INTERVIEW. Caroline Anglade (Sauver Lisa) : "La première fois que j’ai vu Capucine, je me suis effondrée"

Dans Sauver Lisa, ce mardi 16 novembre sur M6, Caroline Anglade incarne Rose Keller, une institutrice en fuite avec une enfant victime de maltraitance. Pour Télé Star, elle évoque ce rôle bouleversant et sa collaboration avec Cristiana Reali, Victoria Abril et la petite Capucine Sainson-Fabresse.

Télé Star : À la découverte du script, par quoi avez-vous été séduite ?

Caroline Anglade : On m’avait parlé du sujet, mais quand j’ai découvert le scénario, j’ai compris que c’était bien plus dense qu’il n’y paraît. J’ai été séduite par les rôles de femmes, de mères, et le rôle Rose, surtout. Il est très complexe, c’est une partition d’équilibriste. Évidemment, j’ai aussi été happée par l’histoire, le sujet. D’un épisode à l’autre, j’avais envie de savoir ce qui allait arriver, comment elle allait s’en sortir… Je n’ai pas hésité une seconde à dire oui.

Pouvez-nous nous en dire un peu plus sur le personnage de Rose ?

Rose est une institutrice bien sous tous rapports, mais un peu mystérieuse. On ne sait pas d’où elle vient, on sait simplement qu’elle est remplaçante et que ça lui va très bien comme ça. Elle n’a pas envie de s’installer dans une école, elle préfère passer d’une école à l’autre. Donc ça, déjà, ça raconte peut-être quelque chose d’elle. Elle va découvrir qu’une élève de sa classe se fait maltraiter. Et suite à cela, elle va commettre un geste un peu fou et l’enlever pour la protéger. Ensuite, c’est une cavale qui commence.

Pourquoi le personnage de Rose vous a-t-il touché ?

Sa fragilité me touche. Au départ, on pense avoir affaire à une femme forte mais au fil des épisodes, elle se craquèle dans tous les sens. On comprend d’où elle vient, ce qu’elle a subi, ce qu’elle a vécu. L’abandon lui a fait perdre pied dans sa vie. J’aime aussi sa tenacité. Quand elle veut sauver cette enfant, c’est elle qu’elle veut sauver mais elle fait une projection sur Lisa. À travers cet enlèvement, c’est elle qu’elle va essayer de guérir. Et enfin, il y a l’amour autour d’elle. Elle n’était pas du tout destinée à être maman et finalement, elle va le devenir.

À l’écran, vous et la petite Capucine Sainson-Fabresse (Lisa) apparaissez très complices. Comment la dynamique entre vous s’est-elle construite ?

Ce qui est incroyable, c’est que l’on n’a pas pu répéter en amont. La première fois que je l’ai vue, c’était en lecture. Elle est arrivée avec ses parents et quand je l’ai vue, j’ai immédiatement été prise d’une montée de larmes. Elle m’a touchée instantanément. C’était une bonne chose (rire), mais je venais de quitter mes enfants et je savais qu’elle allait quitter ses parents, même s’ils se sont vus régulièrement sur le tournage. On allait commencer une aventure et quitter notre foyer, donc il y a eu un lien tout de suite. Je me suis effondrée devant ses parents. Ça a tout de suite créé un lien entre elle et moi. Je l’ai prise dans mes bras et je lui ai dit "Écoute, je pense qu’on va vivre une aventure assez folle." À partir de ce moment-là, tout a été fluide. Dès nos premières scènes, on était en larmes, on pleurait, on rigolait, on s’aimait.

C’est son premier rôle sur petit écran…

Oui, et quel rôle ! Elle était incroyable, et elle restait toujours dans le jeu. Quand j’avais du mal à faire la scène de la poubelle, elle elle voulait absolument la refaire. Elle était hyper excitée. Plus elle jouait quelque chose de dur, plus elle était contente parce qu’elle n’était que dans du jeu. Parfois, ça nous permettait aussi de nous détendre, de rire et de vivre ça comme un enfant.

Cristiana Reali incarne la mère de Rose, Diane, avec qui votre personnage entretient une relation très conflictuelle. Comment avez-vous travaillé avec Cristiana pour que la dynamique complexe de ces deux personnages sonne juste ?

On n’a pas eu beaucoup de temps pour travailler ensemble mais à la lecture, il y a eu une symbiose entre nous toutes. Cette histoire a beaucoup raisonné chez chacune de nous. Cristiana est maman de filles, moi je suis très fusionnelle avec ma mère, donc on avait déjà des choses à dire. On a apporté beaucoup de ce qu’on est nous, en tant que femmes. Avec Cristiana, ça s’est fait de façon très naturelle. Il y avait beaucoup d’écoute entre nous, beaucoup de sororité. Et c’était également le cas avec Déborah François, il y a eu une fluidité, une attirance, une envie. On a créé une vraie relation qui nous a permis d’aller encore plus loin dans les scènes, après.

Qu’en est-il de votre collaboration avec Victoria Abril, qui joue la mère biologique de Rose ?

Victoria donne tout ce qu’elle a, même en répétition. Quand on répétait, elle était déjà au max et elle me faisait pleurer. Je me disais "Si on fait ça maintenant, qu’est-ce que ça va être après ?" Elle était tellement investie dans ce rôle, tellement émue… Ce qui est génial, c’est de voir une femme avec autant d’expérience dans la comédie s’investir autant dans ses rôles. Elle fait encore le métier pour les bonnes raisons et c’est un très bel exemple. C’était très fluide, parce qu’elle faisait toujours tout à 100% et je n’avais qu’à la regarder pour me mettre dans mon rôle.

Avez-vous le sentiment d’avoir grandi grâce à ce rôle ?

Clairement. J’étais très enthousiaste à l’idée de me lancer dans ce projet car en tant que comédienne, j’étais heureuse qu’on ose me proposer un rôle aussi fort, aussi lourd, aussi sombre. J’ai été flattée, rassurée. Et puis, à l’issue de ce tournage, j’ai réalisé à quel point j’avais été chamboulée. J’ai remué des choses personnelles pour interpréter ce rôle-là, et en tant que femme fraîchement maman, ça m’a fait réfléchir sur le rapport à la mère, à la femme. Ça a laissé quelques petites traces, mais c’est très positif parce que ça m’a questionnée. Ça m’a fait grandir, en tant que comédienne et en tant que femme. Parfois, on finit un tournage et on aimerait le recommencer parce qu’on a grandi entre temps. Là, c’était le cas.

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