Interview de Herbert Léonard : “Si je n'avais pas été vacciné, je ne serais plus là !”

Après avoir côtoyé la mort de très près et cumulé les ennuis de santé, le chanteur de 78 ans savoure son retour à la vie… et à la scène !

Ses nombreux soucis de santé nous ont fait craindre le pire. Pourtant, aujourd’hui, l’interprète de Pour le plaisir s’apprête à faire enfin son retour tant espéré sur scène, tel un phénix, pour le plus grand bonheur de ses fans, mais aussi le sien. Nous l’avons rencontré chez lui, auprès de sa femme Cléo, son principal soutien, et en exclusivité, il nous raconte ses dernières péripéties et son retour à sa vie d’artiste.

©PIERRE AMBATO

“J’ai fait quatre ans d’études pour être dessinateur industriel.”

France Dimanche : Comment allez-vous ?

Herbert Léonard : Plutôt bien, surtout quand on sait tous les pépins de santé que j’ai cumulés ces dernières années. Une série noire commencée il y a cinq ans avec cette infection au niveau des poumons qui m’a infligé trente-deux jours de coma, jusqu’à l’an dernier où j’ai à nouveau passé plus d’un mois hospitalisé sous oxygène à cause d’un Covid carabiné. Et encore, heureusement que j’étais vacciné, car sinon je ne serais certainement plus là pour vous parler. Mais aujourd’hui, tout va bien.

FD : Vous êtes une vraie force de la nature ?

HL : Peut-être bien. Tout ce que je sais, c’est que si je pouvais revenir cinquante ou soixante ans en arrière, je conseillerais à tout le monde, et en premier lieu à moi-même, de ne surtout pas fumer. Car tout ça est le résultat de cinquante-cinq ans de « fumette ». Après, je ne peux pas dire qu’il a été difficile de m’en priver, car en sortant de mon coma, je ne sais par quel miracle, j’étais sevré. Je n’ai plus jamais eu envie de la moindre cigarette. Et aussi fou que cela puisse paraître, ça ne me manque pas du tout.

FD : Êtes-vous nostalgique ?

HL : Disons que plus l’on vieillit, plus on a envie de rajeunir. Comme le dit si justement mon ami Julien Lepers : « On est plus proche du caveau que du berceau ! » Mais il est vrai que je me remémore toute cette période un peu folle de mes débuts avec beaucoup de plaisir. Avec ma femme, on se dit souvent qu’on a traversé une époque géniale, ces années 60, 70 et 80 où tout se libérait, le sexe, la mode, les ondes… Et le puritanisme qui s’éloignait. Alors qu’aujourd’hui, on ne peut même plus monter dans un ascenseur avec une femme seule sans avoir des craintes.

FD : Vous n’aimez pas l’époque actuelle ?

HL : Je la trouve très malaisée. Moi qui pensais qu’il n’y aurait plus jamais de guerre, eh bien ! je me suis trompé. Et tout ça risque de bien mal tourner.

FD : Si c’était à refaire, referiez-vous ce métier ?

HL : Sans hésitation, oui. Même si j’ai été parfois déçu, ce n’est rien par rapport au bonheur vécu. Peut-être changerais-je quelques petites choses, mais dans l’ensemble ce métier m’a rendu très heureux. Et continue d’ailleurs ! Je n’ai pas de regrets et trouve que j’ai eu, ou plutôt que j’ai une très belle vie ! Franchement, je n’ai pas à me plaindre.

“La présence et le soutien de Cléo me sont des plus précieux.”

FD : Vous aviez toujours voulu être chanteur ?

HL : Oh non ! pas du tout, c’est même plutôt un hasard. Je venais de terminer quatre ans d’études pour être dessinateur industriel, et j’étais aussi guitariste dans un groupe amateur de Strasbourg, les Jets. Puis, après dix-huit mois d’armée, j’ai rejoint les Lionceaux, un groupe un peu plus professionnel, avec qui je reprenais en français les chansons des Beatles. Mais là, il y avait besoin d’un chanteur, eh bien c’est moi qui m’y suis collé. Et ensuite, comme j’avais envie de chanter autre chose que les chansons des Beatles, je me suis essayé au rhythm and blues, style Otis Redding, Marvin Gaye… Là, j’ai été remarqué par un producteur qui m’a lancé. Mais je n’étais pas prédisposé à faire ça, disons que j’ai pris le train en marche…

FD : Avec tous ces pépins de santé, ce ne doit pas être de tout repos de vivre à vos côtés ?

HL : Non, c’est vrai. Mon épouse a beaucoup de courage. Sa présence et son soutien me sont très précieux. Nous sommes particulièrement proches depuis de très nombreuses années, mais il est vrai que lorsque vous frôlez le pire, cela vous rapproche encore plus. Et puis, il y a aussi notre fille et nos petits-enfants. Mais bon, si ça a été un peu chaotique de 2017 à l’année dernière… Aujourd’hui tout va bien, je vais bien !

“Après deux opérations et un an de rééducation, j’ai retrouvé ma voix.”

FD : Alors, quels sont vos projets ?

HL : Parvenir enfin à enregistrer les quelques nouvelles chansons que je m’apprêtais à mettre en boîte avant que ce satané Covid ne me frappe. Ce dernier m’ayant bien abîmé la voix, j’ai dû subir deux opérations sur une de mes cordes vocales et faire de la rééducation avec une orthophoniste pendant plus d’un an. Mais ça y est, j’ai bien récupéré. J’ai aussi plusieurs galas prévus au printemps et cet été. Et après, on verra, j’ai quand même 78 ans !

FD : Vous qui avez frôlé la mort à de multiples reprises, celle-ci vous fait-elle peur ?

HL : Tout ça m’a surtout fait beaucoup réfléchir. Avant d’avoir ce problème au poumon, je n’y pensais jamais ; maintenant, oui. Mais me fait-elle peur ? Je ne crois pas. Lorsque vous êtes plongé dans le coma, vous avez la sensation de vous endormir et de vous réveiller dans la même seconde, même si un mois s’est écoulé. Alors, si c’est ça, ça va. Mais bon, je ne suis pas pressé !

Propos recueillis par Caroline BERGER

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