc pour beaucoup une révélation, pour ne pas dire une déflagration tant l’immensité de son talent, la palette de son jeu, et ce petit quelque chose d’insolence et d’insaisissable éclatent à l’écran. Pour les retardataires, la série débarque en clair dimanche soir
sur TF1 Séries Films.
Une enfant de la télé britannique
Née à Liverpool en 1993, Jodie Comer n’est pas une enfant star, mais presque. Au lycée, elle est repérée par son professeur de théâtre après un monologue pendant un spectacle de classe. Il l’envoie passer une audition pour une pièce de théâtre de la BBC Radio, et c’est le début de sa carrière. Tout en travaillant dans des bars et des supermarchés, elle enchaîne les castings, et bientôt les rôles dans des séries britanniques, souvent inédites en France : The Royal Today, Holby City, Justice, Coming Up, Affaires non classées ou Londres, police judiciaire, la version UK de Law & Order.
Les fans de séries en général, et de séries anglaises en particulier, repèrent Jodie Comer dans Journal d’une ado hors norme, teen show inspiré et inspirant sur une adolescente mal dans sa peau – elle fait plus de 100 kg. Elle y joue sa meilleure amie, belle et populaire. Après trois saisons, la série s’arrête, nous sommes en 2015, et Jodie décroche coup sur coup deux rôles-clés dans sa carrière : les séries Doctor Foster et Thirteen.
Le doublé « Doctor Foster » et « Thirteen »
Dans la première, elle joue la jeune maîtresse du mari de l’héroïne, et réussit en peu de scènes à être plus que l’objet de désir dans laquelle la série aurait pu la cantonner. La seconde la voit tenir le premier rôle, celui d’une victime de kidnapping qui s’échappe après 13 ans de captivité, avec la difficile réinsertion qui suit au sein de sa famille. C’est bien simple, il aurait pu s’agir de deux actrices différentes, Jodie Comer est méconnaissable d’une série à l’autre. Un vrai tour de force. Le Royaume-Uni l’adoube alors en lui confiant le rôle-titre d’une de ses têtes couronnées, ici Élisabeth d’York dans la mini-série The White Princess.
Villanelle forever
Jodie Comer aurait pu se faire une spécialité des rôles en costumes, une institution outre-Manche, mais elle se met en danger avec le personnage de Villanelle de Killing Eve, tueuse à gages psychopathe très casse-gueule sur le papier, qu’elle transforme, dès le casting, en caméléon polyglotte se fondant dans les pays qu’elle traverse, tour à tour folle, dangereuse, hilarante, touchante. Comme l’expliquait Phoebe Waller-Bridge à CanneSéries 2018, « Jodie peut changer la température d’une pièce en une ligne de dialogue, c’est impressionnant ». Et hop, l’Emmy Award 2019 de la meilleure actrice !
Et maintenant ? Hollywood ? Mieux : Star Wars ! Il fallait être attentif, mais Jodie Comer est entrée dans la danse des blockbusters par la grande porte, elle incarnait la mère de Rey dans une scène flash-back de L’Ascension de Skywalker. Le public la retrouvera ensuite aux côtés de Ryan Reynolds dans Free Player, puis de Matt Damon, Ben Affleck et Adam Driver (excusez du peu) dans le prochain Ridley Scott, et bien sûr, dans la saison 3 de Killing Eve, prévue au printemps 2020.
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