"J'ai la chance de faire un métier d'adolescent éternel" : Miossec se met à nu dans son douzième album, "Simplifier"

Miossec est auteur, compositeur, interprète et parolier. Son album Boire, sorti en 1995 avec à ses côtés Guillaume Jouan et Bruno Leroux, est considéré comme l’un des albums novateurs et fondateurs de la Nouvelle Vague de la chanson française. Le public français l’a définitivement adopté avec son troisième album, Apprendre, qu’il n’aime pas et qu’il considère même comme inaudible. Le Brestois, déterminé et amoureux des mots, des rimes et de la musique, a depuis sorti les albums Brûle (2001), L’étreinte (2006), Chansons ordinaires (2011), Ici-bas, ici même (2014), Mammifères (2016) ou encore Les Rescapés (2017).

Vendredi 17 février sort le douzième album de Miossec, Simplifier. Il sera aussi en concert comme le 18 mars à Morlaix ou encore le 9 avril à Rennes.

franceinfo : Simplifier est un album que vous avez construit en tête-à-tête avec vous-même. Pourquoi ce titre ?

Miossec : Parce que c’était le verbe qui m’est tombé dessus quand je faisais ce disque. Et en fait, c’était vraiment ça, c’était simplifié. J’ai fait ce disque tout seul dans un premier temps puis après j’enregistrais mes guitares et mes basses avec Paul Le Galle et Alexis Delong, qui a mixé et également produit le disque.

C’est un album solaire, ensoleillé. Le titre qui ouvre cet album, s’intitule Tout est bleu. Vous dites que : « Tout est bleu quand le noir s’en va, même s’il en reste toujours un peu. Ça ne se voit pas« . Ça veut dire qu’il y a eu un chemin parcouru pour vous faire du bien, que l’embellie est arrivée ?

Les paroles ne sont pas toujours autobiographiques, mais là, c’est vrai qu’il y avait cette énergie qui était là, comme une énergie du territoire puisque tout le disque a été fait dans le Finistère Nord, avec des Finistériens et un Nantais. Je ne crois pas qu’on puisse se dissocier de l’endroit où on a grandi, l’endroit qui nous a fait et surtout le trait de caractère. Je suis vraiment du Finistère Nord et pas du Finistère Sud et c’est très important.

Mais le fait de vous retrouver face à vous-même, d’avoir cette « solitude », c’est important aussi ? C’est un processus de création chez vous ?

Eh bien, c’est fabuleux en fait. On va chercher son bonheur ou la béatitude. Enfin, c’est un peu délirant comme profession, de passer beaucoup de temps, beaucoup de nuits, beaucoup de journées en tête-à-tête avec soi-même, ses instruments, son papier, ce sont de supers moments qu’on peut avoir dans la vie parce que c’est un luxe.

« J’ai connu le monde du travail, donc je sais que le temps libre est un luxe absolument inouï. »

à franceinfo

Ce temps vous l’occupez justement à écrire, à raconter vos histoires. Est-ce que, par moments, vous avez sombré ?

Ah oui ! Heureusement ! Autrement, ce ne serait pas rigolo. Ce que je veux dire, c’est que c’est un métier qui est quand même sportif parce qu’il y a des hauts et des bas. Pour moi, ça a toujours été assez constant, mais jamais en haut non plus, ce qui est plus pratique dans ma position et plutôt quand même confortable dans ce métier.

Vous chantez L’adolescence avec un sourire qui est très nostalgique. Alors effectivement, tout n’est pas autobiographique, mais il y a une émotion forte qui se dégage de cette chanson : « L’adolescence ne s’envole pas, ne s’enlève pas comme une épine dans le doigt, même quand on l’a planqué au fond de soi« . C’était un souhait de planquer cette adolescence au fond de vous ?

J’ai la chance de faire un métier d’adolescent éternel. Quand je suis tout seul avec mes instruments, j’ai l’impression de retourner dans ma chambre d’adolescent. Et puis, c’est un métier qui n’est pas comme les autres dans le sens où en tournée, on ne s’occupe pas de faire les courses, de savoir où on dort. C’est quand même un métier où il y a beaucoup de régression.

Comment étiez-vous, ado ?

Plutôt responsable parce que mes parents me laissaient vraiment libre. Je suis parti à 16 ans en Turquie avec le Magic Bus, enfin c’étaient des trucs d’une autre époque. Et puis j’avais un groupe de musique, ce qui rend responsable aussi parce qu’on était malgré tout sérieux. On était passé aux TransMusicales, aux Enfants du Rock, des choses comme ça, mais j’ai tout arrêté après 19 ans.

L’adolescence vous a construit ?

Oui, puis d’avoir une liberté de dingue, à vrai dire, grâce à mes parents, j’ai pu expérimenter pas mal de choses à l’adolescence.

Est-ce que cette liberté n’est pas ce qui vous définit le plus ?

C’est une telle chance de faire de la musique. La massacrer en faisant n’importe quoi, en essayant de devenir plus gros qu’on ne l’est ou de n’être là que pour des passages radios ou des chiffres de vente, ce serait quand même un peu désolant. On a qu’une vie et elle passe très vite.

Cet album est très positif. On sent qu’il y a eu un déclic, que vous allez bien, que vous vous sentez bien. Il représente quoi cet album Simplifier ?

« Cet album était vraiment important parce que je ne pense pas qu’il me reste encore énormément de disques à faire. Donc si je ratais celui-là, ça sentait mauvais pour la suite. »

à franceinfo

Il était vraiment important pour ce qu’il me reste à faire comme travail. Puis le fait d’avoir vraiment composé, écrit tout seul, d’avoir eu cette solitude-là, ce luxe-là, du coup, si c’était pour faire quelque chose de médiocre à la sortie, ça aurait été un peu triste.

Pour terminer, quel regard portez-vous sur votre parcours ? Est-ce que vous êtes heureux de ce que vous avez réussi à accomplir ?

Oh, je ne sais pas. Je n’arrive pas à être satisfait parce qu’il y a des disques qui ont été faits, que je trouve tellement supérieurs aux miens que je suis plutôt en vénération d’autre chose.

Éternellement insatisfait de son travail !

Mais tant mieux, tant mieux.

Miossec sera en concert : le 18 mars 2023 à Morlaix, le 25 à Laval, le 9 avril à Rennes, le 21 à Cluses et le 6 août à Paimpol.

Source: Lire L’Article Complet