IVG : les Américaines encouragées à désinstaller leur application de suivi menstruel

Aux Etats-Unis, l’avortement est en passe d’être banni dans au moins 26 Etats. Un projet mis en marche par la Cour suprême, révélé dans la presse dans la nuit du 2 au 3 mai 2022, qui envisage d’annuler l’arrêt historique Roe v. Wade qui garantissait jusque-là l’accès à l’IVG jusqu’à six semaines de grossesse.

Cliniques pratiquant l’avortement, féministes et citoyennes américaines se préparent au chamboulement de leurs droits qui devrait s’opérer d’ici l’été 2022. Sur les réseaux sociaux, des internautes mettent en garde sur les applications de suivi menstruel, utilisées au quotidien, et qui pourraient servir dangereusement les autorités, si l’IVG venait à être banni sur le territoire.

Des données sensibles sur la santé des femmes

« Si vous utilisez un outil de suivi des règles en ligne ou si vous suivez vos cycles via votre téléphone, quittez-le et supprimez vos données. MAINTENANT », a tweeté l’autrice, activiste et fondatrice du Gaia Project for Women’s Leadership, Elizabeth C. McLaughlin.

Ces applications peuvent préciser quand les règles débutent et s’arrêtent, de même pour les grossesses. Des datas sensibles en cas de pénalisation de l’avortement, si elles venaient à être partagées ou vendues à un tiers.

La cession de données personnelles à des fins pécuniaires est une chose courante, notamment pour les réseaux sociaux. En 2019, une enquête du Wall Street Journal avait démontré que l’application de suivi menstruel Flo, qui rassemble plusieurs dizaines de millions de membres, avait informé Facebook lorsqu’une utilisatrice avait ses règles ou désirait concevoir un enfant, afin qu’elle soit ciblée de publicités.

« Nous sommes très préoccupés à propos de ce qu’il se passe quand des corporations privées ou le gouvernement peut accéder à des données profondément sensibles à propos de la vie des gens et de leurs activités. Surtout lorsque ces données pourraient exposer les personnes des communautés vulnérables et marginalisées à un risque réel de préjudice », dénonce Lydia X. Z. Brown, membre du Centre pour la Démocratie et la Technologie à la radio nationale américaine NPR.

Clue, une autre application de suivi menstruel, Européenne cette fois, a réagi dans un communiqué : « Toutes nos datas à propos des grossesses, des fausse-couches ou de l’avortement sont privées et sécurisées. »

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Le risque étendu aux autres datas 

Evan Greer, directeur du groupe pour les droits du digital au sein de Fight for the Future, souligne à la radio que les applications de suivi des règles ne sont pas les seules à présenter un risque pour les femmes qui veulent avorter.

Par exemple, dit-il, si une personne est dans une clinique pratiquant l’avortement, et qu’elle joue sur son téléphone dans la salle d’attente, elle peut être localisée dans l’établissement. « N’importe quelle application qui collecte des informations sensibles sur votre santé ou votre corps doivent faire l’objet d’une surveillance particulière », conseille-t-il.

Idem pour les historiques de recherche, si celles-ci sont en lien avec des informations relatives à l’avortement. Dans des Etats particulièrement restrictifs et punitifs à l’égard des avortements, comme le Texas ou l’Idaho, ces données peuvent servir à condamner des femmes.

Mercredi 11 mai 2022, lors d’un vote à la Chambre haute américaine, composée de 100 représentants des différents Etats du pays, les élus démocrates n’ont pas réussi à obtenir le nombre de voix nécessaires pour faire adopter un projet de loi visant à inscrire le droit à l’IVG dans la loi fédérale, qui prévaut.

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