Influenceuse, créatrice de Rouje et dernièrement à la tête d’une boutique et d’un restaurant, la plus incontournable des Parisiennes revient sur son parcours lors d’une interview exclusive.
Cumulant plus de 1,2 millions d’abonnés sur Instagram, Jeanne Damas, la parisienne au carré, bouche rouge, petit pull en maille et denim feu-de-plancher a fait de son style sa signature. Résultat ? En 2016, elle crée Rouje, une griffe de prêt-à-porter et d'accessoires à l’image de sa propre garde-robe. Jeanne Damas, l’œil au cœur de Rouje nous livre les clés de son succès où pièces essentielles et intemporels du vestiaire sont upgradés d’un style rétro chic à la nonchalance parisienne.
Un œil mode
Déjà plus de 15 ans que Jeanne Damas à un pied dans la mode, sans le savoir. Ses débuts ? "Vers l’âge de 13/14 ans, j’avais déjà cette passion des photos, de créer des histoires avec des images et de montrer mes looks via mon skyblog". À l’ère où Facebook commençait tout juste à pointer le bout de son nez et où Instagram n’existait pas encore, cette Parisienne avait déjà cette appétence pour la création. À un âge ou cela ressemblait plus à un jeu – "C’était très spontané, je faisais ça pour m’amuser c’était fait organiquement" – son œil et sa façon de communiquer font déjà parler d’elle. Résultat ? Elle débute dans l'industrie du mannequinat en posant avec sa maman pour les campagnes mère-fille de Comptoir des Cotonniers, s’amuse à faire des essayages cabine pour Nathalie Dumeix, une amie de la famille, et finit par se faire repérer par l’agence de mannequinat IMG Models Paris.
« J’intéressais les marques pour ce que j'étais, ce que je représentais. J’étais sûrement l’une des premières. À cette époque, les influenceuses n’existaient pas »
© Jean Picon
L’envie d’entreprendre
Jeanne Damas nous confie que ce n’était pas du tout dans ses projets initiaux d’entreprendre. Après le lycée elle étudie pendant quatre ans le théâtre à l’Atelier Blanche Salant à Paris "Je voulais être comédienne". Sur la même période elle continue le mannequinat, les projets d’égérie et à alimenter son compte Tumblr. Son truc en plus ? Un atelier de couture est voisin de trottoir du restaurant de ses parents ! "J’observais, la couture, la découpe de tissu, les matières, j’aimais beaucoup y passer du temps mais après mes études je me disais que ce métier n’était pas pour moi." Quelques années après, l’envie d’entreprendre devient une évidence, "Je me suis rendue compte que je faisais vendre à travers les campagnes en tant qu’égérie, je me suis dit pourquoi pas me lancer dans la création de marque de prêt-à-porter". Au cours d’un dîner, son idée devient un réel projet en rencontrant Jérôme Masselier, qui est aujourd’hui son associé. Lui ? À la tête de Swildens, un label de prêt-à-porter parisien, il est également le gendre de Marie-Françoise Cohen, la fondatrice de Bonpoint et de Merci, le concept store parisien. "C’était facile pour commencer : il avait la structure, les usines, les contacts, les fournisseurs et moi je pouvais apporter ma créativité, en distribuant exclusivement par internet les créations de Rouje. En 2016, on ne prenait aucun risque retail".
Une allure signature
Lucide de son haut quotient mode sur les réseaux sociaux, Jeanne Damas à une allure signature, un style vestimentaire 100 % parisien que les françaises essayent de calquer. L’essence de sa silhouette ? Des cardigans en maille, des jeans à la coupe seventies, des vestes en velours côtelé…Sans oublier son iconique panier en osier au bras. Le point départ pour créer sa griffe était de proposer une ligne de prêt-à-porter moins classique, moins traditionnelle, nouvelle !
Consciente que son image fait vendre, elle se lance dans cette aventure accompagnée de Nathalie Dumeix, une styliste pour qui elle jouait les mannequins cabine à la sortie des cours. Le nom "Rouje" devient alors une évidence. Partant du principe qu’elle ne souhaitait pas une marque éponyme, "Je voulais garder ma liberté de faire d’autres projets, mon nom pour continuer à faire du théâtre, être comédienne et en gardant mon identité. Rouje ce n’est pas que moi, nous sommes une équipe", Jeanne Damas fait écho à sa bouche signature, teintée de rouge à lèvres.
© Jean Picon
La créativité
La partie créative c’est elle ! Jeanne Damas incarne avant tout sa marque avec toujours en tête l’idée de départ : "Créer mon parfait dressing". Elle se qualifie de directrice artistique au sens large "Je supervise les castings, les shootings, les collections, la communication…". Jeanne Damas trouve des idées dans des livres, à travers les icônes de cinéma, en se promenant dans la rue. "Je ne dessine pas, je ne suis pas styliste je n’ai pas fait d’étude dans la création". Quand elle a une idée, elle envoie ses notes prises sur son téléphone, la couleur, la matière, le mouvement des froufrous…, puis mon équipe de style fait des croquis de ce que j’avais imaginé".
La femme Rouje
La femme Rouje, ce sont les femmes de son entourage : Jeanne Damas s’inspire de sa sœur, sa mère, ses amies. "Le meilleur compliment que l’on m'ait fait sur Rouje, c’est que l’on voyait la femme avant le vêtement". La dimension d’allure, souligner une silhouette est très importante chez Rouje. À la clé ? Les coupes sont intemporelles et les formes, faciles. "En ouvrant la boutique, je me suis rendue compte que ça parlait à beaucoup de femmes, Rouje est intergénérationnel". Jeanne Damas nous révèle qu’elle aime caster les femmes dans la rue, dans le métro, sur Instagram… L’important ? "Trouver une fille que personne ne connaît encore".
Se challenger
"Rouje, c’est mon dressing idéal : du marine, des pois, des couleurs vibrantes. Notre rôle maintenant est de garder cette base et de nous réinventer". Dernier coup d’éclat mode ? Jeanne inaugure sa boutique et son restaurant "Chez Jeanne" en septembre dernier au 11 de la rue Bachaumont, dans le 2ème arrondissement de Paris. Les vêtements Rouje sont séparés d’un couloir en "U" pour donner sur le lieu de vie où la carte du bistrot est sous la houlette du chef Alexandre Arnal. "Marie-France Cohen, la belle-mère de mon associé m’a beaucoup aidée pour imaginer le lieu". Jeanne Damas, fille de restaurateurs, voulait un lieu de vie où se retrouver autour "d’une bonne bouffe". Certainement pas son seul lieu, Jeanne nous confie qu’elle souhaite ouvrir d’autres boutiques et en particulier à l’étranger. En effet, grâce à internet, 30% de sa clientèle vient des États-Unis "On a eu de la chance de commencer par cette plateforme mondiale, et de se faire connaître dans le monde entier".
L’avenir ? Jeanne Damas insiste sur le fait que ce qui lui tient à cœur c’est que "l’entreprise grandisse en gardant son authenticité, je ne souhaite pas être une grosse machine". La suite ? Collaborer avec plus d’artistes à l’instar du photographe Harry Gruyaert "Maintenant que je possède un lieu de vie, on peut exposer et faire vivre au maximum l’adresse". Autodidacte, le seul conseil qu’elle peut nous donner est de "Laisser place à l’instinct, faire confiance aux autres, écouter les conseils et surtout bien s’entourer".
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