L’humoriste d’Action discrète revient sur son licenciement et nous dit tout de sa nouvelle vie aux Grosses Têtes.
Ici Paris : Pensionnaire des Grosses Têtes sur RTL depuis un an et demi, vous dites que l’émission est le dernier îlot de liberté d’expression.
Sébastien Thoen : Je m’y éclate car on est autour d’une table, on dit des bêtises, un peu comme si on était en famille devant un Trivial Pursuit. Les gens nous écoutent pour se marrer et ils savent que ce qu’on raconte ce sont juste des blagues, rien d’important. Il n’y a pas le côté « bad buzz ». Je redécouvre cette émission et elle me fait un bien fou. Je me dis que j’ai trop de chance d’en faire partie.
IP : Vous aviez contacté Laurent Ruquier pour intégrer la bande.
ST : Oui, après avoir été « écarté » de Canal+, il parlait souvent de ma mise à l’écart. Grâce à Baptiste Lecaplain qui le connaît bien, j’ai pu lui passer un coup de fil pour le remercier de m’avoir soutenu. Et puis, on s’est mis d’accord pour que je fasse un essai dans l’émission et ça a bien fonctionné. C’est une belle rencontre professionnelle, Laurent est un mec motivant, généreux, sympa, tout simplement.
IP : En novembre 2020, vous avez été viré de Canal+ après quinze ans d’antenne pour avoir parodié L’Heure des pros sur CNews. La pilule est encore dure à avaler ?
ST : Oui, car je considérais Canal+ comme ma maison. J’y livre ma vérité dans Chagrin d’humour (HarperCollins) ou plutôt mon rêve… Mon éviction signe surtout la fin de l’« esprit Canal ». Ça m’a un peu gêné que les anciens de la chaîne les Grolandais, Éric et Ramzy, ou encore Jamel, des gens qui doivent beaucoup à Canal, n’aient pas bougé par rapport à ce que mon histoire dit sur l’époque… J’aurais aimé les entendre un peu plus à cette période-là, voilà…
IP : Certains vous ont apporté leur soutien et l’ont payé cher…
ST : Oui, je pense à l’animateur Stéphane Guy avec qui je vais commenter des matchs pour Winamax pendant la Coupe du monde, viré deux jours avant Noël, car il a cité mon nom dans un commentaire. Il y a même eu un plan social parce que des salariés de Canal+ ont signé une pétition pour me soutenir. J’ai consulté un psy parce que je me sentais responsable de l’éviction de 30 salariés. Psychologiquement, c’est dur… Quand je pense que j’ai fait de la prison pour cette chaîne !
IP : Dans le cadre de vos caméras cachées avec vos copains d’Action discrète, vous avez aussi été convoqué dans les bureaux de la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur)…
ST : Normalement, ce sont des gens qui bossent sur le terrorisme et le grand banditisme. Et nous, on s’est retrouvé là parce qu’à Montpellier, on a fait des blagues à la façon de Georges Frêche (l’ex-maire de la ville). On avait simplement embêté des gens qui avaient le bras long, c’est aussi simple que ça.
IP : Vous travaillez toujours sur le scénario d’une suite de la série Maguy des années 1980 ?
ST : (Rires.) C’est ce que j’ai fait croire à vos confrères ! Avec du recul, je trouve que ça aurait de la gueule. Jonathan Cohen et Marina Foïs que j’avais cités pour jouer les rôles phares ont bien rigolé, je suis sûr qu’ils diraient oui !
IP : Vous dédicacez votre livre à votre femme Laury et votre fils Lucien. Qu’en ont-ils pensé ?
ST : Mon fils a 2 ans et demi et n’a pas l’âge de le lire, tant mieux. Ma femme a bien aimé le bouquin, même si elle trouve que je dis trop de gros mots et que je parle trop d’argent. Elle n’a rien à voir avec le monde des médias. Elle est créatrice de mode, à l’origine de la marque Suzie Winkle. On n’a aucun secret l’un pour l’autre, on se connaît depuis près de trente ans…
IP : Pourtant vous n’êtes devenus parents que récemment…
ST : J’ai mis du temps à accepter de devenir papa car ça me paraissait fou de donner la vie. Avoir mon groupe d’Action discrète fiché S, faire l’humoriste sans beaucoup de talent ne me faisait pas peur, en revanche donner la vie m’a longtemps angoissé… Quand je vois mon fils aujourd’hui, je me dis que c’est le plus beau et le plus sympa de la garderie…
Propos recueillis par Thomas Promé
A lire…
Chagrin d’humour, Sébastien Thoen, Harper Collins, 18,90 €
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