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Un ictus amnésique, c’est une amnésie temporaire et brutale. Qui est concerné ? Comment ça fonctionne ? Quelle prise en charge ? Zoom.
Ictus amnésique : de quoi parle-t-on exactement ?
L’ictus amnésique, c’est une curiosité médicale : peu fréquent, cet » accident de mémoire » concernerait plutôt les adultes après l’âge de 50 ans, et toucherait chaque année entre 5 et 11 personnes pour 100 000.
C’est quoi ? En langage médical, on parle d’ictus amnésique idiopathique (IA) : les psychiatres définissent ce trouble neuropsychologique comme une » une abolition soudaine, et réversible en moins de 24 heures, de la mémoire épisodique, totale pour la mémoire antérograde et partielle pour la mémoire rétrograde « .
En clair : « c’est un épisode amnésique qui survient de façon brutale et isolée, explique le Dr. Lundy, psychiatre. La personne ne parvient plus à » fixer » des informations dans sa mémoire à partir d’un moment donné – c’est pour ça qu’on parle d’amnésie de fixation. Assez spectaculaire (et souvent inquiétant), l’ictus amnésique est sans gravité lorsqu’il ne s’accompagne d’aucun autre symptôme : les choses reviennent d’ailleurs à la normale en l’espace de 24 heures maximum. «
Quelles sont les causes de l’ictus amnésique ?
» Rien n’est sûr » affirme d’emblée le Dr. Lundy. En effet : si l’ictus amnésique a été décrit pour la première fois en 1990 par Hogdes et Warlow (deux spécialistes de l’Université d’Oxford, en Grande-Bretagne), ce trouble neuropsychologique reste mal connu.
D’après les chercheurs, l’ictus amnésique serait » fréquemment déclenché par une situation de stress physique ou psychologique « . À l’examen IRM, on pourrait en particulier observer un « dysfonctionnement aigu de l’hippocampe dû à une vulnérabilité particulière de ses neurones au stress « .
» L’hypothèse la plus probable aujourd’hui est en effet celle qui lie l’ictus amnésique à une anxiété ou à un traumatisme « , reconnaît le Dr. Lundy qui rappelle toutefois qu’il » n’y a, à ce jour, pas d’explication absolue « .
Qui sont les personnes à risque ? « Nous savons que cette amnésie de fixation temporaire concerne plutôt les adultes autour de 50 – 60 ans » affirme le psychiatre. Les personnes touchées sont généralement en bonne santé, sans antécédents psychiatriques ni traitements médicamenteux spécifiques.
Plusieurs auteurs scientifiques notent également que les personnes ayant « tendance à l’hyperactivité, avec des traits anxieux, obsessionnels, dépressifs ou même phobiques » seraient peut-être plus à risque de subir un ictus amnésique dans leur vie.
Ictus amnésique : quels sont les symptômes ?
Attention ! Un ictus amnésique se caractérise uniquement par une amnésie à partir d’un moment donné.
Concrètement, cela signifie qu’une personne subissant un ictus amnésique ne parviendra pas à retenir la moindre information à partir d’un instant T : « le patient oubliera le prénom d’une personne qui vient de lui être présentée, il sera incapable de retenir un horaire de bus ou de fixer dans sa mémoire la date et l’heure d’un rendez-vous, il n’arrivera pas à se souvenir de ce qu’il a mangé à midi… » précise le Dr. Lundy qui ajoute que cette amnésie ne concerne pas les souvenirs passés : « le patient n’oubliera pas le nom de ses enfants, et il se souviendra d’informations (numéros de téléphone, dates de naissance, itinéraires…) apprises avant le déclenchement de l’épisode amnésique « .
En effet : l’ictus amnésique peut facilement être confondu avec d’autres pathologies – plus graves. Par exemple :
- Un accident vasculaire cérébral (AVC) qui s’accompagne généralement de troubles de l’élocution et/ou d’une paralysie faciale,
- Une commotion cérébrale ou une fracture de la base du crâne, qui résultent souvent d’une chute ou d’un choc à la tête,
- Une maladie d’Alzheimer où l’amnésie est plus large et durable,
- Une intoxication à l’alcool, aux stupéfiants ou aux médicaments,
- Une crise d’épilepsie qui s’accompagne généralement d’absences, de convulsions, de troubles du comportement et/ou de la motricité…,
- Un syndrome métabolique,
- Une dépression…
Traitement : quelle prise en charge pour l’ictus amnésique ?
Réflexe numéro 1 : si vous constatez une perte de mémoire chez un proche, n’attendez pas et appelez les secours (112 ou 15 sur le téléphone).
« À l’hôpital, le patient aura droit à une série de tests : un scanner cérébral pour écarter l’hypothèse du traumatisme crânien, une ponction lombaire pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’une hémorragie méningée, un bilan médical complet pour savoir s’il peut être question d’une épilepsie ou d’une intoxication… » explique le Dr. Lundy.
Si les analyses se révèlent négatives, il n’est question » que » d’un ictus amnésique : » ce n’est pas grave : l’épisode amnésique se termine généralement au bout de quelques heures (24 heures maximum) et le patient reste en observation aux Urgences le temps que les choses reviennent à la normale. «
Y a-t-il des complications ? » Pour l’ictus amnésique pur, c’est-à-dire sans symptômes associés, aucune complication n’est connue à ce jour et les récidives sont rarissimes » précise le psychiatre. Bref, une » curiosité médicale » plus impressionnante que réellement menaçante…
Merci au Dr. Jean-Éric Lundy, psychiatre et psychothérapeute à la clinique Bellevue de Meudon (92).
Sources :
Revue de neuropsychologie 2019/1 (Volume 11)
Revue de neuropsychologie 2009/2 (Volume 1)
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