"Je suis née dans un autre ventre": des enfants conçus par PMA et GPA prennent la parole dans un documentaire

Âgés de 8 à 20 ans, sept enfants nés par GPA et PMA racontent leur conception, leur vie de famille, le regard des autres et leur vision de l’avenir. Des témoignages aussi touchants qu’instructifs.

Lucie, Sasha, Thomas, Kolia…Ils sont âgés de 8 à 20 ans et sont nés de la gestation pour autrui (GPA) ou par procréation médicalement assistée (PMA). Alors que la PMA pour toutes les femmes continue de faire débat, sept enfants ont accepté de raconter leur vécu dans un film touchant et instructif. Produit par Mélissa Theuriau et réalisé par Laure Granjon, le documentaire GPA-PMA, la parole est aux enfants (1) pose des mots simples sur un sujet qui ne l’est pas. Leur conception, leurs parents, le regard des autres et leur vision de l’avenir : au fil des discussions les enfants évoquent leurs certitudes, leurs souffrances et les questions qui les taraudent.

« Quelqu’un a aidé mes parents »

En couple ou en solo, hétérosexuel ou gay, infertiles ou pas, les récits présentés dans le film révèlent la diversité des situations familiales. Née par PMA, Lucie, 9 ans, vit seule avec sa mère et ne connaîtra jamais son géniteur. «Y’a un monsieur, il a donné une graine à ma mère qui m’a fabriquée», raconte-t-elle avec ses mots d’enfant. Faute d’avoir trouvé le bon compagnon, sa mère a dû se rendre en Belgique pour concevoir sa fille. C’est aussi en Belgique que Sasha a été conçu par PMA par ses deux mères, Sarah et Natacha. À 13 ans, Jade qui vit en Belgique, est «née dans un autre ventre, celui de l’amie de maman», explique timidement l’adolescente. Contrairement à Lucie et Sasha, elle connaît très bien sa mère porteuse qu’elle appelle «nounou». Sa mère stérile et son père ont essuyé plusieurs refus avant de trouver la bonne personne. Kolia, 8 ans, grandit elle avec deux pères qui se sont rendus en Russie pour faire appel à une mère porteuse. «Pour moi, c’est juste quelqu’un qui a aidé mes parents à me faire naître», confie l’enfant.

« Y a rien de normal dans la vie »

Née par PMA et élevée par deux mamans qui se sont ensuite séparées, Lou-Ann partage sa vie entre deux foyers. À 11 ans, la collégienne pose un regard déjà très mature sur son histoire et sur le jugement des autres. «Comme dans toutes les familles, il y a des inconvénients», constate-t-elle, «je ne suis pas normale comme 100% des humains».

À 20 ans, Tom, élevé au sein d’un couple lesbien, partage son avis malgré l’intolérance dont il a été victime. Pour Jade, sa conception est «comme un secret» dont elle évite de parler, pour ne pas être repoussée par les autres. Quant à Lucie, elle préfère raconter que son père «est mort à la guerre».

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Nés de l’amour et du désir de leurs parents, conçus par GPA ou PMA, chacun raconte en filigrane l’évolution de la société et la diversification des schémas familiaux. Leurs réflexions renvoient le spectateur à des questions existentielles sur la filiation et sur la parentalité. Leur prise de parole apporte aux débats sur le projet de loi de bioéthique, une tonalité intime et subjective, pour mieux comprendre.

(1) À voir sur LCP, jeudi 28 janvier à 20h30

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