Infertilité : la concentration de spermatozoïdes décline partout dans le monde

En France, près de 3,3 millions de personnes sont directement touchées par un problème d’infertilité. Pour le gouvernement, il s’agit d’un « enjeu de santé publique majeur » qui n’a « jamais été traité comme tel par les pouvoirs publics », pouvait-on lire dans un rapport sur les causes de l’infertilité, publié en février 2022.

Ce n’est pas un constat nouveau : l’infertilité masculine est en accélération, et les chercheur.euse.s tentent toujours de l’expliquer. Alors que l’on annonçait, le 15 novembre 2022, que la barre des 8 milliards d’habitants sur Terre avait été franchie, une étude préoccupante sortait le même jour. Dans ce texte, publié dans la revue Human reproduction update, les scientifiques sont formel.le.s : entre 1973 et 2018, la concentration de spermatozoïdes a diminué de manière importante, et ce à un niveau mondial. 

« La race humaine n’est pas menacée d’extinction immédiate, mais nous avons vraiment besoin de recherches pour comprendre pourquoi le nombre de spermatozoïdes diminue et pour prévenir d’autres implications involontaires pour la santé masculine », a commenté le Dr Sarah Martins da Silva, chargée de cours en médecine de la reproduction à l’Université de Dundee, auprès du Science Media Centre.

Une baisse du nombre de spermatozoïdes partout dans le monde

Parce que le sujet n’est pas nouveau, les épidémiologistes Hagai Levine, de l’Université hébraïque (Jérusalem) et Shanna Swan, de la faculté de médecine Mount-Sinai (New York), et leurs collègues n’ont eu qu’à réunir les résultats de l’ensemble des études publiées sur le sujet. Ce qui représente pas moins de 860 articles rédigés par des scientifiques du monde entier.

L’objectif de cette méta-analyse ? Comprendre les causes de la chute du spermogramme mondial. Et ce, en élargissant, notamment, l’enquête aux hommes des pays du Sud, exclus de leur précédente recherche publiée en 2017. « Il y avait trop peu d’études avec des données d’Amérique du Sud/centrale-Asie-Afrique (ASA) pour estimer de manière fiable les tendances chez les hommes de ces continents », précisent-ils.

Et les résultats furent sans appel : entre 1973 et 2018, la concentration en spermatozoïdes a bel et bien chuté sur l’ensemble des continents. Elle est passée de 101 millions par millilitre (M/ml) à 49 M/m. Pour être considérée « normale », cette concentration doit être supérieure à 20 millions/ml de spermatozoïdes. 

Un mal multifactoriel

Quant aux causes de cette accélération, les chercheur.euse.s de la méta-analyse n’en disent pas plus qu’ils l’avaient fait en 2017, lorsqu’ils avaient pointé du doigt l’influence des perturbateurs endocriniens, du tabagisme, de l’alimentation et du manque de pratique sportive dans l’infertilité masculine. 

« Chez l’homme, la première cause d’infertilité est l’exposition à la pollution, en particulier aux perturbateurs endocriniens. Ces derniers miment les hormones œstrogéniques ou ont un effet antagoniste des hormones andro-géniques, entraînant une féminisation de certaines composantes de leur système reproducteur, avec pour conséquence une infertilité », explique Daniel Vaiman, directeur de recherche de l’Inserm et responsable de l’équipe Des gamètes à la naissance à l’institut Cochin (Paris), à Science et Vie.

D’après Channa Jayasena, un endocrinologue de l’Imperial College (Londres) qui n’a pas participé à l’étude et qui a commenté la méta-analyse auprès du Science Media Centre, l’obésité, le manque d’activité physique, la pollution et l’exposition à des produits chimiques dans l’environnement pourraient en effet être de bonnes pistes de compréhension.

  • L’infertilité dans le couple, une charge mentale de plus pour les femmes
  • Infertilité : ces facteurs qui peuvent nuire à nos chances de grossesse

Source: Lire L’Article Complet