Jeune ou vieux, ce n'est jamais facile de « Grandir un peu »

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  • Aujourd’hui, « Grandir un peu » de Julien Rampin est paru le 28 novembre 2019 aux Éditions Librinova

Marceline Bodier, auteure et contributrice du groupe de lecture « 20 Minutes Livres », vous recommande Grandir un peu de Julien Rampin, paru le 28 novembre 2019 aux Éditions Librinova.

Sa citation préférée :

« Et son père ouvre enfin la porte. »

Pourquoi ce livre ?

  • Parce que c’est un livre qui raconte le parcours de plusieurs personnages attachants, parmi lesquels chaque lecteur en trouvera un auquel il s’identifiera plus particulièrement : Raymonde, la grand-mère magique pour qui les termes « grand » et « mère » sont autant de problèmes ; Lucas, le jeune homme fragile mais solaire (à moins que ce ne soit l’inverse) ; et Jeanne, la femme étouffée… est-ce celle qui a le plus besoin de grandir un peu ? Non, car chacun, même octogénaire, est sur un chemin sur lequel il a besoin de progresser et c’est la réunion de ces chemins que raconte le livre.
  • Parce que ce sont bien leurs rencontres qui sont au cœur des processus qui les font grandir un peu et pas uniquement des parcours variés et des personnalités complémentaires que raconte le livre. Rencontres improbables entre les générations, entre des mondes qui n’auraient pas dû se croiser, entre des personnages qui s’apprivoisent, se parlent et surtout, réussissent à se taire en présence les uns des autres : « Il n’y a qu’avec les êtres chers que l’on peut se taire vraiment, et partager, pourtant, quelque chose de fort ».
  • Parce que c’est un livre qui m’a fait penser à Point cardinal, de Leonor de Recondo. Pourtant, l’analogie ne peut se faire ni sur le fond, ni sur la forme : elle se fait sur le désir. Chaque livre parle du désir d’affirmation de soi. J’ai lu Point cardinal comme un livre sur le désir d’être reconnu pour ce qu’on est vraiment : c’est quelque chose d’universel. De même, « grandir un peu », c’est passer de l’état d’enfance où on se laisse dominer, que ce soit par gentillesse, par peur, par culpabilité, ou encore par faiblesse, à un état où on ose dire tout haut ce qu’on a envie d’être.
  • Parce que le livre est particulièrement réussi lorsqu’il relate l’expérience de Lucas, un jeune homme homosexuel, qui ne vit pas son homosexualité comme un problème, pour qui elle n’est pas impossible à affirmer, mais qui ne trouve quand même pas que de la bienveillance autour de lui, même de la part des personnes qui comptent le plus. Il doit alors grandir sans guide évident, dans une vie ponctuée d’abandons, en s’appuyant sur des adultes blessés : là encore, nul besoin d’être un homme ni de se référer à sa propre orientation sexuelle pour s’identifier…
  • Parce que c’est le premier roman de Julien Rampin, mais c’est loin d’être la première fois qu’on peut le lire, puisqu’il est un chroniqueur littéraire très connu sous le nom de « la bibliothèque de Juju ». Son style est très reconnaissable : simple et percutant, bienveillant même lorsqu’il n’aime pas le livre, et surtout, toujours saturé d’émotion. Avant de lire son roman, j’étais préparée à l’expression d’une sensibilité exacerbée, à des émotions exacerbées, à un mélange de rires et de larmes : il y a bien tout cela dans Grandir un peu. N’hésitez pas !

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Le livre commence sur une rencontre improbable, termine sur une rencontre (peut-être) annoncée… mais combien de ruptures les personnages vont-ils devoir affronter pour que ces rencontres soient possibles ?

Les personnages. Raymonde (et Emma), Lucas (et Benjamin), Jeanne… Jeanne, et qui ? Avec les autres (grâce à eux), comme les autres (grâce à elle), elle va grandir un peu, si bien que l’un d’eux pourra lui dire « eh ben voilà comment je les aime moi les gentilles filles. Lorsqu’elles deviennent moins fréquentables »

Les lieux. Une maison isolée, l’Afrique, une maison de retraite… non, je recommence : aligner les lieux ne vous dira rien sur ce livre où priment chemins et traversées. Par contre, vous pouvez retenir qu’il y a une forêt, puisque « leur amitié était née réellement de ces sorties secrètes en forêt ».

L’époque. Oh, l’époque… disons surtout que c’est presque un siècle qui est couvert puisqu’on remonte aux origines de la vie de Raymonde, 88 ans. Qu’importe, puisque n’importe quel personnage peut avoir dit « Nos rires d’enfance sont la seule chose qui vaille la peine d’être regrettée ».

L’auteur. Grandir un peu est « né d’une absence » : c’est « un au revoir et une naissance en même temps », ainsi que Julien Rampin le confie dans une
interview au site Déjàlu.fr (qui organise un
concours pour faire gagner ses livres). Penchez-vous sur ce berceau !

Ce livre a été lu avec l’accent du sud de l’auteur dans les oreilles

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