- L’IVG ne rend pas stérile
- L’avortement ne provoque pas de troubles mentaux
- L’IVG ne favorise pas le cancer du sein
- L’embryon ne souffre pas
En révoquant le droit à l’avortement vendredi 24 juin 2022, la Cour Suprême des États-Unis a plongé la première puissance mondiale dans un état de sidération et de désolement.
Véritable catastrophe pour les femmes, un tel retour en arrière marque aussi la prolifération de nombreuses intox sur le sujet. Durant tout son mandat politique, l’ancien président des États-Unis Donald Trump a d’ailleurs usé des fake news pour diaboliser encore un peu plusl’interruption volontaire de grossesse (IVG) et le droit des femmes à disposer de leur corps librement.
En France, mentir au sujet de l’avortement est un délit. Selon une loi établie en 2017, « le fait d’empêcher, de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une IVG (…) est puni de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende ».
Pour autant, sur les réseaux sociaux, ces fausses informations fourmillent encore. Et des sites comme Ivg.net, sosbebe.org, ecouteivg.org jouent sur l’ambiguïté de leur « démarche » pour partager de fausses informations.
Militante et sage-femme qui a débuté sa carrière avant la promulgation de la loi Veil légalisant l’avortement dans l’Hexagone, Chantal Birman le dit haut et fort : “les lois pour l’IVG sont les meilleures lois de santé publique”.
Elle démonte pour nous quatre intox couramment utilisées par les opposants au droit à l’avortement.
L’IVG ne rend pas stérile
C’est une intox qui a la peau dure et que le mouvement “Les Survivants” qui se targue d’être « pro-vie » (sic) fait circuler. Ses membres avancent même des chiffres : selon eux il existerait une “probabilité de stérilité de 10% chez une femme” ayant avorté.
En réalité, l’avortement n’a aucun impact sur la fertilité. “L’IVG, c’est zéro stérilité”, martèle Chantal Birman d’entrée.
Elle en profite pour rappeler que c’est l’avortement septique, cette grave infection utérine provoquée par l’administration d’une sonde dans l’utérus qui peut, au contraire, favoriser l’infertilité. « C’est l’interruption clandestine de grossesse qui risque d’entraîner énormément de stérilité”, voire la mort, alerte-t-elle. Dans le monde, « six grossesses non désirées sur 10 se terminent par un avortement provoqué et environ 45 % de l’ensemble des avortements sont non sécurisés », rappelle l’OMS. « L’avortement non sécurisé constitue l’une des principales causes – mais évitables – de décès maternels et de morbidité », ajoute le site de l’organisation.
L’avortement ne provoque pas de troubles mentaux
Toujours selon les fake news des Survivants, cités par Buzzfeed, un prétendu “syndrome post-abortif » causerait chez les femmes concernées “des états dépressifs et des troubles psychologiques qui, s’ils ne sont pas soignés, peuvent durer toute une vie.” Le site de propagande anti-IVG, Ivg.net affirme de son côté que “65 % des femmes ont des symptômes de stress post-traumatique”.
“Il peut y avoir des femmes qui décompensent après un avortement, on le sait, admet Chantal Birman, mais moins qu’après un accouchement”. En 2021, un sondage OpinionWay, relayé par plusieurs médias, dont Le Progrès, annonçait que “30% des mères” interrogées déclaraient avoir subi un épisode de dépression post-partum.
“À l’heure actuelle, il est beaucoup plus dangereux d’accoucher que d’avorter”, avance Chantal Birman.
Une étude de 1975 détaillée dans la Revue Médicale Suisse affirme même que, trois mois après un avortement, près de 80 % des femmes se sentent soulagées, et “seulement une minorité développe des problèmes psychiques.” L’ancienne sage-femme souligne que les femmes ayant le plus de mal à se remettre d’une IVG sont le plus souvent terrassées par leurs croyances et leur construction sociale.
L’IVG ne favorise pas le cancer du sein
“L’IVG serait le principal facteur de risque du cancer du sein”, peut-on lire sur Ivg.net, qui cite une étude de 2007. “C’est n’importe quoi’, tranche Chantal Birman.
D’autres recherches publiées en 2009, et réaffirmées en 2018 – souligne le Monde – attestent que “les études antérieures démontrant un lien entre avortement et cancer du sein étaient méthodologiquement biaisées”.
“Par ailleurs, dans la plupart des autres études publiées, il n’y a aucune preuve de relation directe entre l’avortement spontané (appelé communément fausse couche) et le risque de cancer du sein”, avance de son côté Info Cancer.
L’embryon ne souffre pas
Contrairement à ce que les anti-IVG scandent lors de toutes leurs réunions, l’embryon ne souffre pas lors d’une IVG En juin 2019, une page Facebook avait même tiré un extrait de la fiction “Unplanned”, pour faire croire à une vidéo documentaire attestant de la véracité de ces propos. Ces images montrent un fœtus en souffrance, lors de l’avortement d’une femme.
Impossible, répondent les gynécologues. “Pendant une IVG, le fœtus peut effectivement avoir des mouvements brusques, comme pendant le reste de la grossesse d’ailleurs, mais ça n’a aucunement une signification de douleur« , répondait Bernard Hédon, chef de service au CHU de Montpellier à l’AFP.
“Il (l’embryon) ne ressent rien à condition que l’IVG soit pratiquée avant trois semaines”, prétendent de leur côté les Survivants. Et Chantal Birman de contrecarrer. “À trois semaines de grossesse, il n’y a pas de constitution d’un appareil nerveux”.
D’après Israël Nisand, gynécologue obstétricien et président du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF), l’embryon développe ses centres de douleur “vers 22 semaines d’aménorrhée”.
Pour toute information ou demande d’accompagnement, le Planning familial propose aux personnes concernées de téléphoner au 0 800 08 11 11 (appel gratuit) afin obtenir des conseils, ou d’organiser une venue dans centre le plus proche.
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